MARTY Raymonde [née LEFEBVRE Raymonde, épouse LEDUC, puis MARTY, puis RIDEL]

Par Claude Pennetier

Née le 30 avril 1912 à Paris (XIVe arr.), morte le 24 juin 2009 à Chilly-Mazarin (Essonne) ; sténo-dactylo ; militante communiste parisienne ; collaboratrice puis femme d’André Marty.

André et Raymonde Marty en Tchécoslovaquie en août 1948
André et Raymonde Marty en Tchécoslovaquie en août 1948

Sa mère Ernestine Burnier, couturière, accoucha dans un hôpital boulevard du Port-Royal. L’enfant fut reconnu quinze jours plus tard par Maurice Lefèvre, monteur en bronze. Après avoir fréquenté pendant trois ans l’école primaire publique, puis pendant quatre une école privée, elle commença à travailler à treize ans comme apprentie-couturière, puis chez un imprimeur comme employée aux écritures et à la comptabilité. À partir de 1928, sa mère l’entraîna dans la vie syndicale. Celle-ci, militante du syndicat unitaire de l’Habillement, la fit entrer comme dactylo à la Fédération du Textile, mais un conflit entre sa mère et un dirigeant de la fédération l’obligea à quitter ce poste. Elle travailla au magasin du Louvre comme dactylo-mécanographe de 1929 à 1933. Alexandre Richetta*, secrétaire de la Fédération unitaire du Textile la sollicita pour revenir travailler dans les locaux syndicaux. Membre des Jeunesses communistes depuis 1933, elle adhéra au Parti communiste en janvier 1933. Elle fut trésorière de sa cellule.

Elle déclarait avoir lu Le Manifeste communiste et deux livres de Lénine, ainsi que des "écrivains modernes" : Céline, Malraux, Moussinac. Dans son autobiographie de 1935 elle précisait : « Je suis membre de la Fédération du Théâtre ouvrier de France, Phalange du 18e et ensuite "Groupe octobre" depuis 1931. J’ai fait partie également de la chorale de l’AEAR. » Elle se souvenait avoir fait l’accueil chanté, en salopette bleue, devant la tribune, lors d’un meeting de Ernest Thaelmann en 1932.

Raymonde Leduc (du nom de son mari Henri Leduc, métallurgiste, épousé à Paris IIIe arr. le 10 décembre 1932, qui s’éloigna du Parti communiste) partit comme dactylo au service du Komintern, à Moscou, en 1935. En rupture avec son mari qui n’avait pas accepté son départ, elle eut une liaison avec un Français délégué au Komintern (Victor Joannès), rencontre qui prit fin lorsqu’il revint en France. Elle fut volontaire en Espagne républicaine le 1er février 1938, à la disposition du comité central du PCE, comme sténo-dactylo de la section des cadres, en fait elle était secrétaire d’André Marty. Elle devint sa compagne, la femme de Marty, Pauline Taurinya* l’ayant quitté. Elle le suivit à Paris puis en URSS en août 1939, puis à Alger (octobre 1943-septembre 1944).

Ils se marièrent le 17 juin 1947 à Bezons (Seine-et-Oise, Val d’Oise). Elle était permanente du PCF chargée du secrétariat personnel de Marty. Lorsqu’éclata en 1952 l’affaire Marty-Tillon, Raymonde Marty fut affectée au secrétariat de Louis Saillant. Elle se montra dans un premier temps compréhensive vis-à-vis de son mari, acceptant même qu’il lui trouve un travail dans le privé.

Convoquée le samedi 8 novembre 1952 par la direction du Parti communiste, en la personne de Raymond Dallidet, homme de confiance de Jacques Duclos, confrontée à des "révélations" réelles ou construites, elle accepta de donner des renseignements sur les activités de Marty (informations qui alimentèrent le dossier d’accusation) et d’écrire une lettre de rupture aussitôt postée et qu’il reçut le lundi 11. Dès le samedi, une camionnette du parti profita de l’absence de Marty, séjournant dans les Pyrénées-Orientales, pour déménager ses affaires. Elle ne répondit pas aux tentatives de Marty pour avoir une explication avec elle. Le divorce fut prononcé le 3 juin 1953.

Elle se remaria en février 1961, à La Garenne-Colombes, avec Eugène, Jean Ridel puis passa la fin de sa retraite sur la Côte d’Azur. Elle accepta, non sans hésitations, de rencontrer Claude Pennetier et Rémi Skoutelsky, témoigna des qualités humaines de Marty (elle affirmait l’avoir estimé comme mari et ne supportait pas les accusations sur son rôle de "boucher d’Albacete") mais l’accusait d’avoir été durablement un "franc-maçon" et critiquait les tentatives de réhabilitation faites par le Parti communiste : « Le parti a tranché, il ne faut pas revenir là-dessus ».

Elle mourut à quatre-vingt-dix-sept ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50736, notice MARTY Raymonde [née LEFEBVRE Raymonde, épouse LEDUC, puis MARTY, puis RIDEL] par Claude Pennetier , version mise en ligne le 19 juin 2009, dernière modification le 30 avril 2014.

Par Claude Pennetier

André et Raymonde Marty en Tchécoslovaquie en août 1948
André et Raymonde Marty en Tchécoslovaquie en août 1948
Carte du Komintern en 1943
Carte du Komintern en 1943
Raymonde Marty retirée sur la Côte-D'Azur
Raymonde Marty retirée sur la Côte-D’Azur
Cliché Claude Pennetier
Raymonde Marty à son domicile
Raymonde Marty à son domicile
Cliché Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 1948 : autobiographie sous le nom de Raymonde Leduc en date du 15 décembre 1935 ; questionnaire du 14 décembre 1935 ; note d’André Marty sur la situation syndicale de la camarade Raymonde Leduc, 2 juin1940 ; carte du Komintern avec photo ; laissez-passer n°235 avec leur dates de validité et leur prolongation ; . — Biographie d’André Marty. — Arch. Préfecture de police, dossier Marty, M 19 Ga. — Rencontre avec Raymonde Marty-Ridel. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable