COUTHEILLAS Louis, Pierre, André, parfois orthographié par erreur COUTEILHAS. [version DBK]

Par Claude Pennetier

Né le 11 décembre 1907 au Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais), mort le 3 octobre 1972 à Antibes (Alpes-Maritimes) ; ébéniste puis cycliste au journal l’Humanité ; membre de la commission exécutive de la CGTU en 1927-1929 ; membre du comité central du Secours rouge international en 1928 ; secrétaire des Jeunesses communistes ; accusé d’appartenir au “groupe Barbé-Celor” en 1931, écarté du secrétariat ; élève de l’ELI en 1931-1933 ; quitte le Parti communiste en 1935.

Les parents de Louis Coutheillas étaient de milieu ouvrier : le père maçon syndiqué à la CGTU, la mère faisant des ménages. Ils avaient trois enfants. Louis fréquenta les écoles primaires du 11e arr. (il habitait avenue Philippe Auguste) puis suivit quelques cours du soir dans une école de la Fédération unitaire du Bois. Il commença à travailler à l’âge de treize ans comme apprenti chez un fabricant de meubles pendant trois ans et fut ensuite ouvrier ébéniste dans le Faubourg Saint-Antoine. Il apprit alors le dessin industriel. Il fit son service militaire du 12 mai 1928 à novembre 1929 puis épousa le 12 juillet 1930 à Paris Marcelle Cassiot née le 24 novembre 1905 à Nevers, fille d’un ouvrier métallurgiste syndiqué unitaire à Nevers, dont un frère était communiste (est-ce Louis Cassiot ?). Couturière, elle apprit en 1932-1933 la dactylographie à Moscou. Elle adhéra au PC à son retour d’URSS où elle avait milité dans les syndicats et d’autres organisations de masse.

Louis Coutheillas adhéra aux Jeunesses communistes en juin 1924 et y milita jusqu’en 1931. De 1924 à 1927, il fut successivement secrétaire de cellule, de rayon (XIIe arr.), membre du comité régional de Paris et du secrétariat de l’Entente fin 1925. Il entra au comité central de la Fédération des JC lors du congrès de la Plaine Saint-Denis en août 1926. Il suivit en décembre 1924 une école de huit jours, en octobre 1925 une école nationale de la JC et à partir de 1926 il enseigna dans les écoles de huit jours. Il fit un voyage à Moscou entre septembre et novembre 1926 comme responsable d’une délégation composée de 16 membres au moment du départ au Havre, le 20 septembre. On lui avait attribué le titre de secrétaire de la délégation. Coutheillas fut à son retour nommé au CE de l’ICJ. Devenu en 1926 permanent rémunéré, il devint en 1927 secrétaire à la lutte économique de la 4e Entente (Courtade lui succéda). Il se rendit en URSS en décembre 1929 à un Plénum du CE de l’ICJ, en janvier 1931 à un présidium élargi de l’ICJ et fut nommé en avril 1931 représentant des JC de France à l’Internationale des jeunes. Il était devenu en 1930 responsable de l’appareil illégal des JC pour le travail dans l’armée. Il adhéra au PC en 1926 et milita à la cellule Citroën jusqu’à son départ pour l’armée. Déjà délégué dès 1925 au congrès national de Clichy, il fut délégué à celui de Lille (20-26 juin 1926). Il fut aussi délégué aux conférences de Saint-Denis (1927), Paris (1928 et 1930) et à la conférence syndicale de 1931.

Il avait adhéré au syndicat unitaire du Bois en 1924 (après avoir participé aux grèves de 1923 et 1924) et dirigé dès cette date la section des jeunes syndiqués du Bois. Membre du bureau de la 20e Union régionale unitaire, il fut, lors du congrès de Bordeaux de 1927, nommé à la CE de la CGTU, fonction confirmée au congrès de Paris en 1929. En mars 1928, la confédération le délégua au IVecongrès de l’ISR à Moscou. Il fut chargé de suivre les grèves de Renault et Farman en 1926, Citroën en 1927, des textiles du Nord et des mineurs. (1930-1931). Le 16 juin 1925 la police l’arrêta à Pantin (Seine), alors qu’il distribuait des tracts annonçant un meeting de protestation contre la guerre du Rif. Une perquisition effectuée au domicile de ses parents, 90 avenue Philippe-Auguste, permit de constater qu’il était en possession de nombreuses brochures et imprimés communistes. En août 1925, il était venu à Marseille aider à la préparation du congrès contre la guerre du Maroc prévu le 23 août à Marseille. Il fut interpellé le 20 août, avec René François, pour distribution de tracts antimilitaristes. La police découvrit au cours de la perquisition qui suivit une liste de quarante-sept noms de délégués au congrès, ainsi qu’un programme de cent quarante-neuf réunions tenues en quinze jours dans la région marseillaise.

Il fut condamné par défaut, le 17 septembre 1927, à trois ans de prison et 3 000 francs d’amende pour provocation de militaires à la désobéissance dans un article publié par la Vie ouvrière du 6 mai. Il fut acquitté par cette même Chambre, le 24 novembre 1928.

Son incorporation, le 12 mai 1928, au 31edragon à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), ne manqua pas d’être mouvementée : l’armée l’accusa de fomenter des actes d’indiscipline. En février 1929, à la suite d’un acte de “rébellion” provoqué au cours d’une corvée, il fut puni de soixante jours de prison dont vingt en cellule. À la fin de sa peine, le 17 avril, les autorités militaires lui infligèrent une nouvelle punition de quinze jours de prison et, dans la nuit du 25 au 26 mai l’envoyèrent à la citadelle d’Oléron (dans les sections spéciales) d’où il sortit le 15 novembre 1929. Les organisations communistes avaient fait une grande publicité autour de la résistance de Coutheillas. Sa libération fut l’occasion d’une campagne de meetings pour saluer ce “symbole du combat acharné des jeunes travailleurs contre la bourgeoisie” (Arch. J. Maitron).

L’influence de Louis Coutheillas dans les JC fut renforcée par son action dans l’armée. Le congrès d’octobre 1929 le désigna comme secrétaire permanent chargé des soldats (avec un salaire mensuel de 1 000 francs). Maintenu au Comité exécutif de l’ICJ en août 1928, il aurait été délégué au 11eplénum de l’Internationale communiste à Moscou, en novembre 1929, mais la police ignorait s’il avait réellement effectué le voyage. Le Parti communiste lui demanda de suivre l’enquête sur la mutinerie de la citadelle d’Oléron. Le 24 novembre 1930, Coutheillas fut condamné à deux ans de prison et 4 000 francs d’amende pour un article paru dans l’Humanité du 26 avril. La peine fut confirmée en appel le 13 janvier 1931. Mais la mise en accusation du “groupe Barbé-Celor ” allait le frapper. Il s’expliqua longuement dans ses deux autobiographies du 3 décembre 1931 et du 20 décembre 1933. Sa première réaction avait été, comme celle de la plupart des militants concernés, de s’étonner de la découverte d’un groupe et de contester la réalité de cette appellation. Puis, il s’était adapté aux sollicitations de ses référents. Il disait avoir appartenu au “groupe de la jeunesse” de 1927 à 1931 et précisant que ce groupe existait déjà avant 1927. Il avait pour but de lutter contre l’opportunisme de la direction du parti, d’apporter son soutien à la ligne de l’IC et de veiller à l’application de la tactique “classe contre classe”. C’est ainsi qu’il fut intégré dans le Comité central de 1930, “cooptation exécutée à la manière et selon la ligne du groupe”. Mais, écrivait-il, le groupe “eut depuis les années 1929 (congrès de Saint-Denis) une ligne complètement différente de celle de l’IC.” Il reconnaissait avoir eu après la condamnation du groupe “une attitude indigne, cherchant à nier son appartenance au groupe et son existence, considérant la commission d’enquête comme un tribunal bourgeois”. Le Comité central du Parti communiste réuni du 26 au 28 août 1931 décida de ne lui infliger qu’un avertissement public, car : “sa jeunesse a pu (l’)empêcher de discerner clairement la gravité de la faute commise” (l’Humanité, 27 décembre 1931). Coutheillas fit son autocritique dans une lettre qu’il remit aux dirigeants de l’ICJ. Une délégation des JC vint, en octobre 1931, à Moscou l’accuser de se désintéresser des Jeunesses françaises, et, demander sans succès, son retour à Paris. En décembre 1931, il ne fut pas réélu à ses fonctions de secrétaire national et de représentant auprès de l’ICJ. De son côté l’ICJ lui imposa de suivre pendant deux ans les cours de l’École léniniste de Moscou En 1931-1932 et 1932-1933, il suivit deux années à l’École léniniste internationale, sous le nom de Pierre Pradier, le “cours abrégé ” et le “cours fondamental ”. Le 7econgrès de la Fédération des Jeunesses communistes, tenu à Montigny-en-Gohelle en juin 1932 ne le réélut pas à sa direction. Le 27 juillet 1933, sa femme (il était marié depuis 1930 avec Marcelle Cassiot) écrivait à Stépanof, “Je vous demande de vouloir bien organiser mon départ pour la France en même temps que celui de mon compagnon le camarade Pradier (L. Couteillas) ses études théoriques étant terminées. Il est en ce moment au travail pratique. Etant dactylo au service de la presse du Comintern, je ne veux point passer par ce service n’ayant aucun papier (…) Je demande instamment à partir en même temps que mon compagnon, tout au moins quelques jours après ou plutôt.”

De retour à Paris en été 1933, Coutheillas fut affecté à la cellule 267 du 11erayon de Paris, travailla à la section d’agitation propagande du Comité central et fut membre du Comité de section.
En 1934, après un intérim assuré par J. Decaux, il succéda à Félix Cadras comme secrétaire de la 1re Région du Parti communiste. La Région correspondant géographiquement au département du Nord, regroupait alors dix-neuf rayons, quatre sous-rayons, cent quarante-neuf cellules et environ trois mille adhérents. Le retour en grâce fut de courte durée. Selon la police, Coutheillas aurait quitté dès 1935, le Parti communiste.

Mobilisé en septembre 1939, il passa la guerre comme prisonnier en Allemagne. Il fut de 1945 à 1949 directeur du quotidien communiste, Les Allobroges, publié à Grenoble (Isère). Coutheillas et sa femme habitèrent Drancy jusqu’en 1935 puis dans le XVe arr. de Paris jusqu’en 1939. Son mariage ayant été dissous le 19 décembre 1945, il épousa en secondes noces, le 17 août 1946 à Paris XVe arr., Hélène Salomé Jund.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50903, notice COUTHEILLAS Louis, Pierre, André, parfois orthographié par erreur COUTEILHAS. [version DBK] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 19 juillet 2009, dernière modification le 4 mars 2017.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Komintern, RGASPI, Moscou, 495 270 8674 : questionnaire (1930) ; questionnaire pour l’ELI (Pradier Pierre), n° 1509, décembre 1931 ; autobiographie du 3 décembre 1931 ; autobiographie du 20 décembre 1933. — RGASPI, 495 270 6668 : dossier personnel de Marcelle Cassiot-Coutheillas. — Notice par Jean Maitron, DBMOF. — Annie Kriegel, Stéphane Courtois, Eugen Fried…, op. cit., notamment p. 161-168. — Marcel Cachin, Carnets, tome 4, 1935-1947…, op. cit.. — État civil du Touquet. F7 15016, Carnet de voyage de la délégation, Ensemble des pièces saisies chez un dénommé Marcon (https://anrpaprika.hypotheses.org/4243).

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