Par Serge Wolikow
Né le 22 janvier 1890 à Tourcoing (Nord), mort le 19 novembre 1977 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; instituteur de l’enseignement catholique, métreur en Bâtiment, puis publiciste ; successivement militant démocrate-chrétien, socialiste, communiste ; l’un des fondateurs du Parti communiste dans le Nord ; membre du comité central (1926-1961) et du bureau politique du PC ; rédacteur en chef de l’Humanité (1929-1931) et son correspondant à Moscou (1933-1934).
S’il naquit à Tourcoing, un des grands fiefs du guesdisme, Florimond Bonte ne reçut aucun héritage politique de ses parents. Son père, ancien ouvrier tisserand devenu employé aux écritures et sa mère, ancienne ouvrière tisserande devenue concierge, étaient profondément croyants. Florimond Bonte fit ses études primaires chez les frères, puis secondaires au collège du Sacré-Coeur à Tourcoing. Il affirmait, dans son autobiographie (1934), avoir le niveau de bachelier-es-sciences. Animé d’une solide foi catholique, Florimond entra au grand séminaire à l’âge de dix-huit ans. Depuis l’âge de quinze ans (1905), il avait adhéré au courant silloniste de Marc Sangnier et, jusqu’à son entrée au séminaire (1908), il participa activement aux travaux du Cercle d’études sociales de Tourcoing. Il entra, dira-t-il dans son autobiographie de 1934, en opposition avec la jeunesse réactionnaire. Il fut ainsi en relation avec les ouvriers socialistes dont il aurait adopté « toutes les opinions générales » en dehors de celles concernant la religion. Ce fut pendant la même période qu’il s’initia aux textes socialistes, à l’occasion de la controverse entre Jules Guesde et M. Sangnier.
La condamnation du mouvement sillonniste par le pape Pie X en 1910 l’affecta profondément. Devenu instituteur à l’école catholique de la rue de la Paix à Roubaix à sa sortie du séminaire, il opta par la suite pour le métier paternel d’employé de commerce et milita au syndicat chrétien des employés du commerce et de l’industrie de Roubaix-Tourcoing. Il professait à la même époque des idées ouvertement patriotiques et, lors de son incorporation en 1910, il s’était inscrit au peloton des élèves officiers à Belfort d’où il sortit sous-lieutenant en 1913.
Mobilisé le 1er août 1914, il servit comme lieutenant. Il participa aux batailles de Craonne et de la Pompelle avant d’être fait prisonnier en janvier 1916. Il lut, pendant sa détention, le Capital dans l’édition populaire de Karl Kautsky ainsi que Réforme et Révolution de Rosa Luxemburg. Il eut également des contacts avec des officiers russes prisonniers qui lui auraient donné ses premières leçons de marxisme. Enfin, Florimond Bonte prit une part active, pendant la révolution de 1918, à certaines délibérations du Conseil des ouvriers et soldats dans la région de Giessen.
Rapatrié à la fin de novembre 1918, il se retrouva à Limoges où il adhéra immédiatement à la section socialiste. Il fit alors ses débuts de journaliste dans le Populaire du Centre. Ce quotidien socialiste soutenait alors la tendance minoritaire et Bonte y prit abondamment parti pour la Révolution d’octobre. Démobilisé en juillet 1919, il travailla quelque temps comme métreur à Limoges puis regagna le Nord où il s’inscrivit à la section socialiste de Wattrelos. Délégué au congrès de la Fédération SFIO du Nord en janvier 1920, Bonte était porteur d’un mandat de la section de Wattrelos qui s’était prononcée à l’unanimité pour le retrait immédiat de la IIe Internationale et pour l’adhésion à l’Internationale communiste. Bonte fonda dans le courant de l’année 1920 le comité de la IIIe Internationale du département du Nord et figura parmi les signataires de la résolution d’adhésion à la IIIe Internationale, publiée dans le Bulletin communiste du 4 novembre 1920. Ce fut dans cette tourmente qui précéda la scission qu’il rencontra pour la première fois un autre propagandiste débutant, Maurice Thorez dont il allait être par la suite l’un des fidèles parmi les fidèles.
Il vit se réaliser à Tours la scission qu’il avait souhaitée. À son retour dans le Nord au début de janvier 1921, il chercha à structurer la majorité. Florimond Bonte entreprit alors une double carrière au sein du PC : celle de cadre de l’organisation et celle de journaliste, de responsable de presse.
Bénéficiant de la rapide ascension de Thorez*, Florimond Bonte devint secrétaire de la Fédération communiste du Nord et, l’année suivante, il devint, aux côtés de Maurice Thorez*, secrétaire de la Région Nord. Rédacteur en chef du Prolétaire depuis 1921, il s’était déjà taillé une solide réputation de publiciste prolixe, volontiers sectaire, souvent féroce, notamment contre les socialistes. La violence de ses articles dans le Prolétaire contre l’occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges entraîna l’interdiction du journal par un arrêté du ministre de l’Intérieur en date du 21 mai 1923. Tel Phénix renaissant de ses cendres, l’organe fédéral du Parti pour le Nord reparut dès la semaine suivante sous le titre symbolique de L’Enchaîné.
Chaud partisan et promoteur dans sa région de la « bolchevisation », Florimond Bonte fut élu au comité central du PC lors du congrès de Lille, en 1926, mais il assistait vraisemblablement aux réunions depuis 1924. Il est très possible qu’il accéda au bureau politique peu après, fort du soutien de Thorez* et ce malgré plusieurs oppositions personnelles qu’il s’était attiré, du fait de son caractère emporté et aussi de son « indépendance d’esprit ». En 1927, la carrière de Bonte au sein de l’appareil du Parti faillit être brisée : il fut en effet question de le traduire devant la commission de contrôle politique en vue d’une éventuelle exclusion. Plus que par des rivalités au sein du noyau dirigeant, cette menace provenait des « déviations » qui étaient apparues dans la Région Nord. En ce qui concerne Bonte, il se prononça à la réunion du comité central du 11 janvier 1928 contre la ligne de « classe contre classe ». Battu, il appliqua fermement cette tactique. Quoi qu’il en soit, la procédure contre Bonte n’aboutit pas. Il fit partie, en 1928, de la délégation française au VIe congrès de l’Internationale à Moscou.
À cette occasion Bonte qui participait aux discussions sur la question française fit siennes les critiques émises contre les erreurs réformistes. En approuvant avec netteté la politique « classe contre classe », il se démarquait des prises de position qu’il avait pu prendre avec la fédération du Nord tout en essayant de s’expliquer. S’il se prononça en faveur d’une direction homogène avec un bureau politique « resserré », il réclama une meilleure circulation de l’information. Optimiste, il considérait que l’ère des crises internes était dépassée mais souhaitait également que les rangs du comité central fussent moins fournis et qu’un secrétariat administratif fût instauré pour améliorer l’efficacité du travail de direction. Il estima devoir répondre aux critiques qui visaient la politique des communistes de la région Nord à l’égard des socialistes. Il reconnut avoir eu des doutes sur la nouvelle tactique électorale : « Nous avons craint que cette tactique électorale n’amène une rupture entre nous et les ouvriers socialistes, nous avons craint de revenir à la première période, au moment où les ouvriers communistes se battaient contre les socialistes révolutionnaires et les confondaient avec les chefs SFIO. » Tout en se défendant de distinguer socialistes de gauche et de droite, il se félicita du travail opéré par l’extrême gauche socialiste et son journal l’Étincelle que le PCF soutenait : « Je considère que ce groupe de l’Étincelle n’a pas encore joué tout son rôle, tout ce que nous attendions de lui. Ce groupe a, dans notre région du Nord, donné à des camarades un certain nombre d’arguments, il est, à l’intérieur de la social-démocratie un instrument de désagrégation de cette social-démocratie. »
Réélu au comité central (CC) au congrès de Saint-Denis en avril 1929, rentré en grâce auprès de la direction du Parti, il fut chargé de la reprise en main idéologique de la région Nord après la démission forcée de Jacob*. Sa qualité de membre du CC lui valut de faire l’objet d’un mandat d’amener, en juillet 1929, peu après l’arrestation de Thorez et de la quasi-totalité du CC ; il réussit à s’enfuir en Belgique et regagna la France quelques semaines plus tard après l’annonce de l’abandon des poursuites contre lui.
Dans ce contexte de répression et de crise interne, la direction du PC et l’Internationale avaient besoin d’ « hommes forts » pour redresser la situation. Appelé à Paris à la fin du mois d’août 1929, le CC le chargea de prendre la direction de l’Humanité. Ce fut un véritable « coup d’État ». Cette nomination hâtive mettait à profit l’incarcération de Paul Vaillant-Couturier*. Le 2 septembre 1929, Florimond Bonte, accompagné d’une vingtaine de militants musclés, investissait les locaux de l’Humanité et expulsait par la force les militants indésirables. Marcel Cachin, qui tentait de s’interposer, s’inclina devant l’ordre écrit du bureau politique que Bonte avait en poche. Il s’agissait donc de la résolution par la force d’un conflit entre la direction du Parti et le triumvirat Cachin*-Barbusse*Vaillant-Couturier* qui était parvenu à faire remonter le tirage à 200 000 exemplaires, mais qui était accusé d’avoir fait du quotidien du PC un « journal de petits bourgeois et d’intellectuels ». L’IC suivait de près l’action de la nouvelle direction communiste française et son action à l’Humanité. Chargé de « combattre l’opportunisme » à la rédaction du journal, Bonte fut doté de pouvoirs quasi-dictatoriaux par le BP : il commença par limoger l’équipe de Vaillant-Couturier* et « bolchevisa » l’Humanité. Son règne à la direction du quotidien communiste coïncida avec l’application la plus stricte de la tactique « classe contre classe » qui entraîna la baisse du tirage de 200 000 à 160 000 exemplaires en 1931. Le départ de Bonte de la direction de l’Humanité aurait été motivé, outre la baisse du tirage, par des divergences de vue passagères (critique tardive de la tactique « classe contre classe » ?) qui seraient survenues entre l’intéressé et la direction du Parti et plus particulièrement avec Thorez. Prétextant une « forte poussée prolétaire » dans le Nord (grèves du textile) et l’incarcération du secrétaire régional en titre, A. Ramette*, Bonte fut nommé secrétaire de la région et reprit la direction de L’Enchaîné. Ayant fait acte d’allégeance idéologique à Thorez*, Bonte fut réélu au CC lors du congrès de Paris en mars 1932.
Après un nouvel échec aux législatives d’avril 1932, il partit pour Moscou en décembre 1932. Pourtant, il affirmait dans son autobiographie, après avoir signalé sa participation à des luttes de rues contre la garde mobile en 1933, avoir fait cette année-là l’objet d’une contrainte par corps de six jours à la prison de Loos-les-Lille pour amendes non payées. Il se rendit à Moscou au printemps de 1933. Il y séjourna près de deux ans (1933-1934) comme correspondant permanent de l’Humanité ; il participa alors aux réunions des instances dirigeantes de l’IC, qu’elles traitent des problèmes idéologiques et de propagande ou qu’elles discutent de la situation française — de l’automne 1933 au printemps 1934. Il semble avoir été assez proche d’André Marty qui suivait de près l’activité idéologique du Parti — ses éditions et sa presse (réunion du 25 mars 1933 ou du 3 et du 23 octobre sur les éditions et la presse, réunions du 3 juillet de la commission politique et du secrétariat du 11 février 1934). Il participa également, quelques jours plus tard, le 17 février à la grande réunion du Présidium consacré à la France. Cette expérience lui fut utile dans les nouvelles fonctions qu’il occupa à son retour en France.
Il donna pendant quelques semaines des cours d’ » auto-défense » à l’école du rayon du XVe arrondissement. Nommé permanent appointé au secrétariat du Parti au début de l’année 1935, il y fut chargé d’épauler J. Duclos à la propagande. Il supervisa la publication et l’édition du matériel de propagande et assura pendant une année (1935) la direction des Cahiers du bolchevisme. Le congrès de Villeurbanne (janvier 1936) lui rendit « un hommage particulier pour son dévouement et les qualités techniques qu’il déplo[yait] comme collaborateur des services centraux de la propagande ». À l’issue du congrès, il fit porter l’essentiel de ses efforts sur la réalisation du Front populaire. Il semblerait que Bonte se soit rallié précocement à l’idée d’un front commun avec les socialistes dès le lendemain de l’échec cuisant enregistré par le PC dans le Nord aux législatives de 1932. En 1936, il prit une part active aux travaux du Comité national de coordination socialistes-communistes et au Comité national de rassemblement populaire. Candidat aux élections législatives d’avril-mai 1936 dans la 2e circonscription du XIe arrondissement de Paris, il fut élu au second tour. À la Chambre, Bonte fut élu secrétaire de la commission des Affaires étrangères. Il fut appelé à intervenir fréquemment en séance publique, notamment lors des débats sur la sécurité collective et le désarmement général et pour manifester l’opposition du PC aux accords de Munich en novembre 1938. En mai de cette même année, il avait effectué une tournée de conférences aux États-Unis sous le couvert de l’Ambassade de France.
Resté fidèle à son parti lors de la signature du Pacte germano-soviétique, Florimond Bonte fut exclu de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, avec Gabriel Péri, le 29 août 1939. Il se rendit alors en Belgique avec Ramette* pour assister à une réunion extraordinaire de l’IC en présence de Thorez* et de Clément (alias Fried*), délégué de l’IC. Ce fut à lui, ainsi qu’à Ramette*, deux fidèles de Thorez* qu’échut la création du « Groupe Ouvrier et Paysan » à la Chambre des députés, le 27 septembre 1939 après la dissolution du PC le jour précédent. Bonte en fut nommé secrétaire général et Ramette* président. À sa création, le nouveau groupe comprenait 43 des 75 députés communistes. Le 1er octobre 1939, Bonte et Ramette* adressaient à Édouard Herriot, alors président de la Chambre, une lettre promise à la célébrité. Les signataires demandaient à Herriot d’intervenir auprès du gouvernement pour que le Parlement soit appelé à délibérer d’urgence car la France devait « se trouver incessamment en présence de propositions de paix » dues aux initiatives diplomatiques de l’URSS. Bonte et Ramette* concluaient : « Nous voulons de toutes nos forces une paix juste et durable et nous pensons qu’on peut l’obtenir rapidement, car en face des fauteurs de guerre impérialistes et de l’Allemagne hitlérienne en proie à des contradictions internes, il y a la puissance de l’URSS qui peut permettre la réalisation d’une politique de sécurité collective susceptible d’assurer la paix et de sauvegarder l’indépendance de la France. » Sur la base des informations fournies par les télégrammes de l’IC, cette lettre fut rédigée par Ramette* même si elle fut également signée par Bonte et Berlioz*. (RGASPI, 495 184 4) Diffusée parmi les journalistes parlementaires, la « lettre à Herriot » déclencha une campagne de presse d’une violence inouïe car elle faisait état d’informations transmises directement de Moscou à la direction du PCF sans que le gouvernement français en ait été averti. L’IC trouva cependant qu’elle manquait de fermeté en faisant une concession à un discours pacifiste : « Considérons lettre de Ramette* à Herriot comme une erreur. Communistes français ne peuvent prendre initiative ni responsabilité pour la conclusion de la paix par gouvernements bourgeois France Angleterre Allemagne parce que ce serait une paix impérialiste source des nouvelles guerres. »
La conséquence immédiate de cette missive explosive à Herriot fut de lancer la répression contre les militants du PCF dissous : le Groupe ouvrier et paysan fut déclaré illégal et, dès le 5 octobre, des mandats d’amener furent lancés contre ses membres, dont Bonte qui parvint à s’enfuir. Quelques jours plus tard, il fut contacté par Georgette Cadras, sœur de Félix Cadras qui lui transmit une consigne de « mission politique suicide » émanant de Benoît Frachon* qui assurait alors avec Duclos* la direction réelle du Parti en état de clandestinité. Malgré le mandat lancé contre lui, Bonte fut chargé de lire un discours du Groupe ouvrier et paysan français (GOPF), désormais illégal, à la rentrée parlementaire du 30 novembre 1939. Il parvint à entrer subrepticement au Palais Bourbon, mais des députés s’aperçurent rapidement de sa présence et Herriot lui demanda de sortir. Il commença à lire son discours, mais, après une véritable échauffourée, il fut entraîné hors de l’hémicycle et amené au quai des Orfèvres. À propos de cet épisode, Maurice Thorez devait, le 13 février 1943, porter ce jugement sur Florimond Bonte (signature de Jean) : « Très courageux, s’est rendu à la Chambre le 30 novembre 1939, pendant la guerre, sur l’ordre du comité central, le but étant, par suite de l’arrestation certaine, de redresser l’attitude de nos députés face au tribunal. Bonte s’est montré batailleur et a rempli la tâche que le CC lui avait confiée. » Bonte tenta alors de se prévaloir de son immunité parlementaire, mais celle-ci fut immédiatement levée et il fut incarcéré le soir même à la Santé. Son procès, ainsi que celui des 29 autres députés restés fidèles au PC, commença le 20 mars 1940 devant le 3e tribunal militaire de Paris. Dans un télégramme envoyé à Tréand et Fried*, Dimitrov appela le PCF à populariser sa conduite courageuse (23 mars 1940, 495 184 3 81). Le 3 avril 1940, il fut condamné à cinq ans de prison et 5000 F d’amende.
Le 1er octobre 1940, un an après la fameuse « lettre à Herriot », il écrivit de la prison du Puy une longue missive au garde des Sceaux, au maréchal Pétain et à Pierre Laval. « Nous avions raison de réclamer la paix » affirmait-il. « Nous avons droit à l’annulation de notre procès. Nous avons droit immédiatement à la liberté. » « Les hommes les plus responsables de la débâcle et leurs complices les plus proches ont été emportés dans son tourbillon. Notre peuple les connaît. Il les renie. Il les hait. Il les réprouve. Il les poursuit de ses malédictions. Mais, contraste qui heurte et qui blesse la conscience populaire, trois mois après la signature de l’armistice les victimes de ces gouvernements indignes restent enfermées derrière les fils de fer barbelés des camps de concentration et (...) les portes verrouillées des prisons d’État. »
Transféré à la prison d’Angers pendant la débâcle, il connut en quelques mois les cellules de treize prisons (l’Ile de Ré, Bordeaux, Tarbes, Toulouse, Le Puy, etc.). Finalement, il fut embarqué à Marseille le 25 mars 1941 pour l’Algérie où il fut d’abord détenu à la prison militaire d’Alger avant d’être transféré à Maison Carrée. Libéré le 5 février 1943, Florimond Bonte fut nommé à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger, ville dans laquelle il fonda un hebdomadaire, La Liberté, dont il devint directeur-rédacteur en chef. Avec F. Billoux*, il anima la délégation du comité central du PCF à Alger et fit notamment partie, le 28 mars 1944, de la délégation reçue par De Gaulle pour envisager l’entrée des communistes au Gouvernement provisoire de la République française, entrée qui fut effective le 4 avril.
En août 1944, il était considéré par Billoux et Marty comme un militant d’une « fermeté absolue, avant, pendant le procès, en 1940, en 1941, en 1942 et depuis la Libération ». Marty* notait cependant que pendant son séjour dans les prisons françaises, il lui était arrivé de penser que l’Allemagne dominerait l’Europe, l’URSS et l’Asie.
Revenu à Paris en septembre 1944, Florimond Bonte continua à siéger à l’Assemblée consultative provisoire et fut élu à la 1re Assemblée nationale constituante le 21 octobre 1945. Réélu à la 2e Constituante le 2 juin 1946, il retrouva son siège à l’Assemblée nationale le 10 novembre 1946, mandat qu’il détint jusqu’en 1958. À l’Assemblée, il appartint à la commission des Affaires étrangères. Il se fit souvent remarquer par sa violence verbale à la tribune et par ses formules à l’emporte-pièce.
Réélu au CC du PC à la Libération, Florimond Bonte siégea ès qualités au bureau politique jusqu’en 1947. De 1945 à 1947, il fut en fait le responsable de la presse au sein de la direction du PC et créa la revue France-Nouvelle dont il fut le directeur-rédacteur en chef jusqu’en 1956. Ses prises de position pendant la « guerre froide » lui attirèrent, en juin 1949, la levée de son immunité parlementaire pour délit de presse à la demande du gouvernement, mais il fut tenu compte de la contribution qu’il avait fournie à la lutte contre l’occupant et la décision fut rapportée. Florimond Bonte fut longtemps un admirateur inconditionnel de Staline* qu’il qualifiait dans France-Nouvelle du 11 octobre 1952 de « grand maître incontesté de la Science, génial architecte de la société nouvelle ». Toutefois, en mars 1956, au lendemain du 20e congrès du PCUS, il demanda, lors d’une réunion du CC du PCF que soit réexaminée l’attitude des communistes français face au stalinisme. Longtemps considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de politique étrangère à la direction du Parti, il siégea au CC jusqu’en 1961, date à laquelle il ne fut pas réélu. Nommé à la commission centrale de contrôle financier, il n’y siégea que quelques mois et décida, à l’âge de soixante-douze ans, de prendre sa retraite politique.
Par Serge Wolikow
SOURCES : RGASPI, 495 270 69 : autobiographie du 21 novembre 1934 ; note de Jean (Thorez) du13 février 1943 ; réponse au questionnaire du 5 novembre 1949 ; 495 32 24 ; 495 4 252 ; 495 2 178 ; 495 3 407. — Notice par Y. Le Maner, DBMOF.