Né en 1847 à Paris, mort le 16 février 1871 à Marseille. Journaliste démocrate et socialiste ; probablement membre de l’Internationale.
Albert Baume était le fils de Louis Edmond Baume (1803-1863), avocat, représentant du Var à l’Assemblée Constituante de 1848 (voir ce nom). Albert Baume fit son droit à Paris et adhéra de bonne heure aux idées démocratiques et socialistes. Dès 1866, il publia une brochure sur la Question sociale, dans laquelle il se faisait l’apôtre du mouvement coopératif, à condition qu’il soit d’initiative ouvrière et complètement dégagé de toute tutelle des pouvoirs publics : « Alors seulement [les ouvriers] auront passé de l’état de salariés à celui d’associés libres, comme autrefois les esclaves passèrent à l’état de serfs, et les serfs à l’état de salariés libres ». Le 4 juillet 1868, il signa le manifeste des coopérateurs publié par La Réforme.
Comme journaliste, il collabora au Réveil et au Rappel, puis vint, en octobre 1869, à Toulon (Var) où il fonda Le Rappel de la Provence, journal démocratique hebdomadaire du Var et des Basses-Alpes, qui s’imprima à Cannes, mais dont les bureaux étaient à Toulon. Le prospectus du journal exposait son programme, qui, sur le plan politique, reprenait à peu près les thèmes du programme de Belleville de Gambetta en avril 1869, mais mettait aussi l’accent sur « le développement et la multiplicité des sociétés coopératives, constamment à l’ordre du jour, et qui devront être la principale préoccupation de la représentation nationale » pour essayer de donner aux travailleurs « un peu de ce bien-être, garantie de l’indépendance civique, dont ils ne jouissent pas. ». Le journal obtint rapidement une influence notable. Il attaqua vivement Émile Ollivier et le ministère du 2 janvier, et continua de paraître malgré une lourde condamnation infligée à Baume en février : quatre mois de prison et 3 000 F d’amende. Au moment du plébiscite, Baume appela à voter non, et parcourut le département du Var, participant à de nombreuses réunions anti-plébiscitaires ; le n° du 7 mai ayant laissé entendre que le récent complot contre l’empereur était une machination policière, Baume fut arrêté, mais son journal continua de paraître : le n° du 11 juin 1870 (Arch. Dép. Var, dossier 1 J 4 — c’est le seul n° connu) indique qu’il a 1 200 abonnés et rayonne sur le Var, les Bouches-du-Rhône, les Basses-Alpes et les Alpes-Maritimes.
Aux élections municipales d’août 1870, alors qu’il purgeait une peine de prison, Baume posa individuellement sa candidature à Toulon, sur l’invitation d’électeurs du faubourg ouvrier du Pont-du-Las. Sa circulaire, d’inspiration nettement socialiste, et l’appui moral de Louis Blanc ne suffirent pas à assurer son succès : les radicaux de Toulon, qui présentaient une liste homogène, ne l’ayant pas appuyé, il n’obtint au premier tour que 1 488 voix sur 15 021 inscrits et 6 031 votants, la tête de liste des radicaux en obtenant 3 204 ; le faubourg ouvrier du Pont-du-Las lui donnait une minorité plus honorable : 249 voix sur 1 946 inscrits et 767 votants (515 au mieux placé des radicaux).
Au second tour, qui assura le triomphe de la liste radicale, il n’eut que 1 189 voix (Arch. Dép. Var).
Sous le Gouvernement de la Défense nationale, c’est à Marseille que s’exerça son activité. Il appartint vraisemblablement à l’Internationale et aida Bastelica dans son travail d’organisation (cf. Arch. PPo., et Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, — Voir J. Vasseur) Au 4 septembre, il fit partie, avec Delpech et Naquet entre autres, de la Commission départementale provisoire, née de la fusion entre la municipalité et le comité de Salut public qui venait de se créer dans les bureaux du journal Le Peuple (A. Olivesi, La Commune de 1871 à Marseille). Avec le préfet Esquiros, dont il fut le chef de cabinet, il adhéra à la Ligue du Midi, qui fut désavouée par Tours, et dont il alla vainement plaider la cause auprès de Gambetta (cf. sa dépêche du 28 octobre, dans l’Enquête parlementaire sur les actes du Gouvernement de la Défense nationale). Il figura, aux élections municipales de novembre, sur la liste radicale qui échoua devant celle des républicains modérés. Il fit partie du Cercle républicain du Midi fondé le 15 novembre et qui, en accord avec l’Internationale, tenta de ressusciter l’esprit et les buts de la Ligue du Midi (Olivesi, op. cit.).
Albert Baume mourut le 16 février 1871, alors qu’il venait d’adhérer à un nouveau comité dit de Salut public, et qui comprenait entre autres Gambetta, Esquiros, Lullier et Royannez (cf. le journal Le Rappel marseillais, numéros des 4 et 18 février 1871).
ŒUVRE : Question sociale. — De l’esprit du mouvement coopératif et de ses tendances, Paris, 1866 (Bibl. Nat., R 27.848), brochure de 16 pages.
SOURCES : Arch. PPo., B a/439. —Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/3386 ; coll. Le Rappel marseillais, numéros des 4 et 18 février 1871. — Arch. Dép. Var, 3 Z 4/2 ; 2 M 7/11/6 ; dossier 1 J 4 qui contient le n° du 11 juin 1870 qui est le seul n° de Le Rappel de la Provence, journal démocratique hebdomadaire du Var et des Basses-Alpes connu.— Enquête parlementaire sur les actes du Gouvernement de la Défense nationale, Dépêches télégraphiques officielles, Versailles 1875, dépêche du 28 octobre. — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire, Paris 1906, p. 436-437. — E. Constant, « Notes sur la presse dans le département du Var sous le Second Empire », Provence historique, juillet-septembre 1960, p. 255 et suiv.) — A. Olivesi, La Commune de 1871 à Marseille, Paris 1950, p. 7, p. 124 et 127.