CITERNE Gabriel, Eugène [version DBK]

Par Claude Pennetier

Né le 20 août 1901 à Saint-Hilaire près de Pionsat (Puy-de-Dôme), mort en juillet 1981à Sainte-Néomaye (Deux-Sèvres) ; maçon-menuisier puis marchand-forain à Niort ; responsable national du Secours rouge international ; député des Deux-Sèvres (1946-1951).

Fils d’un ouvrier charron et d’une ménagère couturière, Gabriel Citerne fit des études primaires aux écoles communales de Montrouge et de l’Haÿ-les-Roses jusqu’au certificat d’études primaires. Lors de l’occupation de la Ruhr, il participa à un refus collectif de soldats et devait être déféré au conseil de guerre pour refus d’obéissance mais il n’y eut pas de suite. À son retour, il fit de nombreux métiers : aux usines métallurgiques (Citroën-Panhard), aux pépinières de l’Haÿ-les-Roses, dans diverses entreprises du bâtiment (menuiserie, béton armé).

Gabriel Citerne adhéra aux Jeunesses socialistes en 1916 à la section de Bourg-la-Reine puis, fin 1920, à la Jeunesse communiste et au Parti communiste.

Nommé administrateur de son journal La Défense, en décembre 1928, il fut secrétaire-trésorier de la Région parisienne du Secours rouge international (SRI) en octobre 1929 puis entra à son comité central. Délégué permanent à la propagande en 1930, il devint, en 1931-1932, secrétaire national permanent. Il participa à des sessions de son comité central en Belgique et au Luxembourg pendant la période « classe contre classe » et fut délégué au Ier congrès mondial du MOPR (Secours rouge international d’URSS) en novembre 1932 à Moscou. En août 1932, il participa, à une tournée en Algérie pour la libération de Raymond Bossus*. Citerne était aussi chargé de tâches plus ou moins illégales : service des passeports pour l’Internationale communiste, répartition d’argent aux sections nationales du SRI sur ordre du représentant à Berlin du MOPR, édition clandestine de tracts en août 1929, émigration et organisation de passages de frontières. Ayant été appelé à la Commission coloniale centrale du Parti par André Ferrat* et Durand, il se spécialisa dans les problèmes coloniaux.

En tant que secrétaire général du SRI, il prit position sur la politique du Parti, dans les Cahiers du bolchevisme, en novembre 1931 et 1932. C’est ainsi que dans un article intitulé « La discussion dans le Secours rouge » paru dans le numéro des Cahiers du 15 novembre, il déclarait que la discussion était bonne mais qu’elle devenait inutile « si à l’avance, la direction du Parti a raison et les militants du SRI sont assommés par une étiquette de “purs” ou de “sectaires” ou tournés en ridicule ». La direction des Cahiers ne donna pas raison à Citerne. Celui-ci se défendit et réfuta certaines critiques qui lui étaient adressées par un article : « Dans le SRI. Orientons la discussion sur le terrain politique » paru le 1er février 1932. Le Parti estimait toutefois — même numéro — que « malgré les affirmations du camarade Citerne [...] une véritable autocritique n’exis[tait] pas encore dans le Secours rouge ».

C’est à Moscou, lors du congrès du MOPR qu’il écrivit le 23 novembre 1932 sa deuxième autobiographie, où il indiquait : « c’est sur la demande du Parti que je suis resté à Paris pour travailler avec la nouvelle direction, mon intention est à présent de demander au Parti de pouvoir quitter la Région parisienne. À mon retour je pense partir en province chercher du travail ». Une note du secrétariat du SRI datée du 19 mai 1932 faisait en effet mention de la décision suivante : « Les camarades Blache*, Citerne, Rouffianges, ne pourront occuper aucun poste dans cette organisation. Ils continueront toutefois à faire partie de comité exécutif et à y travailler activement. »

Citerne partit alors dans la région Vendée-Deux-Sèvres où il fut secrétaire fédéral en 1933-1934, puis en Haute-Vienne avec les mêmes fonctions en 1934-1938. Il participa au cours de ces années à de multiples réunions dans toute la France, ainsi en Vendée de 1933 à 1935, pendant la campagne menée par le SRI en compagnie de l’ancien bagnard Roussenq. Bon orateur, contradicteur redouté, parfois « agressif » selon les témoignages de militants vendéens, il intervint dans toutes les régions.

Fait prisonnier en juin 1940, il réussit à s’évader peu après. Selon un rapport de la commission des cadres, responsable régional sur Paris Nord, en particulier dans le XIXe arr., il fut relevé en avril 1941 et « mis à la base » à la suite d’une altercation avec le responsable politique de l’Inter. « Il devait être mis sur une région paysanne. Mais il fut remis en route sur le XXe qu’il a[vait] redressé. » Il travailla également sur le secteur de Villejuif-Ivry. Il fut arrêté le 11 août 1944 mais libéré le 17 par la grève des gardiens de prison et l’action des FTP. Médaillé de la Résistance pour son action dans les FTP, il fut vice président du Comité de Libération du XXe arr. et devint maire adjoint de l’arrondissement.

Démissionnaire en 1945, il retrouva les responsabilités de secrétaire fédéral de la Haute-Vienne qu’il assuma jusqu’en 1947. Le 2 juin 1946, il avait été élu député des Deux-Sèvres et il fut réélu en novembre 1946 mais échoua au scrutin de 1951. Le 30 juin de cette même année, il était désigné par l’Assemblée nationale comme juge titulaire à la Haute-Cour de Justice ; il le demeura jusqu’en 1955.

De 1947 à 1950, Gabriel Citerne retrouva ses fonctions de secrétaire fédéral des Deux-Sèvres. Revenu dans la région parisienne, il fut premier adjoint au maire de L’Haÿ-les-Roses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50887, notice CITERNE Gabriel, Eugène [version DBK] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 18 juillet 2009, dernière modification le 31 octobre 2013.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI 495 270 365. (autobiographies du 6 avril 1932, Paris, et du 23 novembre 1932, Moscou). — Décision du secrétariat du SRI du 19 mai 1932 ; note Section de montée des cadres, n° 630 du14 mars 1950. — Interview par Florence Regourd. — Notice par R. Lemarquis et Cl. Pennetier in DBMOF.

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