KERVRAN Émile, Louis

Par Jacques Omnès

Né le 17 novembre 1900 à Évreux (Eure) ; militant communiste ; secrétaire du syndicat des travailleurs des chemins de fer départementaux de la Mayenne (CGTU) en 1929.

Tourneur aux chemins de fer départementaux de la Mayenne, Émile Kervran, aidé par le secrétaire de la région rennaise du Parti communiste, prit une part active, en octobre 1926, à la reconstitution du rayon de Laval qui était pratiquement inexistant depuis le départ du secrétaire de la Fédération en 1924-1925. Voir Alphonse Bouchard*.
Devenu secrétaire du comité départemental de la Mayenne du Parti communiste, il fut candidat aux élections législatives de 1928 dans la première circonscription de la ville de Mayenne. Il obtint 96 voix sur 12 097 suffrages exprimés (0,8 %).
En 1929, secrétaire du syndicat des travailleurs des chemins de fer de la Mayenne, il dirigea leur grève du 18 avril au 1er mai, ce qui lui valut d’être licencié avec dix-huit de ses camarades. Le 17 avril, Émile Kervran avait réclamé, au cours de la réunion de la commission paritaire des CFDM, une augmentation uniforme des salaires de 2,50 F pour tous les agents. La direction s’était contentée de répondre par la promesse d’une augmentation dont le montant serait déterminé dans un délai de quelques semaines, lors de la discussion des nouvelles conditions d’exploitation du réseau, avec effet rétroactif au 1er mai 1929.
Le lendemain, on comptait 67 grévistes sur un effectif total de 190 employés. La grève, suivie à 90 % dans le service de la traction (mécaniciens, chauffeurs et ouvriers des ateliers de Laval), était très minoritaire chez les conducteurs et dans le service de la voie. La direction profita de l’échec de la grève pour réorganiser l’exploitation. Malgré la promesse formelle de ne prendre aucune sanction contre les grévistes, elle congédia dix-neuf agents en prenant prétexte des modifications d’horaires qui étaient envisagées depuis quelque temps.
La plupart des licenciés retrouvèrent un emploi grâce à l’office des placements. Ainsi, Kervran fut admis le 13 mai aux fonderies de Port-Brillet en qualité d’ajusteur-tourneur. Mais, peu de temps après, il quitta la Mayenne pour la région parisienne (Levallois-Perret ?). Dans un rapport du 22 juillet 1929, le commissaire de police de Laval notait : « La cellule communiste de Laval qui se composait de seize membres est considérée à l’heure actuelle comme presque inexistante à la suite du départ de Laval de certains d’entre eux, notamment de M. Kervran. »
Le comité général de la 17e Union régionale de la CGTU réuni à Rennes le 25 août 1929 critiqua en ces termes la grève des CFDM :
« Le comité général a retenu certaines fautes commises par les dirigeants du syndicat unitaire : manque de liaison avec les organisations supérieures, manque de liaison avec les autres syndicats unitaires de Laval qui n’ont pu organiser la solidarité dès le début ; mauvaise compréhension sur le droit syndical, nos camarades ont mis cette question au second plan, ce qui a eu pour résultat qu’ils ont été chassés par la compagnie sans qu’il se manifeste la moindre solidarité. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5295, notice KERVRAN Émile, Louis par Jacques Omnès, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 26 mars 2012.

Par Jacques Omnès

SOURCES : Arch. Dép. Mayenne, 1 W 535, 2879, 2884, et M 3052. — La Bretagne communiste, 6 novembre 1926. — La République ouvrière et paysanne, 21 avril 1928. — Le Travailleur unitaire, septembre 1929.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable