Né le 16 juillet 1842 à Moulins (Allier) ; voyageur de commerce ; demeurant à Paris ; communard, envoyé par la Commune de Paris dans la Nièvre pour propager le mouvement insurrectionnel.
Bernard fut fourrier d’ordre pendant le siège de Paris et la Commune. Il appartint à la 2e compagnie de marche du 93e bataillon de la Garde nationale. Fin mars 1871, il entra comme secrétaire avec le grade d’adjudant à la XIIe légion, aux appointements mensuels de 150 F. Dans le courant de mai, il fut nommé capitaine adjudant-major sous les ordres de Ramaix pour opérer dans la Nièvre et il quitta Paris après avoir reçu une somme de 140 F. Parvenu à Nevers, il assista à plusieurs réunions groupant des sympathisants de la Commune au café de la Paume, puis se rendit à Clamecy (Nièvre). Le 7 juin, il fut arrêté à Nevers.
Bernard fit partie d’un groupe de prévenus inculpés devant le 3e conseil de guerre d’avoir tenté de propager le mouvement insurrectionnel dans leur département d’origine : Bouché É., R. Boudrey, J. Chandioux, C. Courot, J. Gibault, J. Godard, E.-L. Humbert, L. Marion, A. Origet-Ducluzeau, Ravier É., H. Rebecky, F. Simonet.
Le 3e conseil de guerre le condamna, le 8 juillet 1872, à cinq ans de détention. Il n’avait subi antérieurement aucune condamnation, mais il était signalé dans un rapport de police « comme un communard exalté qui a fait partie du Comité de la rue d’Aligre. »
Il bénéficia de la remise du reste de sa peine le 27 juin 1876, et de la surveillance le 26 juin 1878.
L’affaire des envoyés de la Commune de Paris dans la Nièvre se présente comme suit, selon les sources dont nous disposons. Au début de mai 1871, la Commune avait cherché à monter des soulèvements en province, et le département de la Nièvre fut choisi pour tenter une diversion sur les arrières de l’armée de Versailles. Un certain nombre d’émissaires furent choisis, dont la mission était de s’enquérir de l’état des esprits, puis, à un signal donné, d’incarcérer les autorités civiles et militaires, de s’emparer des administrations et services publics. À cet effet, on nomma un colonel et commissaire central — le citoyen Ramaix — ayant titre de chef d’armée, un commissaire par sous-préfecture, un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un capitaine inspecteur.
Telle est du moins la version des autorités versaillaises. Il semble bien que si des émissaires furent effectivement envoyés dans la Nièvre pour y susciter des manifestations de sympathie à l’égard de la Commune de Paris, le plan élaboré fut beaucoup moins étudié et mis au point qu’il n’est dit plus haut. Quant aux émissaires qui partirent de Paris entre le 12 et le 15 mai avec un laissez-passer et un viatique « qui paraît varier de 60 à 100 F », leur action fut nulle. Il est vrai que l’entrée des Versaillais dans Paris ne leur laissa pas grand délai. Certains réussirent à prendre la fuite.
D’après la Gazette des Tribunaux les recommandations faites aux envoyés de la Commune en province étaient les suivantes :
« 1°) Ne faire connaître sa qualité et l’esprit de sa mission qu’à des amis politiques sûrs et pouvant être utiles ;
« 2°) Se mettre en relations avec les journaux, et, dans le cas où il n’en existerait pas, les remplacer par des écrits, circulaires et copies imprimées, en retraçant le fond et la forme du gouvernement de la Commune ;
« 3°) Agir par et avec les ouvriers ;
« 4°) Empêcher le recrutement pour l’armée de Versailles ; faire écrire aux soldats pour les détourner de la guerre contre Paris, en un mot, enrayer par tous les moyens possibles tous les efforts du gouvernement de Versailles. »
La Gazette des Tribunaux des 8-9 juillet 1872 cite le nom d’autres émissaires qui se seraient rendus à Nevers entre le 12 et le 15 mai 1872. Ce sont : Pierre Boussard, Dauvé, Sevestre. Le premier président de la cour de Bourges, dans son rapport des 25-29 août 1871, publié dans l’Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, fait état de quatre émissaires de la Commune arrivés à Clamecy (Nièvre) le 15 mai 1871, qui furent arrêtés quelques jours plus tard : Courrot, capitaine (qui est certainement Courot Clément), Lagrange, sous-lieutenant, Maseau, lieutenant, Rousseau, délégué civil.
Enfin le procureur de la République de Cosne-sur-Loire, le 16 août 1871, établit comme suit la liste des émissaires de la Commune dans la Nièvre :
Clamecy : Boussard (commissaire civil), Courot (capitaine), Marion (lieutenant), Lagrange (sous-lieutenant).
Cosne : Chandioux (commissaire civil), Rousselin (capitaine), Godard (lieutenant), Perché (sous-lieutenant).
Fourchambault : Charton (capitaine), Gourlot (lieutenant), Bouché (sous-lieutenant).
Nevers : Ramaix, ancien coiffeur de Montgeron (Seine-et-Oise), fils d’un couvreur de Cosne (colonel commandant l’armée du Centre) ; Arriger (inspecteur général et commissaire civil central), Mazzoni (Italien, ex-garibaldien, commandant d’état-major), Humbert ou Imbert (capitaine, directeur du télégraphe), Ayotte, armurier à Paris-Bercy (directeur de l’artillerie), Pravier (capitaine d’état-major), Bernard (capitaine d’état-major), Ambroise Jean-Baptiste (capitaine), Ambroise Pierre, frère du précédent (lieutenant), Simonet (sous-lieutenant d’état-major), Robecki (sous-lieutenant d’état-major), Danvy (adjudant d’état-major), Presle (sous-lieutenant d’état-major), Deville (adjudant d’état-major).
Il résulte de tout ceci que la liste générale des émissaires de la Commune de Paris dans la Nièvre peut être établie comme suit : Ambroise J.-B., Ambroise P., Arriger, Ayotte, Bernard J.-A., Bouché E., Boudrey P., Boussard F., Boussard P., Chandioux J., Charton, Courot C., Danvy, Dauvé, Deville, Gibault J., Godard J., Gourlot, Humbert E.-L. (ou Imbert ?), Lagrange, Marion L., Maseau, Mazzoni, Origet-Ducluzeau A., Perché, Pravier, Presle, Ramaix (ou Rameix ?), Ravier E., Rebecky H. (ou Robecki ?), Rousseau, Rousselin, Sevestre, Simonet F.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/765 et C 2882 (Nièvre). — Gazette des Tribunaux, 8-11 juillet 1872. — La Réforme sociale (à partir du n° 219, 10 août 1895).