JOLLY Louis, Émile

Par Didier Bigorgne

Né le 4 février 1908 à Sedan (Ardennes), mort le 1er novembre 1995 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; cheminot ; syndicaliste CGT ; résistant, militant communiste jusqu’en 1960, et du Mouvement de la paix ; maire de Villers-Semeuse (Ardennes) de 1946 à 1965, puis de 1971 à 1977.

Louis Jolly était le fils de Ernest Jolly, voyageur de commerce, et de Henriette Guillaume, concierge. Il débuta au dépôt de Mohon de la Compagnie des chemins de fer de l’Est en qualité de chauffeur de route. Victime d’une pleurésie il fut contraint d’abandonner son métier. Il fut alors muté aux ateliers de Mohon où il devint ajusteur. Le 3 mai 1930, il se maria à Mohon avec Madeleine Huguette Baré, sans profession, qui lui donna une fille et un garçon. La famille s’installa dans la ville voisine de Villers-Semeuse.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Louis Jolly participa à la Résistance dans les rangs des FFI. À la fin du conflit, il fut président du comité de Libération de Villers-Semeuse, avant d’être nommé conseiller municipal le 20 octobre 1944. Jolly qui avait adhéré à la CGT et au Parti communiste fut élu secrétaire de la section locale du Front national de 25 février 1945. Il devintt secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Mohon en 1950.

Le 29 avril 1945, Louis Jolly fut réélu conseiller municipal de Villers-Semeuse sur la liste d’Unité républicaine qui remporta tous les sièges. En janvier 1946, il fut élu maire, succédant ainsi à Georges Féry. Il conduisit avec succès la liste communiste aux élections municipales d’octobre 1947 et fut réélu maire de Villers-Semeuse. En novembre 1948, suite à la grève générale dans les houillères, il fut suspendu de sa fonction, avec ses deux adjoints Roger Félix et Pierre Milly, pour s’être élevé contre la mort du mineur Barbier tué par les CRS et pour avoir appelé la population de Villers-Semeuse à tout mettre en œuvre afin d’aider les mineurs et d’héberger leurs enfants.

Réélu maire en 1953, puis 1959, Lous Jolly s’éloigna progressivement du Parti communiste : il abandonna sa responsabilité de membre du comité de section en décembre 1959, il cessa de diffuser L’Humanité-Dimanche en 1960, il refusa de reprendre sa carte d’adhérent en janvier 1961. La rupture fut consommée au conseil municipal après la décision de Jolly d’accorder un tarif préférentiel sur le prix de l’eau à la société des Coopérateurs de Lorraine installée dans la commune. Une partie des élus soutenue par la section locale du Parti communiste s’opposa à Louis Jolly qui démissionna le 5 octobre 1961 avec onze conseillers municipaux (sept communistes et quatre indépendants de gauche). À l’élection complémentaire du 29 octobre suivant, la liste d’Union laïque et de défense des intérêts communaux conduite par Louis Jolly triompha en recueillant 82 % des suffrages exprimés ; Jolly redevint maire. Il fut battu au scrutin municipal de 1965, mais retrouva son poste de maire après le succès de sa liste aux élections municipales de mars 1971. Il termina sa carrière d’élu local en qualité de premier adjoint au maire Roger Aubry,( futur président divers droite du conseil général des Ardennes), de 1977 à 1983.

Louis Jolly milita pour la paix. En 1953, il était membre du bureau du Comité départemental des Ardennes du Mouvement de la paix. Il participa aux grandes manifestations contre la remilitarisation de l’Allemagne. En janvier 1962, il fut condamné à mort par l’OAS dans la presse locale6 après ses prises de position pour l’indépendance de l’Algérie.

Louis Jolly partit à la retraite de la SNCF en 1966. Il vécut à Villers-Semeuse et y fut inhumé. À sa mort, il était toujours membre de la section de Mohon de la Fédération des cheminots retraités CGT. Il était titulaire de la médaille de la Résistance et Chevalier du Mérite social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5200, notice JOLLY Louis, Émile par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 2 septembre 2019.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 3 M 8 et 9. — Liberté, 1945, 1947 et 1948. — L’Humanité-Dimanche, n° 687, 22 octobre 1961, et n° 688, 29 octobre 1961. — Bulletin municipal de Villers-Semeuse, n° 31, février 1996. — Presse locale. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé. — Etat-civil de Sedan.

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