DOURDIN Gaston, Eugène, Arthur

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 17 décembre 1904 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), fusillé le 5 janvier 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier couvreur-plombier-zingueur ; militant des Jeunesses communistes et du Parti communiste à Saint-Denis, élève de l’École léniniste internationale en 1931 ; résistant.

Gaston Dourdin (parfois orthographié par erreur Dourdain) était le fils d’un ouvrier charpentier, responsable local de son syndicat, et d’une mère laveuse. Il avait deux frères et deux sœurs. Il fréquenta l’école primaire jusqu’à l’âge de onze ans, la guerre ayant interrompu sa scolarité, puis il travailla comme manœuvre jusqu’à quatorze ans. Ouvrier plombier dans le bâtiment jusqu’en 1924, il fit en 1924-1925 son service militaire comme simple soldat spécialisé dans le tir au fusil-mitrailleur. Il déclarait avoir participé à un travail illégal dans un régiment en liaison avec les Jeunesses communistes.
En octobre 1929 Gaston Dourdin épousa à Saint-Denis Marcelle Rats, fille d’un ouvrier sympathisant communiste employé dans une usine de blanchisserie. Il habita chez sa mère à Saint-Denis au moins jusqu’à son mariage.
Il travaillait vers 1930 à l’entretien dans une usine métallurgique d’Aubervilliers (BRC).
Gaston Dourdin adhéra aux Jeunesses communistes en 1924 et, après son retour du régiment, il occupa différentes responsabilités dans le 9e rayon de son organisation : responsable de l’agit-prop, secrétaire à l’action antimilitariste puis secrétaire du rayon en 1928-1929. Il fut pendant trois semaines en octobre-novembre 1929 gérant de L’Émancipation. Gaston Dourdin fut alors nommé secrétaire permanent du 9e rayon puis membre du bureau régional de la région parisienne. Adhérent à la CGTU depuis 1926, il siégeait au conseil syndical du Syndicat général du bâtiment où il représentait les couvreurs plombiers et était par ailleurs adjoint à la direction des fractions syndicales du PCF jusqu’en septembre 1930. Il fut alors envoyé comme instructeur dans le 7e rayon mais fut renvoyé à l’usine « pour faiblesse d’instruction politique ». En mars 1931, il suivit l’école du propagandiste, Victor Fay le considérait comme « Intelligent, monté trop tôt au poste responsable. Peut participer à la direction d’un rayon, assimile bien, semble savoir travailler en usine ». En février 1934 il fut mis à la disposition de la région parisienne et fréquenta en mars l’École régionale du Parti pendant quinze jours. Bien que la commission des cadres eût jugé sa biographie « faible » et qu’il « ne parût pas avoir profité beaucoup des enseignements de l’école » il fut considéré comme un « bon élément de base et politiquement développé ».
Il était marié et avait sa mère à charge. Son état de santé était considéré comme excellent. Le bureau de la région parisienne considérait que « ce militant a participé à des fonctions dirigeantes. Jeune dans le travail de direction. Faible théoriquement. A besoin d’éducation politique ? Sa faiblesse théorique entrave son activité et son rôle dans les fonctions qui lui sont confiées. Il a rempli ses fonctions avec dévouement, mais manque d’énergie politique et n’est pas méthodique dans son travail. Ses qualités et ses défauts personnelles : bonne volonté mais se renferme sur soi-même. A des difficultés à travailler collectivement ».
Il appartenait au deuxième contingent pour l’École léniniste internationale (ELI) d’un an, fort de vingt militants. Dans le questionnaire biographique établi en septembre 1931 lors de son arrivée à Moscou. Gaston Dourdin, qui avait choisi le pseudonyme de Gaston Vina, donnait comme garants... Pierre Celor, Henri Barbé, Jacques Doriot à un moment où les deux premiers étaient en accusation. Barbé qui, après avoir accusé Celor, s’occupait du suivi des élèves, lui reprocha d’avoir eu « quelque hésitation dans la question du groupe où il pensait que la lutte était exagérée ». Un autre cadre de l’ELI notait également que Dourdin avait eu « des manifestations de libéralisme au moment de la discussion [sur] le groupe Barbé-Celor-Havez », le jugeait sérieux et intelligent, pas bavard et pas curieux, lui trouvait des dons pour l’organisation surtout comme instructeur.
À son retour de Moscou Gaston Dourdin reprit son travail à l’usine BRC d’Aubervilliers.
Gaston Dourdin fut un des militants dionysiens qui refusèrent de suivre la dissidence de Jacques Doriot en 1934. Le Parti communiste le présenta à l’élection du conseil général le 26 mai 1935, contre le doriotiste Marcel Marschall. Il recueillit 17,5 % des inscrits, contre 41,3 % à Marschall. Membre du bureau puis secrétaire de la section communiste de Saint-Denis, Gaston Dourdin participa à la Résistance. Il était responsable de la reconstitution de la section de Saint-Denis.
Arrêté par la police française le 20 ou 22 septembre 1941 dans le cadre de l’affaire présentée par la préfecture de police comme « démantèlement d’un centre de propagande clandestine sur la région Paris-Ouest », Gaston Dourdin fut livré aux Allemands. Il fut condamné à mort le 22 décembre 1941 pour « intelligence avec l’ennemi » par le tribunal militaire de la Wehrmacht FK 758 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).
Gaston Dourdin a été fusillé le 5 janvier 1942 au Mont-Valérien ainsi que quatre de ses camarades arrêtés dans la même affaire : Émile Chrétien, Pierre Prual, Marcel Pointet et Pierre Le Corre.
Gaton Dourdin fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 5 janvier 1942 division 39, ligne 3, n°38 puis transféré le 27 février 1945 dans le carré de corps restitués des résistants au cimetière communal de Saint-Denis.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 25 octobre 1945.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Son fils vivait à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis).

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article50941, notice DOURDIN Gaston, Eugène, Arthur par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 19 août 2021.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

SOURCES : DAVCC, Caen. — RGASPI, Moscou, 517 1 998 517 1 1111 517 1 1113 ; 496.270.8429 : Questionnaire de juin 1930 ; Autobiographies : sept. 1931 (Vinar), et d’avril 1933. — Arch. PPo., BA 2117. — DMPA, BMC, dossier. — Institut Maurice Thorez, bobine 394 (déposé aux Arch. Dép. Seine-Saint-Denis). — Journal de Saint-Denis, juin 1935. — L’Humanité, 27 mai 1935. — PCF, Région Paris-Nord, VIIIe conférence régionale, 1945. — Jean-Paul Brunet, Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939) : problèmes d’implantation du socialisme et du communisme, thèse d’État, Paris IV, 1978. — Notes Sylvain Boulouque et Jean-Pierre Besse. — État civil, Saint-Denis : pas de mention de décès. — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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