BERTIN Georges [BERTIN Jean-Baptiste, Georges]

Par Julien Chuzeville, Jean-Louis Robert

Né le 23 décembre 1841 à Charolles (Saône-et-Loire), mort le 14 mars 1909 à Asnières (Seine) ; ouvrier fondeur à Paris ; coopérateur ; militant de l’AIT ; communard, secrétaire de la Commission du Travail et de l’Échange.

Le 15 mars 1868, Georges Bertin fut l’un des cosignataires de la convocation à une assemblée générale de « La Marmite », Société civile d’alimentation coopérative fondée par Eugène Varlin. Dans La Marseillaise du 13 février 1870, il cosigna avec Nathalie Le Mel un appel au nom du conseil d’administration de La Marmite. Deux jours plus tard, il cosignait dans le même journal une protestation contre l’arrestation de Varlin. Le 3 mars 1870, il signa seul, au nom du comité d’initiative, un appel à rejoindre « un troisième groupe de la Marmite » qui était en cours de formation à « Plaisance-Montrouge » (XIVe arr.). Dans La Marseillaise du 16 avril 1870, il signait un appel à une Assemblée générale des adhérents de La Marmite : « Pour le comité du 5e groupe, G. Bertin ».

Affilié, en avril 1870, à l’Association Internationale des Travailleurs, Georges Bertin mit son nom au bas du manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous pays, en juillet 1870.
En mai 1870, il anima la grande grève des fondeurs en fer de la Seine (Le Rappel, 9 et 17 mai 1870).
Pendant le siège de Paris, il participa au journal La Résistance, « organe démocratique et social du XIVe arrondissement », aux côtés de Martelet et Sapia.

Durant la Commune de Paris, il fut secrétaire général de la Commission du Travail et de l’Échange. À ce titre, il fut lié à Léo Frankel, délégué de la Commune à la Commission Travail et Échange, puisqu’il visa en son nom une affiche du 13 mai 1871 relative à un décret de la Commune sur les marchés (l’affiche porte le numéro 316 ; le texte est reproduit dans le J.O., 15 mai 1871).
Il collabora à la Révolution politique et sociale, organe des sections internationales Gare d’Ivry et Bercy réunies (2 avril-15 mai 1871, voir Jules Nostag).

Réfugié à Londres, Bertin fit partie de la Section de langue française de Londres de l’Internationale, fondée le 19 novembre 1871 à Londres et fidèle au conseil général, dont il était toujours membre à la date du 31 août 1872. (Minutes...). Il était alors indiqué comme « peintre ». Il assista comme invité à la séance du Conseil général de l’AIT le 28 novembre 1871.
Il fut également membre de la Commission de contrôle de la Société des réfugiés (voir Ant. Arnaud). Fin janvier-début février 1872, certains dirigeants de la société ayant chassé un des adhérents, Traînard, accusé de vol, dont l’arrivée probable fut même signalée au commissaire de police de Boulogne-sur-Mer, Bertin, ainsi que Oudet, s’en indigna (Archives Eudes).
En Grande-Bretagne, il participa à un projet d’entreprise avec Fondevielle. Après son échec, il partit en 1873 en Roumanie avec Louis Bouilly. Il revint en France à une date inconnue.

Il écrivit la brochure « La Marmite. Restaurant coopératif de l’Union sociale. Rapport de la Commission d’initiative », publiée en 1894 à l’imprimerie Jean Allemane.

Georges Bertin se confond avec le « Bertin (de la Verrerie ouvrière) » qui prit la parole le 2 avril 1896 lors de l’enterrement de Léo Frankel, parlant « du rôle joué par Frankel durant la Commune » en particulier en faveur d’une « réglementation socialiste du travail ».

En 1895, il participa à la création de « La Marmite-coopérative », 84 rue de l’Aqueduc, dont il fut commissaire de contrôle et de surveillance (BMOVP, mars 1895). Il fut à l’origine de l’idée de créer une coopérative de production « La verrerie ouvrière », en novembre. Il en fit la proposition le 6 novembre lors d’une réunion des coopérateurs de la Seine et du syndicat des journalistes socialistes. Le 13 novembre, avec Victor Jaclard, il rencontra Jean Jaurès qui accepta le projet. Il fut rapporteur sur le projet le 14 novembre lors de l’assemblée qui réunit les délégués des coopératives et les délégués des grévistes de Carmaux. (pour tout ceci, Le Musée social, « La Verrerie ouvrière d’Albi », octobre 1900.)

En 1897, il tint un « Bulletin de la coopération » dans le quotidien socialiste La Petite République, qu’il signait « G. Bertin ». Parmi les « qualités » de la coopération, il soulignait son « caractère absolu d’internationalité », et considérait qu’elle n’était qu’un des moyens pouvant « aider à la ruine du système capitaliste » (9 mai 1897).

En 1906, il fonda l’Union des syndicats et groupes professionnels, groupement qui associait des syndicats et associations ouvrières et patronales, dont l’organe était Le Parti du Travail (Alphonse Merrheim, Le Mouvement socialiste, janvier 1908).

Il fut à l’origine du congrès national de l’apprentissage d’avril 1909, mais mourut avant son ouverture. Il fut enterré à la suite d’une cérémonie religieuse en l’église Sainte-Geneviève d’Asnières.

Le 21 mars 1909, le journal socialiste L’Éclaireur de l’Ain écrivait : « Le citoyen Georges Bertin, ancien combattant de la Commune, fondateur de la Verrerie ouvrière et de nombreuses Sociétés coopératives de production, vient de mourir. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article52678, notice BERTIN Georges [BERTIN Jean-Baptiste, Georges] par Julien Chuzeville, Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 15 novembre 2021.

Par Julien Chuzeville, Jean-Louis Robert

SOURCES : Arch. PPo., B a/368, B a/441, B a/1086 et listes de contumaces. — IISG Amsterdam, Fonds Descaves, Dossier Bourdeille. — Jacques Rougerie, « La Section de langue française de Londres », 1871, Jalons pour une Histoire de la Commune, Paris, PUF, 1973, p. 318-324. — Le Réveil, 12 juillet 1870. — Journal Officiel de la Commune, 15 mai 1871. — L’Union démocratique, 31 août 1872. — Le Conseil général de la 1re Internationale. Minutes. Édition soviétique en langue russe, 4e vol., 1870-1871, Moscou, 1965. — cf. Archives Eudes déposées à l’IFHS. — Les Révolutions du XIXe siècle. 1852-1872 (catalogue), Paris, EDHIS, sd. — Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Paris, Éditions du Seuil, 2004. — L’affiche du 13 mai 1871 est conservée par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. — Le Figaro, 20 mars 1871. — Paul Martinez, Paris Communard refugees in Britain, 1871-1880, thèse, University of Sussex, 1981. — Notes de R. Skoutelsky, Michel Cordillot et Louis Bretonnière. — État-civil.

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