KERBEL Joseph

Par Pierre Schill

Né le 5 juillet 1882 à Soucht (Lorraine annexée), mort le 8 février 1952 à Thionville (Moselle) ; chef de train à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; délégué du personnel ; militant du syndicat CGT des cheminots puis du syndicat unitaire ; conseiller municipal communiste et adjoint au maire de Basse-Yutz (1919-1922, 1925-1926, 1929-1934).

Fils d’un journalier, Joseph Kerbel, militant du syndicat unitaire des cheminots de Basse-Yutz, Joseph Kerbel se consacra surtout au Parti communiste. Il fut candidat aux élections municipales du 30 novembre 1919 dans la commune de Basse-Yutz sur la liste de gauche ; il obtint 587 voix sur 908 suffrages exprimés et fut élu. Alors contrôleur aux chemins de fer, il fut élu deuxième adjoint au maire le 10 décembre 1919 par 15 voix contre 7 à son adversaire.
Joseph Kerbel figurait en février 1920 parmi les membres les plus influents du syndicat CGT des cheminots de la Moselle. Il effectuait alors de nombreuses tournées dans le département auprès des syndicats locaux de cheminots. Il fut probablement candidat aux élections paritaires d’août 1920 à Basse-Yutz. En décembre 1921 il animait des réunions pour le syndicat unitaire des cheminots de la Moselle. Il était alors chef de train à Thionville. En mars 1922 il essaya de monter une section syndicale de cheminots unitaires à la gare de Hayange (Moselle) après le choix fait par les militants de cette gare de rester fidèle à la CGT.
Candidat aux élections municipales du 23 juillet 1922 dans la commune de Basse-Yutz, il obtint 368 voix sur 1 450 suffrages exprimés. Au second tour il obtint 305 voix sur 1 465 suffrages exprimés et ne fut pas élu. Il se présenta à nouveau aux élections municipales des 3 et 10 mai 1925 à Basse-Yutz sur la liste du Bloc ouvrier et paysan présentée par le Parti communiste et menée par Émile Fritsch. Il obtint 842 voix sur 1 779 suffrages exprimés. Au second tour il obtint 922 voix sur 1 829 suffrages exprimés et fut élu, devenant premier adjoint d’Émile Fritsch.
En juillet 1926 il fut révoqué de ses fonctions municipales en raison de son adhésion au Heimatbund. Il figurait en effet parmi les signataires du manifeste du Heimatbund qui parut le 7 juin 1926 dans L’Humanité d’Alsace-Lorraine et fut à partir de là considéré par les autorités comme un « autonomiste ». Certains cheminots mosellans signèrent ce manifeste car ils souhaitaient que les chemins de fer d’Alsace-Lorraine conservent leur autonomie. Il se représenta lors des élections municipales partielles du 29 août 1926 et il fut réélu en obtenant 1 029 voix sur 1 701 suffrages exprimés. Cette nouvelle élection fut annulée par le tribunal administratif d’Alsace-Lorraine en octobre 1926 car il n’était pas éligible en raison de sa révocation.
Il fut à nouveau candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929. Il obtint 1 201 voix sur 1 959 suffrages exprimés. Toute la liste communiste fut élue au premier tour et il fut réélu premier adjoint. En décembre 1929 il était délégué du personnel des trains.
L’extrême droite perturba la fête sportive ouvrière organisée le 14 juillet 1934 par Émile Fritsch à Basse-Yutz. Les Francistes de la ville organisèrent en effet une manifestation qui fut perturbée par les communistes. La sirène des pompiers ayant été déclenchée, Joseph Kerbel, qui faisait fonction de maire depuis la révocation d’Émile Fritsch, aurait fait inonder le local des Francistes, la Maison bleue. Les communistes rejetèrent la responsabilité des incidents sur le commissaire de police qui aurait refusé d’interdire la manifestation franciste. Le propriétaire attaqua Joseph Kerbel en justice et demanda de lourds dommages et intérêts. Joseph Kerbel fut révoqué de ses fonctions le 26 août 1934 et jugé le 6 novembre 1935 par le tribunal de Metz. Le 3 février 1936, Joseph Kerbel était condamné à payer cent francs d’amende.
À la fin de l’année 1934, il présidait la section Exploitation du syndicat unitaire des cheminots de Basse-Yutz, qui comptait alors environ 600 adhérents.
Il se représenta aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935. Il obtint 1 015 voix sur 2 070 suffrages exprimés et ne fut pas élu au premier tour.
Il anima les grèves du mois de juin 1936 et participa notamment à la manifestation du 14 juin à Forbach qui rassembla près de 5 000 personnes. Représentant le Parti communiste, il prit ensuite la parole devant deux mille mineurs grévistes. En septembre 1936 il assurait la présidence du Rayon communiste de Thionville-Basse-Yutz qui comptait un peu plus de trois cents membres. Il était aussi membre du comité régional du PC de la Moselle.
Joseph Kerbel participa aux funérailles de Roger Salengro et en fit le compte rendu lors d’une réunion organisée par le PC à Basse-Yutz le 25 novembre 1936.
Marié avec Marie Eichenlaub, il se remaria avec Marguerite Klasen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5288, notice KERBEL Joseph par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 21 mars 2012.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, M Sûreté générale 53 ; 24 Z 20 ; 301 M 78 et 83 ; 303 M 95 ; 310 M 95 ; 24 Z 16. — Arch. dép. Bas-Rhin, 98 AL 723. —Volkstribüne, 30 avril 1925. — Forbacher Neueste Nachrichten, 7 mai 1935. — Metzer Freies Journal, 16 juin 1936. — Marc-Pierre Gontard, Le Francisme en Moselle (1933-1936), mémoire de maîtrise, Université de Metz, 1983, 123 p. — État civil des communes de Soucht et de Thionville (Moselle).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable