ASSI Adolphe, Alphonse

Né le 27 avril 1841 à Roubaix (Nord), mort à l’hôpital militaire de Nouméa le 8 février 1886. Ouvrier mécanicien d’origine italienne, il prit une part active aux grèves du Creusot de janvier 1870. Il fut élu membre de la Commune, le 26 mars 1871, puis déporté en Nouvelle-Calédonie. Il n’appartenait pas à l’Internationale.

Adolphe Assi
Adolphe Assi

Né d’un père italien qui travaillait comme relieur, Assi, ouvrier mécanicien, s’engagea à 17 ans, alors qu’il habitait sans doute Paris, peut-être chez sa mère domiciliée rue Beaubourg. Deux ans plus tard, il désertait pour aller servir sous les ordres de Garibaldi.

Amnistié, il vint travailler à Roubaix, puis au Creusot où il fut embauché comme mécanicien-ajusteur, vers le milieu de 1868. « Brun, alerte, nerveux » (Lepelletier), il joua un rôle important dans les grèves de 1870. Il se posait alors, aux usines Schneider, le problème de la gestion de la caisse de secours dont le capital s’élèvera à 450.000 f. à la fin de 1869. Schneider avait promis de transférer l’administration de la caisse à un organisme élu. En janvier 1870, les ouvriers désignèrent un comité de gestion dont faisaient partie Assi et Janin. Le 19, Assi était congédié, mais tentait de demeurer au Creusot en s’établissant à son compte comme serrurier-mécanicien-armurier et prenait l’initiative d’une grève, qui échoua. Assi, qui avait sollicité à Paris, le 10 février, l’aide de la Fédération des sociétés ouvrières, revenait au Creusot le 25. Quelques jours plus tôt, le 18, Varlin avait tenu au Creusot une réunion privée et fait décider la formation d’une section de l’Internationale.
La fermentation persistait et, le 21 mars, une seconde grève éclata. Malon, représentant La Marseillaise, vint, le 3 avril, témoigner de la solidarité des ouvriers parisiens. Mais Schneider triompha et la grève prit fin les 14-15 avril. De nombreuses arrestations avaient eu lieu tout au cours de la grève qui furent suivies de condamnations, le 9 avril, par le tribunal d’Autun. Mais le comité de grève adhéra à l’Internationale (cf. L’Internationale et Testut, L’Internationale,). — Voir J.-B. Dumay. Assi, qui avait d’abord pris la fuite, revint fin avril. Arrêté le 1er mai, il fut transféré à Paris le 4.

Il fut alors impliqué dans le troisième procès de l’Internationale, mais, le 8 juillet, renvoyé des fins de la prévention, sans amende ni dépens. Voir Eugène Varlin. Il déclara au cours du procès : « Je ne suis pas de l’Internationale ; mais mon intention est, après le jugement, d’y adhérer » (cf. p. 142). Il ne paraît pas avoir donné suite à son projet. Et, en juillet 1871, Marx put répondre à une question du correspondant du New-York Herald relative à l’appartenance d’Assi à l’Internationale : « Non, il ne l’a jamais été. Mais son nom était sur la liste des clubs qui se réunissaient pendant le siège et il n’a été élu que parce que son nom commence par un A. Quand on a établi la liste des candidats pour Paris, il en manquait un, et quand on a examiné les noms par ordre alphabétique, celui d’Assi venait ; il a été choisi parce qu’on n’avait pas le temps de chercher plus loin. C’est un imbécile et je doute de son honnêteté. Beaucoup le considèrent comme un mouchard aux ordres du gouvernement de Versailles. » (Cf. Le Mouvement social. L’accusation de mouchardage qui aurait été rapportée par Marx n’a jamais reçu un commencement de preuve ; il n’est pas inutile de signaler que Marx a protesté publiquement contre cette publication, voir lettre traduite par M. Rubel dans Le Mouvement social).

En juillet 1870, Assi approuva le manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous les pays (cf. Le Réveil).

Pendant la guerre, il fut lieutenant au 192e bataillon de la Garde nationale et l’un des organisateurs du Comité central dont il devint membre au début de mars. Le 17 de ce même mois, il était élu commandant du 67e bataillon et, le 18 mars, il donnait des ordres pour que l’on s’emparât de l’Hôtel de Ville. Le lendemain, il était élu colonel et nommé gouverneur de l’Hôtel de Ville. Le 26 mars, il devenait membre de la Commune pour le XIe arr. (19.890 voix sur 25.183 votants) et, trois jours plus tard, il faisait partie de la Commission de sûreté générale. Mais, le 1er avril il était arrêté (la Commune aurait redouté, semble-t-il son ambition) et le demeurait quinze jours. Libéré le 15, il était délégué le lendemain aux fabrications de guerre avec J.-B. Clément. Il ne prit pas part au vote sur le Comité de salut public.

Arrêté à Passy le 22 mai 1871, Assi comparut devant le 3e conseil de guerre. Il eut une attitude courageuse, reconnut être franc-maçon — Voir E. Thirifocq — mais ne répondit pas nettement à la question relative à son adhésion à l’Internationale. Il fut condamné, le 2 septembre suivant, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Le 16 avril 1875, il fut condamné à un an de prison pour complicité dans une tentative d’évasion. En 1880, il quittait la presqu’île Ducos pour s’installer à Nouméa comme mécanicien-ajusteur.
Durant sa détention, il avait été assez mal noté. En 1876, il avait encouru déjà sept punitions, et un rapport de police disait alors de lui qu’il était un « homme nul et sans intelligence, orgueilleux à l’excès », appréciations confirmées par Rochefort* dans ses aventures de ma vie. « Il est également nul comme ouvrier », était-il ajouté. Dix ans plus tard, au lendemain de sa mort, les journaux le Néo-Calédonien et l’Indépendant se répandaient au contraire en propos flatteurs à son égard et rendaient hommage à son caractère énergique et droit qui lui avait gagné l’estime de ses concitoyens. Il avait été élu membre du conseil municipal, s’était montré un fidèle de la Loge, et le Gouverneur assista à ses obsèques, le 9 février 1886.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51442, notice ASSI Adolphe, Alphonse , version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 5 avril 2020.
Adolphe Assi
Adolphe Assi

ŒUVRE : Aux ouvriers du Creusot, leurs délégués [Chalon-sur-Saône, 1870], in-8°, 1 p., recto. Signé : Assi, président, Janin secrétaire (Bibl. Nat., Lb 56/2560).

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/830, n° 955. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Arch. Mun. Roubaix, I/II, 3/II. — L’Internationale, 24 avril 1870. — Troisième procès de l’AIT à Paris, 1870. — Le Réveil, 12 juillet 1870. — Testut, L’Internationale, 7e éd. Paris, Versailles, 1871, p. 89. — E. Lepelletier, Histoire de la Commune de 1871, Paris, 1913, t. II, p. 16. — La lutte ouvrière à la fin du Second Empire, par F. L’Huillier, Paris, 1957. — Calédoniens. Répertoire bio-bibliographie de la Nouvelle-Calédonie, par O’Reilly, Paris, 1953. Cf. Le Mouvement social, n° 38, janvier-mars 1962.

ICONOGRAPHIE : Arch. PPo., E a/101/16 et Album 286/43. — Bruhat, Dautry, Tersen, La Commune de 1871, op. cit., p. 115.

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