GLOTON Robert

Par Christian Chevandier

Né le 5 avril 1906 à Paris (XXe arr.), mort le 16 février 1986 à Saint-Germain (Yvelines) ; instituteur, inspecteur de l’Éducation nationale ; militant et président (1969-1981) du Groupe français d’éducation nouvelle ; initiateur du groupe expérimental du XXe arrondissement de Paris ; auteur de nombreux ouvrages pédagogiques.

Les parents de Robert Gloton étaient artisans à Paris ; son père, polisseur-nickeleur dans un atelier familial, ne professait pas d’idées socialistes. Robert Gloton y vécut ce qu’il dénommait l’enfance d’un « gosse de Ménilmontant ». Après une scolarité dans une école du quartier, il entra en 1921 à l’École normale d’instituteurs d’Auteuil, à Paris, d’où il sortit en 1924 après l’obtention du brevet supérieur. Après un premier poste à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis), une des villes les plus pauvres du pays, il obtint son CAP d’instituteur. Il partit alors à l’armée (avril 1926-octobre 1927) et, après une formation d’officier de réserve à Saint-Cyr, fut affecté comme sous-lieutenant au 5e Régiment de tirailleurs algériens. De retour à la vie civile, il fut nommé en cours préparatoire dans une école de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), dans d’autres établissements de la banlieue parisienne puis à Paris (Saint-Louis-en-l’Ile puis à l’école d’application d’Auteuil en octobre 1938). Après son mariage en juillet 1929 à Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine) avec Germaine Geoffroy, il suivit à partir de 1934 un enseignement en Sorbonne puis, dès 1937, les cours de psychologie de l’enfant qu’Henri Wallon dispensait au Collège de France et qui lui firent découvrir les pratiques pédagogiques mises en œuvre par Ovide Decroly et Maria Montessori. Leurs démarches rejoignaient ses réflexions sur la dimension normative et hiérarchique d’un enseignement dont il estimait qu’il plaçait l’enfant dans une situation de « docilité et [de] réceptivité ». Mobilisé comme lieutenant au 153e Régiment d’infanterie en août 1939, il fut capturé dans les Vosges le 26 juin 1940 et resta prisonnier à l’Oflag VI D jusqu’à sa libération par les Alliés le 6 avril 1945 et son rapatriement le 20 avril.

Revenu en France, Robert Gloton réussit en 1945 le concours d’inspecteur et fut nommé à Sézanne (Marne) puis aux Andelys (Eure) à partir de 1948, en résidence à Vernon. Il obtint en 1945 le dernier certificat de sa licence de Lettres. Dès 1945, avec un premier projet à l’école de Sézanne, il impulsa des expériences pédagogiques pour lesquelles il s’inspirait notamment des méthodes de Decroly. En 1950, il mit en place le Groupe coopératif de pédagogie active des Andelys. Ses fonctions d’inspecteur-professeur de psycho-pédagogie en 1957 à l’Ecole normale d’Auteuil lui permirent de réfléchir aux conditions de formation des instituteurs. Il habitait Le Vésinet (Seine-et-Oise/Yvelines). Nommé dans le département de la Seine en 1959, alors qu’il pouvait choisir le XIIIe ou le XVIe arrondissement, il préféra être affecté dans le XXe arrondissement de Paris. Dans ce quartier très populaire, où résidaient de nombreux immigrés et où l’échec scolaire était important, il tenta de le combattre en mettant en place à partir de 1962 le Groupe expérimental de pédagogie active du XXe arrondissement dans quatre puis cinq écoles (notamment l’école de la rue Vitruve qui prolonge jusqu’au XXIe siècle l’usage de méthodes innovantes) où enseignaient des instituteurs volontaires. Tout en espérant que cette initiative fasse « tâche d’huile », il n’imposa pas ces méthodes dans les autres établissements. Désigné en 1968 pour participer aux travaux de la Commission ministérielle chargée de la rénovation pédagogique, il prit sa retraite en 1971. Le rapport alors rédigé par le directeur des services d’enseignement de Paris pour l’attribution de l’honorariat commençait par « M. Gloton s’est essentiellement signalé par sa jeunesse d’esprit, son enthousiasme, sa foi en ce qu’il faisait. »

Comme de nombreux pédagogues, Robert Gloton alliait la pratique avec une élaboration théorique et fut l’auteur de nombreux textes, dont onze ouvrages sur le thème de l’éducation dans lesquels il mettait l’accent sur l’accès de l’enfant à l’autonomie mais aussi sur l’importance de la lecture et sur le travail comme « valeur humaine ». Adhérent à partir de 1950 au Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN), alors présidé par Henri Wallon, il en fut vice-président à partir de 1955, puis président de 1969 à 1981, et président d’honneur ensuite. Dans ce cadre, il effectua des voyages d’études dans divers pays, notamment en URSS en 1955, afin de prendre connaissance des pratiques pédagogiques actives. Il était adhérent au Syndicat des inspecteurs de la Fédération de l’éducation nationale. Il eut un fils, Jean-Jacques, né en juin 1930, dont le prénom fut choisi en hommage explicite à Rousseau.

Robert Gloton était officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50858, notice GLOTON Robert par Christian Chevandier, version mise en ligne le 16 juillet 2009, dernière modification le 6 novembre 2019.

Par Christian Chevandier

ŒUVRE : La Dissertation au certificat d’études pédagogiques et au brevet supérieur, Armand Colin, 1962, 208 p. — L’Art à l’école, PUF, 1965, 156 p. (2 éditions). — Le Français, pédagogie globale de la communication et de l’expression (ouvrage collectif), Armand Colin/Bourrelier, 1969, 48 p. — À la recherche de l’école de demain, dir. (avec le Groupe expérimental de pédagogie active du XXe arr.), Armand Colin, 1970, 256 p. — Communication et dialogue entre éducateurs (ouvrage collectif), Armand Colin, 1970, 48 p. — L’activité créatrice chez l’enfant (avec Claude Clero), Casterman, 1971, 211 p. (6 éditions). — Les épreuves écrites au certificat d’études pédagogiques, Armand Colin, 1973, 239 p. — L’Autorité à la dérive, Casterman, 1974, 244 p. — Le Pouvoir de lire, dir. avec Josette Jolibert (avec le Groupe expérimental de pédagogie active du XXe arr.), Casterman, 1975, 283 p. — L’établissement scolaire, unité éducative, dir. (avec le Groupe expérimental de pédagogie active du XXe arr.), Armand Colin, 1977, 218 p. — Au pays des enfants masqués, Casterman, 1979, 276 p. — Le Travail, valeur humaine : une école pour nos enfants, Casterman, 1981, 188 p. — Textes divers (articles, notamment dans Dialogue, revue du groupe parisien du GFEN, préfaces, etc.).

SOURCES : Arch. Nat. : Dossiers de carrière, AJ/16/8978 (notes de Jacques Girault), /30311/A. — œuvres citées, notamment son autobiographie Au pays des enfants masqués. — Hugues Lethierry, Le groupe expérimental du XXe arrondissement et le nouveau GFEN, thèse de doctorat en sciences de l’éducation, Université de Paris VIII, 1986. — État civil.

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