GHERMOUL Ahmed

Par René Gallissot

Né le 21 décembre 1910 à Felix-Faure (Algérie), bourgade coloniale, mort en 1958, après tortures, par l’armée française ; haute figure du syndicalisme CGT des traminots, longtemps communiste, se rapproche du parti nationaliste MTLD ; engagé très tôt au FLN, assurant la transition de l’UGSA (ex-CGT) à l’UGTA, centrale liée au FLN.

Après le service militaire qu’il termina comme sergent, Ahmed Ghermoul (parfois orthographié Guermoul) devint contrôleur aux Tramways d’Alger (T.A.). Peut-être membre du PC dès 1928, il fit partie du secrétariat du syndicat CGTU des Tramways d’Alger au début des années trente ; il aurait suivi la tentative de Parti nationaliste révolutionnaire de Si-Ahmed Belarbi* (Boualem), tout en restant communiste. Il fut un des animateurs des grèves de 1936, très fortes chez les traminots. Il fut membre du PCA jusqu’en 1948. À cette date, certains témoignages tardifs le citent comme étant déjà membre du PPA-MTLD.

Devenu inspecteur de l’entreprise qui regroupe les transports publics dans l’Algérois, la Régie départementale des transports d’Alger (RDTA), il fut le secrétaire général du syndicat CGT de 1946 à 1954. En 1952, il fit instituer par la direction, une caisse de retraite. Tout en préservant son autonomie de conduite, il fit le lien entre les dirigeants communistes de la CGT et les responsables de la Commission des affaires sociales et syndicales du MTLD, créée en 1947.

En 1954, à la transformation de la CGT en UGSA, il resta secrétaire général du syndicat des traminots, « aussi à l’aise avec ses frères algériens qu’avec ses camarades européens » selon la remarque de Boualem Bourouiba*. Les traminots représentaient une forte concentration de travailleurs à Alger et un enjeu entre partisans de Messali* très anciennement implantés, et activistes minoritaires qui vont passer au FLN. Face aux préparatifs de constitution du syndicat messaliste annoncé en décembre 1955, Ahmed Ghermoul défendit d’abord la maison commune qu’était l’UGSA. Après la création de l’USTA (syndicat messaliste) en février, il participa à la fondation de l’UGTA en y entraînant une part des traminots, y compris communistes.

C’est qu’Ahmed Ghermoul fut en relation avec la direction du FLN à Alger autour de Ramdane Abbane*. Dès le 1er décembre 1954, il fut arrêté par la police qui le tint pour un collecteur de fonds du FLN. Relâché faute de preuves, il reprit l’action clandestine ne cessant de faire la liaison entre l’organisation politique et la résistance syndicale sous la répression. Arrêté à nouveau au début de 1956, quand se mit en place l’UGTA, il fut torturé avant d’être élargi en avril. Dans les discussions sur la plateforme du congrès de la Soummam à l’automne 1956, contrebattu par Amar Ouzegane*, il fit valoir la place du syndicalisme. Avec une audace extraordinaire à travers les pires risques à Alger, il poussa à la réorganisation sinon à la relance de l’UGTA dispersée sous les coups de la Bataille d’Alger en 1957. Selon les directives du FLN, il fallut montrer que l’UGTA était encore vivante et active ; il poussa à l’action le secrétariat clandestin avec Mustapha Chikh* et Ali Aroua*. Il fut arrêté en juin 1957, par les parachutistes français, subi longuement la torture au centre de tri de Bouzaréah puis aurait été transféré au centre de garde à vue de Notre-Dame d’Afrique, et sans comparaître en justice, serait mort des suites de ces mauvais traitements en 1958. Après l’indépendance, la Régie des transports, devenue RSTA, porta son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50809, notice GHERMOUL Ahmed par René Gallissot, version mise en ligne le 13 juillet 2009, dernière modification le 18 août 2009.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Outre-mer, Aix-en-Provence, F 159. – Arch. Wilaya d’Alger 491. — Interview d’Amar Ouzegane par J-L. Planche (1976-1977). — M. Farès, Aïssat Idir, op.cit. — B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op.cit. — B. Stora, Dictionnaire biographique des nationalistes algériens, L’Harmattan, 2003. — Y. Saadi, Souvenirs de la Bataille d’Alger, Julliard, Paris, 1962. – N. Benallègue-Chaouia, Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale, op. cit.

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