BÉNOT Victor, Antoine . Écrit parfois Bénaud

Né le 26 février 1839 à Paris (XIe arrondissement, ancien VIIIe). Marié, père de trois enfants. Garçon boucher, devenu sous la Commune colonel au « régiment Bergeret ». Fusillé à Satory le 22 janvier 1873.

Il s’était engagé volontairement au 10e régiment de ligne, le 1er mars 1850. En Afrique, sa conception de la vie militaire laissa des traces dans son dossier et contribua peut-être à influencer ses juges au conseil de guerre : il y subit en effet trois condamnations : du 2e conseil de guerre (9e division militaire), le 10 janvier 1851, à deux ans de prison pour vente d’effets ; à trois ans de prison pour filouterie (Constantine, 30 octobre 1852) et enfin à deux ans par le 2e conseil de guerre, le 18 mars 1854, pour « dissipation d’effets » (Alger). Il passa des années aux bataillons d’Afrique jusqu’à son congé, pris au 10e de ligne, le 20 septembre 1861. Il regagna Paris et vécut avec sa famille, 149, rue de Flandre, XIXe arr.

Pendant le Siège, il devint officier. Puis, du 5 au 13 mars 1871, il travailla comme garçon boucher à 10 F par jour, et son patron lui marquait assez de confiance pour lui laisser la maison tandis que lui-même allait au ravitaillement en Normandie. Le 18 mars trouva Bénot lieutenant à la 2e compagnie du 230e bataillon, et, le 31, il fut élu au commandement de son bataillon. Le 5 mai, il fut appelé à la tête du 1er régiment Bergeret, qui comptait cinq bataillons. Ce régiment, dit par Versailles « des incendiaires », occupa tour à tour la place Vendôme, la porte de Passy, la caserne de la Pépinière et le Louvre dont son colonel devint ainsi gouverneur, du 3 au 24 mai ; puis il se replia avec 1 500 hommes place Voltaire, dirent ses accusateurs, qui lui prêtèrent l’organisation de la résistance à la mairie du XIe (24 mai) ; il gagna ensuite le XIXe, le XXe, et fut arrêté, le 28, à la barricade de la rue Rébeval, XIXe arr.
Les griefs contre lui furent de deux sortes : Avait-il mis le feu aux Tuileries et à la bibliothèque du Louvre ? Avait-il participé au massacre de la rue Haxo (XXe arr.) ? Le premier chef d’accusation fut assez mal prouvé : on érigea en certitudes des témoignages nuancés ou même contradictoires : pour un témoin disant qu’il était violent et battait sa femme, un autre se rétracta, d’autres rapportèrent des on-dit, ne connaissaient pas même l’accusé ou employaient des formules dubitatives ; il « a dû » faire ceci ou il « aurait » fait cela. Au Louvre, il « aurait » donc contraint par la violence les employés à conserver leur poste, et plus tard à construire une barricade. Il aurait, les 19 et 20 mai, recherché les souterrains qui font communiquer le palais avec l’Hôtel de Ville. Selon un témoin oculaire, il avait participé à la réunion que présida Bergeret, où fut envisagé l’incendie des Tuileries ; au général, présenté comme son alter ego, l’accusé aurait dit : « Je m’en charge » ; de même il aurait mis le feu à la bibliothèque du Louvre.

Il jura s’être rendu le 26 mai à la barricade de la rue Rébeval en fin de matinée, puis avoir gagné la barrière de Montreuil ; si bien qu’il serait arrivé seulement le soir vers 19 heures sur le lieu de la tragédie des otages, alors que celle-ci était achevée. Que croire ? L’avocat de Bénot tira argument du fait que le principal témoin à charge était le neveu de Clément Thomas, lui aussi partisan de la Commune ; malgré son insistance, le 6e conseil, jugeant du meurtre des otages, condamna Victor Bénot à mort, le 21 mars 1872 ; la sentence fut commuée, le 30 juillet 1872, en travaux forcés à perpétuité, mais il fut condamné une deuxième fois par le 3e conseil de guerre, le 19 septembre 1872, et la sentence, confirmée en révision le 25 novembre, fut exécutée le 22 janvier 1873.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article52417, notice BÉNOT Victor, Antoine . Écrit parfois Bénaud, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 25 décembre 2020.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/742. &#8212. — Arch. Min. Guerre, 3e et 6e conseils. — Bulletin des arrêts de la cour de cassation rendus en matière criminelle, 1872, p. 191.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, Éditions Flammarion, Paris, 1938., p. 406.

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