LAMY-LE MAUT Marguerite [née COËNT Marguerite, épouse LAMY Marguerite puis LE MAUT Marguerite, écrit parfois LE MAUT]

Par Paul Boulland

Née le 13 février 1913 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), morte le 21 octobre 1979 à Écouen (Val-d’Oise) ; secrétaire ; militante communiste d’Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis) ; résistante, agent de liaison d’Arthur Dallidet et Jean Jérôme ; maire adjointe d’Aubervilliers ; veuve de fusillé.

Marguerite Lamy
Marguerite Lamy
Arch. Com. Aubervilliers

Titulaire du certificat d’études primaires, Marguerite Lamy, née Coënt, suivit deux années de cours complémentaire. Elle adhéra au Parti communiste et à la CGT en 1935. Secrétaire à l’usine cosmétique Thibaud-Gibbs de la Plaine-Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), elle fut membre du bureau de la section syndicale en 1936 et secrétaire de la cellule d’entreprise. Licenciée après les grèves du Front populaire, elle fut employée par la Fédération CGT des industries chimiques de 1937 à septembre 1939. Parallèlement, elle fut membre du comité régional PCF de Paris-Nord en 1937. Elle suivit les cours d’une école régionale du parti en 1937 et de la première école nationale réservée aux femmes, à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) en février 1938. À l’issue de cette dernière, elle fut classée 7e, parmi les militantes « aptes à un travail de direction régionale et susceptibles de se développer ». Les responsables de l’école voyaient en elle une « excellente camarade et modeste », « intelligente » et recommandaient que sa fédération lui confie des tâches parmi les femmes, tout en l’aidant et en la conseillant. Selon certaines sources, elle assura des liaisons en Espagne républicaine. Elle avait épousé Gaëtan Lamy, également militant communiste.

Marguerite Lamy indiquait en 1948 avoir été d’accord avec le Pacte germano-soviétique et elle resta en contact avec les organisations communistes après leur interdiction. D’abord chargée de la réorganisation des Jeunes filles de France avec Danièle Casanova, elle travailla à partir de la fin octobre 1939 avec Claudine Chomat et Arthur Dallidet à la reconstitution des liaisons avec la province. De juillet 1940 à février 1942, elle fut secrétaire et agent de liaison d’Arthur Dallidet, notamment auprès de Jean Jérôme. Elle fut arrêtée avec Arthur Dallidet, le 28 février 1942, au métro Reuilly-Diderot par les inspecteurs de la BS1. Elle était porteuse de sa carte d’identité qui permit aux brigades spéciales d’arrêter le jour même son mari à leur domicile légal, 57 rue de Flandre. Ils trouvèrent également une enveloppe contenant de l’argent et l’adresse de Jean-Louis Corringer, boîte aux lettres pour Jean Jérôme, destinataire des fonds. Jean-Louis Corringer fut arrêté à son domicile, avec son épouse. Marguerite Lamy parvint toutefois à détruire d’autres documents et Arthur Dallidet s’efforça de la dédouaner lors de ses interrogatoires. Emprisonnée avec Danièle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Claudine Chomat et Maï Politzer, elle fut ensuite internée au secret à la Santé. Enceinte de six semaines lors de son arrestation, elle fut libérée en mai 1942 du fait de sa grossesse, avec obligation de pointer régulièrement à la préfecture. Réfugiée quelques semaines en Bretagne, inquiète pour le sort de son mari, elle revint à Paris mais fut arrêté le 24 septembre. Le 28 septembre, elle fut à nouveau mise en liberté provisoire du fait de son état de santé. Elle apprit alors l’exécution de son mari, fusillé comme otage le 21 septembre, en représailles à l’attentat du Rex. Jean Jérôme lui ordonna de se mettre au vert et elle se cacha à Naizin (Morbihan) où elle donna naissance à sa seconde fille, Janine, le 4 novembre. Coupée du parti à partir de février 1943, elle parvint toutefois à regrouper quelques militants isolés et de jeunes réfractaires pour former des groupes FTP. En septembre 1943, ils établirent le contact avec les responsables FTP du Morbihan, parmi lesquels Jean Le Maut, qui devint après guerre son second mari. En décembre 1943, alors qu’elle souhaitait rejoindre l’appareil FTP, elle fut rappelée à Paris. À partir de janvier 1944, elle travailla auprès de Waldeck L’Huillier et de Jean Jérôme comme agent de liaison pour la trésorerie, un « travail pas très actif » selon ses témoignages d’après-guerre. À nouveau mise au vert en juin 1944, elle ne participa pas à l’insurrection parisienne, mais regagna Aubervilliers dès la fin des combats.

Membre du Comité local de libération d’Aubervilliers, elle entra au conseil municipal, d’abord en cinquième position sur la liste de la délégation provisoire (conseil municipal provisoire) au titre de l’Union des femmes françaises, puis comme conseillère élue le 29 avril 1945. Elle siégea comme maire-adjointe dans les municipalités Charles Tillon puis Émile Dubois et première adjointe dans la municipalité André Karman*. Elle fut membre du bureau régional Paris-Nord de la Libération à avril 1945 et membre du bureau de la section Aubervilliers de 1944 à 1955 au moins. En 1948, elle exerçait, en tant que permanente, les fonctions d’administrateur du bureau de bienfaisance municipal. En 1955, elle avait retrouvé un emploi de secrétaire chez Thibaud-Gibbs. Elle fut présidente du comité local de l’UFF en 1953 et membre du bureau local du Mouvement de la paix et du Conseil de la paix de la Seine en 1955. Elle appartint également à la FNDIRP et à l’amicale des Bretons d’Aubervilliers.

Marguerite Lamy était mère de trois filles : Mireille et Janine, nées de son union avec Jean Lamy, Annie, issue de son second mariage avec Jean Le Maut, un ancien déporté. Mireille Lamy-Berthier fut une militante active d’Aubervilliers.

Le nom de Marguerite Le Maut fut donné à une crèche municipale d’Aubervilliers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50766, notice LAMY-LE MAUT Marguerite [née COËNT Marguerite, épouse LAMY Marguerite puis LE MAUT Marguerite, écrit parfois LE MAUT] par Paul Boulland, version mise en ligne le 7 juillet 2009, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Paul Boulland

Marguerite Lamy
Marguerite Lamy
Arch. Com. Aubervilliers

SOURCES : RGASPI, 517/1/1887. — Arch. de la Fédération PCF de Seine-Saint-Denis. — Arch. Mun. Aubervilliers. — Aubermensuel, n° 144, novembre 2004. — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat d’Histoire, Université Paris 1, 2011. — État civil de Saint-Denis. — Renseignements fournis par Catherine Berthier.

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