BARON Jean

Par Notice complétée par M. Cordillot

Tenancier de café-restaurant ; exilé à New York sous l’Empire, reparti en France pour défendre la République ; de retour à New York après avoir combattu avec les communards ; membre actif de l’URLF et de l’Internationale ; proche des blanquistes et adhérent du GRSI ; membre du comité de gestion du Socialiste ; un des dirigeants de la Société des réfugiés de la Commune de New York.

Démoc-soc parisien exilé à New-York sous l’Empire, Jean Baron tenait à la fin des années 1860 une pension-restaurant installée 23 Wooster Street à New-York. Il figura vraisemblablement parmi les fondateurs de l’Union républicaine de langue française (URLF) dans cette ville puisqu’il fut élu premier vice-président du Comité central new-yorkais le 12 décembre 1869. Deux mois plus tard, il fut l’un des organisateurs du banquet commémoratif de l’anniversaire du 24 février.
Parti avec le contingent des volontaires de l’URLF pour défendre la République au lendemain du 4 septembre 1870, Jean Baron fut membre de la Garde nationale parisienne et participa à la Commune de Paris. Il était toutefois de retour à New-York, dès la fin de l’été 1871, ainsi que l’atteste sa présence parmi les organisateurs du banquet de l’URLF pour la commémoration du 22 septembre.
Jean Baron reprit alors, en succédant à Louis Miège, un commerce de vins et liqueurs situé 132 Prince Street. Son établissement devint rapidement un des lieux de rendez-vous privilégiés des militants new-yorkais. Ils pouvaient tout à la fois s’y restaurer, y lire et y acheter Le Socialiste, s’y informer sur les actions en cours et y rencontrer les amis.
Jean Baron, qui avait adhéré à l’AIT, fut personnellement très actif dans l’organisation de la souscription au bénéfice des veuves et orphelins des combattants de la Commune : représentant la commission new-yorkaise à la réunion des agents locaux qui se tint le 24 novembre 1872 chez Debuchy, il démissionna pour protester contre l’élection de Gustave May au poste de trésorier général ; il fut toutefois immédiatement réélu par les militants.
Proche de la mouvance blanquiste, il adhéra au Groupe Révolutionnaire Socialiste International (GRSI) lors de sa fondation en janvier 1873, et il accueillit chez lui les réunions de cette organisation. Au cours des semaines suivantes, il joua un rôle de premier plan dans l’organisation de la commémoration du 18 mars et dans l’organisation d’un bal au bénéfice du Socialiste (il était à cette époque membre du comité de gestion de ce journal). Toujours membre de l’URLF par ailleurs, il organisa de même pour le compte de cette organisation la commémoration en 1874 de l’anniversaire du 24 février. Il était toujours abonné au Bulletin de l’Union républicaine en 1876.
En janvier 1876, Jean Baron fut en sa qualité de membre du comité exécutif du groupe communiste-révolutionnaire de New-York, l’un des signataires du manifeste d’inspiration blanquiste adressé aux Communards proscrits et autres révolutionnaires, dans lequel il expliquait pourquoi ses membres étaient « communistes, [..] athées, [..] révolutionnaires, [..], autoritaires, [..] communeux. » :
« Dans l’armée de la Révolution, les moyens les plus efficaces à employer pour l’extermination complète de la bourgeoisie, les meilleures armes pour se défendre contre les agressions et les pièges de ses valets sont : les représailles, l’immolation impitoyable de tous nos ennemis, la destruction de leurs palais et de leurs propriétés par l’incendie...
« Avec le dernier prêtre disparaîtra le dernier vestige d’abrutissement et d’erreur. Avec le dernier bourgeois disparaîtra le dernier vestige de l’oppression et de la misère. Le moment approche où les événements vont nous faire surgir sur le terrain de la revanche pour la dernière lutte et la victoire définitive.
« Communistes, athées, révolutionnaires, serrons les rangs. Qu’un parti plus sacré que celui de la Sainte-Alliance nous unisse pour marcher à la conquête du pouvoir politique pour l’extermination complète des jésuites et de la bourgeoisie. »
Les réfugiés de la Commune signataires de ce texte étaient Jean Baron, Blein-Montreinal, Louis Crosse, Henri Hanser, Robinet, Jules Thomas et L. Willermain.
Jean Baron figura encore parmi les 54 signataires de la lettre de soutien qu’adressèrent le 31 décembre 1877 les communistes new-yorkais aux membres de la communauté icarienne à la demande de Sauva (voir Ollivier ; Prudhommeaux, p. 530). L’année suivante, il fut l’un des organisateurs coordonnateurs chargés par la Société des Réfugiés de la Commune de préparer la cérémonie anniversaire du 18 mars à New York (L’Égalité, (Paris), 14 avril 1878, citant le New York Herald).
La trace de Jean Baron se perd ensuite définitivement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article51881, notice BARON Jean par Notice complétée par M. Cordillot, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 28 mai 2021.

Par Notice complétée par M. Cordillot

SOURCES : Arch. PPo., B a/435, rapport du 28 mai 1876. — Socialiste,1er décembre, 29 décembre 1872, 26 janvier, 16 février, 9 mars, 27 avril, 4 mai, 11 mai 1873 entre autres. — L’Égalité (Paris) 14 avril 1878, citant le « New York Herald" — Jules Prudhommeaux, « Icarie et son fondateur Étienne Cabet », Cornély & cie, 1907, p 531. —Bulletin de l’URLF.15 décembre 1869, 1er février1870, 20 août 1871, 6 février 1874, 12 juin 1875 entre autres. — M. Cordillot, « Les Blanquistes à New York », Bulletin de la Société d’Histoire de la Révolution de 1848, Paris, 1990.

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