FLORAND Anselme

Par Gilles Morin

Né le 8 octobre 1902 à Clairavaux (Creuse), mort le 15 février 1991 à Chanlieu (Loire) ; cultivateur et expert agricole ; militant et élu socialiste de la Creuse ; maire de Clairavaux (1953-1958), député (1950 -1956).

De souche paysanne, Anselme Florand était issu d’une lignée républicaine, tant du côté de sa mère, où un aïeul vota contre le plébiscite napoléonien de 1852, que du côté paternel, où un grand-oncle prêtre prit position en faveur de Dreyfus. Il suivit des études à l’école primaire de Clairavaux, puis à l’école pratique d’industrie du bâtiment et des travaux publics de Felletin, dont il sortit premier. Son père ayant été tué en 1916, il revint alors cultiver la ferme familiale. Membre de la SFIO « depuis son jeune âge », il s’investit également dans le monde agricole, comme président du syndicat des producteurs de plants de la Haute-Creuse ; cette fonction lui fut retirée par l’État français. Anselme Florand, qui avait contribué durant la guerre au ravitaillement de groupes de l’Ariège qui aidaient les volontaires à franchir la frontière espagnole, devint délégué de la Confédération générale de l’Agriculture à la Libération. Il fut le seul conseiller municipal socialiste élu dans la municipalité communiste de Clairavaux en 1947-1953. Il fit élire sept autres socialistes en 1953 et devint alors maire. Il siégea comme SFIO en 1953 et 1959, puis fut réélu avec l’étiquette PSU en 1965.

Responsable fédéral aux questions agricoles de la SFIO dans un département où l’élément rural était prépondérant et où le socialisme, déjà montant au temps du Front populaire, s’était installé comme force prépondérante à la Libération, Anselme Florand fut candidat à la deuxième Assemblée constituante en juin 1946 et aux élections législatives de novembre 1946, en troisième place sur la liste SFIO derrière Roger Cerclier et Paul Pauly*. Roger Cerclier étant mort dans un accident d’automobile, alors que Paul Pauly était devenu conseiller de la République, Anselme Florand fut proclamé député le 15 décembre 1950. Il s’inscrivit logiquement à la commission de l’agriculture de l’Assemblée. Il fut réélu le 17 juin 1951, avec 20 374 voix sur 90 570 suffrages exprimés, sa liste étant apparentée avec le MRP, l’UDSR, le RGR et les indépendants. Ses positions furent conformes à celles du groupe socialiste jusqu’en 1954. Il vota contre les lois Marie et Barangé, accepta la ratification du traité instituant la CECA et refusa la confiance aux gouvernements de droite, notamment ceux d’Antoine Pinay et Joseph Laniel, mais approuva l’investiture de Pierre Mendès France* en juin 1954. Il fut toutefois minoritaire par la suite : après avoir voté la question préalable qui permit le rejet du projet de Communauté européenne de défense le 30 août 1954, Anselme Florand vota les Accords de Paris par discipline en 1955. Le PCF mena alors une virulente campagne contre lui. Il était encore rédacteur régulier du journal socialiste Forces paysannes. Anselme Florand échoua au renouvellement de janvier 1956 par un très faible écart de voix, le radical mendésiste Pierre Ferrand* emportant le siège en faisant liste commune avec les communistes et le maire socialiste de La Souterraine.

Le 12 octobre 1958, Anselme Florand démissionna de ses fonctions de maire de Clairavaux afin de protester contre le découpage électoral du département et, selon le sous-préfet, en raison de la santé de son épouse. Néanmoins, Anselme Florand n’abandonna pas la vie politique. En effet, il fut candidat aux élections sénatoriales du 26 avril 1959, en compagnie de l’un de ses rivaux de 1956, sur une liste « d’entente socialiste travailliste et démocratique », et recueillit 11,60 % des votes. Il adhéra au PSA à l’automne 1959, avec une vingtaine d’anciens parlementaires dont François Tanguy Prigent*, puis participa à la fondation du PSU en avril de l’année suivante. Réélu maire de Clairavaux en 1959, il présidait, en 1964, le syndicat des communes forestières de la Creuse. Il voulut se présenter dans la première circonscription de la Creuse en 1967 pour ce parti, mais le PSU lui préféra Pierre Ferrand. En 1971, toujours maire de Clairavaux, il était considéré par le préfet de la Creuse comme « Divers gauche ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50772, notice FLORAND Anselme par Gilles Morin, version mise en ligne le 2 juillet 2009, dernière modification le 2 juillet 2009.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/108/B et 308 ; CAC, 19770115, art. 7 et 19830172, art. 85. — Arch. OURS, dossiers correspondance et élections Creuse. — Archives A. Seurat. — Arch. Marc Heurgon, dossiers législatives de 1967. — Tribune socialiste, 13 mars 1965. — Profession de foi, législatives du 2 janvier 1956. — Dictionnaire des parlementaires français, 1945-1958, op. cit. — Notes de Fabien Conord.

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