ALÉONARD Jean

Par Michel Thébault

Né le 24 décembre 1844 à Janaillat (Creuse), mort en détention le 24 mai 1875 à Embrun (Hautes-Alpes) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard emprisonné.

Jean Aléonard était le fils de Léonard Aléonard cultivateur âgé de 39 ans et de Jeanne Vincent, âgée de 40 ans, domiciliés au lieu-dit Le Mas, commune de Janaillat. Il fut orphelin à 11 ans, au décès de sa mère le 5 septembre 1856. Il devint maçon, maçon de la Creuse, migrant saisonnier venant travailler sur les chantiers parisiens. Il se maria le 13 février 1868 à Janaillat avec Marie Boucher, âgée de 18 ans (née le 5 septembre 1849 à Janaillat). Ils eurent deux enfants, deux filles, Jeanne née le 10 novembre 1868 et Marie née le 25 octobre 1870. Lors des deux naissances Jean Aléonard est déclaré absent (maçon en saison à Paris). En 1870-1871, il était domicilié à Paris 13 Rue Neuve Saint-Médard dans le quartier du Jardin des Plantes, (Ve arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés en 1870-1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Jean Aléonard, s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde Nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde d’un franc cinquante par jour). Simple garde pendant le premier siège à la 3e compagnie de marche du 60e bataillon (appartenant à la Ve Légion, du Ve arrondissement de Paris), Jean Aléonard continua sous la Commune dans le même bataillon. Il fut arrêté, le 28 mai 1871, à la fin de la « semaine sanglante » à Ménilmontant, près de l’église.

Il fut condamné le 7 mai 1872 par le 14e Conseil de guerre. Le rapport de police préalable indiquait qu’il était sans antécédents judiciaires et qu’il s’agissait d’un « homme illettré qui a dû subir de mauvaises influences ». Le Conseil de guerre le condamna à la déportation simple et à la dégradation civique. Il obtint avant même son départ en déportation une remise de peine, commuée, le 9 décembre 1872, en cinq ans de détention avec dégradation, puis ramenée, le 23 décembre 1874, à quatre ans toujours avec maintien de la dégradation. Il fut détenu à la maison centrale de détention d’Embrun (Hautes-Alpes), une prison ouverte en 1803, fermée une première fois entre 1866 et 1872 et sans doute rouverte en 1872 pour incarcérer les nombreux prisonniers de la Commune. Jean Aléonard, âgé de 30 ans, mourut en détention le 24 mai 1875 à 3 heures du matin, à l’hôpital civil d’Embrun.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51087, notice ALÉONARD Jean par Michel Thébault, version mise en ligne le 15 juin 2022, dernière modification le 11 novembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/780. — Arch. Dép. Creuse (état civil) — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Pierre Urien, Les communards creusois et la vindicte versaillaise, Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse (SSNAH), 1993. — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse. — État civil Embrun, registre des décès 1875, acte n° 40.

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