BACHRUCH Henri [ou Henry]

Par Jean Maitron, Julien Chuzeville

D’origine hongroise ; joaillier à Paris ; membre de l’Internationale.

Henri Bachruch (son prénom est parfois orthographié Henry), d’origine juive hongroise, qui habitait à Paris, 23, rue de l’Échiquier, Xe arr., collabora, en 1869, au Travail, organe de l’Internationale, et fut avec Léo Frankel un des organisateurs, puis le secrétaire, en avril 1870, de la Section allemande de l’Internationale à Paris.

Au lendemain de la condamnation qui mit fin au 3e procès de l’Internationale et déclara l’association dissoute, en juillet 1870, Bachruch, Charles Keller, Eugène Langevin et Paul Robin, membres de la commission de statistique nommée par le Conseil fédéral parisien, déclarèrent continuer l’œuvre en leur nom personnel jusqu’au jour où il leur serait possible de rendre compte à ceux qui les avaient nommés. Pendant l’été 1870, il correspondit avec Eugène Varlin, qui était alors exilé en Belgique.
Le 4 septembre 1870, Bachruch fut un des signataires de l’appel au peuple allemand rédigé par des délégués de l’Internationale parisienne et de la Chambre fédérale des sociétés ouvrières réunies à la Corderie du Temple. Cet appel, qui déclarait en particulier : « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire », se prononçait pour une alliance en vue de fonder les États-Unis d’Europe (L’Internationale, 11 septembre 1870). Il signa également, avec Benoit Malon et Eugène Varlin, au nom du Conseil fédéral parisien de l’Internationale, une circulaire aux Internationaux de province qu’on peut dater des premiers jours de la République :
« Par tous les moyens possibles, nous concourons à la Défense nationale qui est la chose capitale du moment. Depuis la proclamation de la République, l’épouvantable guerre actuelle a pris une autre signification ; elle est maintenant le duel à mort entre le monarchisme féodal et la démocratie républicaine. Paris assiégé par le roi de Prusse, c’est la civilisation, c’est la révolution en péril. Nous voulons défendre Paris à outrance [...]
« Notre révolution à nous n’est pas encore faite et nous la ferons lorsque, débarrassés de l’invasion, nous jetterons révolutionnairement les fondements de la société égalitaire que nous voulons. » (Cité par J. Rougerie, Le Mouvement social.)

Le 12 janvier 1871, il présida la séance du Conseil fédéral des Sections parisiennes de l’Internationale, au cours de laquelle il fut nommé membre de la commission de rédaction de la partie qui devait être réservée à l’AIT dans la Lutte à outrance ; mais ce journal disparut avant que cela ne se concrétise (Séances officielles... ). Il était de nouveau présent lors de la réunion du 19 janvier.
Henri Bachruch quitta Paris le 6 février 1871 avec le couple Hins et arriva à Bruxelles le 9 avant de regagner la Hongrie. Le 1er mars 1871, Frankel informa le Conseil fédéral des Sections parisiennes de l’AIT : « En Hongrie, à Pesth, Bachruch et nos amis provoquent des réunions publiques ».

Bachruch ne resta pas longtemps en Hongrie, puisqu’il assista comme invité aux séances du Conseil général de l’AIT, à Londres, les 25 juillet et 1er août 1871. Il serait ensuite revenu à Paris au cours de l’été (cf. Minutes..., vol. 4).

Le 20 mars 1873, Frankel écrivait à Marx que l’adresse de Bachruch était « 12, rue St. Georges » (IXe arr.).

Il se confond probablement avec Henry Bachruch, né le 14 février 1849 à Budapest, mort à Paris à son domicile du 13, rue de Berlin (aujourd’hui rue de Liège, IXe arr.) le 10 janvier 1913, qui était alors conseiller de commerce extérieur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51629, notice BACHRUCH Henri [ou Henry] par Jean Maitron, Julien Chuzeville, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 20 juin 2021.

Par Jean Maitron, Julien Chuzeville

SOURCES : Arch. PPo., B a/439, Rapport Testut. — Signature autographe d’Henri Bachruch, 18 décembre 1870, à Arch. PPo., B a/441, pièce 6541-6542. — Le Conseil général de la 1re Internationale. Minutes. Édition soviétique en langue russe, 1er vol., 1864-1866, Moscou, 1961, 2e vol., 1866-1868, Moscou, 1963 ; 3e vol., 1868-1870, Moscou, 1964, 4e vol., 1870-1871, Moscou, 1965 — La Marseillaise, 20 février 1870, liste des membres de la Section allemande. — Les Séances officielles de l’Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune, 2e édition, Paris, E. Lachaud, Paris, 248 p. — O. Testut, L’Internationale, 7e édition, Paris, Versailles 1871. — J. Rougerie, Le Mouvement social, n° 37, oct.-déc. 1961, pp. 7 et 8. — Michel Cordillot, Eugène Varlin, internationaliste et communard, Paris, Éditions Spartacus, 2016. — Le Temps, 12 janvier 1913. — État civil de Paris. — Deux lettres de Varlin à Bachruch, 27 octobre 1869 et 19 août 1870, sont publiées dans Eugène Varlin, ouvrier relieur 1839-1871, écrits rassemblés et présentés par Michèle Audin, Libertalia, 2019. — Notes de Jean Puyissant.

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