GAUDEZ Pierre

Par Alain Monchablon

Né le 9 décembre 1936 à Beaumont-le-Roger (Eure) ; syndicaliste étudiant, président de l’UNEF (1960-1961).

Cinquième d’une famille catholique de sept enfants, tôt orphelin d’un père ingénieur du bâtiment, Pierre Gaudez connut la gêne économique ; sa mère se fit commerçante. Bachelier à seize ans, boursier, il s’inscrivit en philosophie à la Sorbonne où, quoique non membre de la JEC (la référence religieuse disparut alors pour lui), il participa aux débats qui traversaient alors le monde étudiant, en particulier chez les communistes et les chrétiens. Il fut influencé par les idées du groupe Reconstruction de la CFTC.

Président du groupe des étudiants en philosophie en 1958, Pierre Gaudez fut élu président de la Fédération des groupes d’études de lettres (FGEL) en 1959, année où il obtint sa licence. Adhérent un temps à l’UGS, il ne participa pas à la fondation du PSU en 1960, malgré sa sympathie pour ce parti, car il tenait à l’indépendance du syndicalisme étudiant.

Cette année 1960, qui fut aussi celle de son mariage, au congrès de Pâques de l’UNEF, avec une militante de la Sorbonne, il fut élu président de l’UNEF sans avoir été membre du bureau national. Sa désignation, après une nuit de débats au sein de la « mino » (la gauche) de l’UNEF pour succéder à Jacques Freyssinet, tenait au fait que la FGEL qu’il présidait avait pris peu avant les positions les plus avancées sur la brûlante question algérienne : à l’occasion de la Journée anticolonialiste du 21 février, elle avait organisé une conférence étudiante sur l’Algérie reconnaissant le GPRA comme représentant du peuple algérien. En juin de cette même année, Pierre Gaudez prit avec son bureau (et notamment Dominique Wallon*) le risque d’une rencontre publique à Lausanne avec l’UGEMA, organisation étudiante du nationalisme algérien, dissoute en France, assortie d’un communiqué commun qui prônait les négociations avec le FLN. À l’automne, malgré les représailles et menaces gouvernementales, fort de l’appui des associations générales d’étudiants, en même temps que sensible à la tentation de l’insoumission chez les étudiants, il engagea plus avant l’UNEF, en appelant les centrales syndicales à une manifestation unitaire contre la guerre en Algérie, la première du genre. La manifestation du 27 octobre 1960, interdite, se mua en un meeting débordant dans la rue, avec un retentissement considérable. Le syndicalisme étudiant semblait alors une force montante, idée que Pierre Gaudez développa dans son ouvrage Les Etudiants en 1961.

À l’issue de son mandat, ses études achevées, il entra dans la vie professionnelle en 1962, consacrée aux questions d’urbanisme et d’aménagement du territoire dans plusieurs organismes publics. À la direction de l’UNEF, il avait poussé à la construction des cités universitaires.

En même temps, il entra en 1962 au bureau du club Jean Moulin. Militant de la CFTC puis CFDT, il adhéra au PS en 1981, sans y avoir de mandats électoraux.

Retraité en 2000, il devint alors consultant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50783, notice GAUDEZ Pierre par Alain Monchablon, version mise en ligne le 3 juillet 2009, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Alain Monchablon

ŒUVRE : Les Étudiants (préface de D. Wallon), Julliard, 1961.

SOURCES : Arch. Nat. (CAC, fonds UNEF). — Entretiens avec l’intéressé.

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