GIGNOUX Claude

Par Jean Gaumont

Né le 7 avril 1870 à Nîmes (Gard), mort le 21 avril 1931 à Nîmes ; ouvrier typographe ; militant socialiste, syndicaliste, coopérateur de production et de consommation.

Au sortir de l’école primaire, Gignoux fit son apprentissage d’imprimeur typographe. Tout jeune, déjà membre du syndicat de sa profession, il fit montre d’un tempérament de militant, allant aux mouvements d’avant-garde, syndicalisme, coopération, socialisme politique, action civique de la Ligue des droits de l’Homme, mais fréquentant aussi les réunions de la Société d’Économie populaire fondée par De Boyve et Fabre. Au temps de la bataille « dreyfusarde », Gignoux créa la coopérative de production d’imprimerie « La Laborieuse ». Plusieurs des coopérateurs de l’École de Nîmes les plus éminents, E. de Boyve le premier, étaient avec lui parmi les fondateurs. Gignoux a raconté lui-même dans l’Émancipation comment l’idée leur vint au printemps de 1897 de créer cette petite imprimerie. Directeur de la Laborieuse fondée le 27 octobre 1897, Gignoux la fit adhérer bientôt en 1902 à la chambre consultative des Associations ouvrières de production. Il la dirigea pendant trente-quatre ans et, comme il le disait lui-même, « dans un temps où l’amour du beau métier s’atténue et où la seule préoccupation de la vitesse et du gain l’emporte, le soin que nous avons toujours mis à ce que les imprimés qui sortent de nos ateliers soient aussi bien présentés que possible nous a valu une réelle réputation parmi les auteurs ». Aussi les plaquettes artistiques sorties de ses presses étaient-elles goûtées des amateurs. C’est de « la Laborieuse » aussi que sortaient plusieurs publications : l’Émancipation, la Paix par le Droit, les Libres Propos d’Alain, le Soc, etc.

Coopérateur à « l’Abeille nîmoise » et à « La Solidarité » que De Boyve présida jusqu’à la fin de sa vie, il représentait toujours l’esprit idéaliste de l’École de Nîmes avec les chefs de laquelle : De Boyve, Charles Gide, A. Fabre, il était demeuré en étroite communion de pensée coopérative. Séparé de De Boyve par les conceptions religieuses, il n’en fut pas moins un de ses admirateurs et l’un de ses plus loyaux collaborateurs avant d’être son successeur à la tête de l’Émancipation. Il allait être également son successeur en 1926 comme président de la coopérative dont il avait été l’un des premiers, en 1922, à préconiser la transformation en société régionale. C’est sous sa présidence que cette transformation s’accomplit en 1928.

Les camarades de Gignoux dans la coopération de production l’avaient envoyé, dès sa fondation en 1918, au Conseil supérieur de la coopération.

Ce n’est pas seulement dans la coopération que Gignoux poursuivit sa tâche. Déjà membre de la Loge maçonnique nîmoise, il fut un des fondateurs du groupe nîmois de la Paix par le Droit, de la section nîmoise de la Ligue des droits de l’Homme, dont il fut le président, et de la Ligue de l’Enseignement qu’il présida aussi. Syndiqué du Livre depuis 1896, il fut trésorier de la section typographique locale et délégué à ses congrès. En juin 1895, il assista, avec mandat de la fédération des syndicats d’Auxerre, au IVe congrès de la Fédération nationale des Bourses du Travail qui se tint à Nîmes. Quelques mois plus tard, en septembre, représentant la Bourse du Travail de Nîmes, il était délégué à Limoges au VIIe congrès national corporatif, congrès constitutif de la CGT. L’année suivante, dans la même ville : Tours, et à deux jours d’intervalle, il assista au Ve congrès de la Fédération des Bourses, 9-12 septembre, et au VIIIe congrès de la CGT, 14-19 septembre. Cl. Gignoux fut, jusqu’en 1907, secrétaire de la Bourse du Travail.

En dépit de son éloignement pour les luttes de la politique, il avait accepté un moment d’être conseiller municipal, démissionnant bientôt pour protester contre l’intrusion de l’autorité supérieure, pour se consacrer uniquement aux questions économiques et sociales, ainsi qu’à la propagande coopérative et pacifiste.

Claude Gignoux formulait sa règle de vie dans cette phrase qui constitue son testament d’action : « Travaillons pour que la machine et l’argent ne dominent jamais l’esprit. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50888, notice GIGNOUX Claude par Jean Gaumont, version mise en ligne le 24 février 2010, dernière modification le 24 février 2010.

Par Jean Gaumont

ŒUVRE : Préface à La Bourse du Travail de Nîmes, 1887-1906 de V. Bruguier, Nîmes, 1925 (Bibl. Nat. 8° R 45 471).

SOURCES : Arch. Nat., F7/12 491 (congrès de Limoges, 1895). — L’Émancipation, mai 1931. — Le Coopérateur de France, 2 mai 1931. — La CGT, p. 494.

ICONOGRAPHIE : Le Coopérateur de France, 2 mai 1931.

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