Par Françoise Olivier-Utard
Né le 29 novembre 1938 à Dinsheim (Bas-Rhin), mort le 26 juillet 2002 à Peyroles (Gard) ; cadre ; secrétaire du syndicat CGT des cheminots de la Vallée de la Bruche de 1965 à 1970 ; secrétaire du secteur SNCF de Strasbourg (1972-1977) ; secrétaire de l’Union départementale (1977-1981), puis secrétaire régional (1981-1992) ; responsable CGT au Conseil économique et social d’Alsace (CESA) de 1982 à 1999 ; secrétaire de la section de Mutzig et du comité fédéral du PCF de 1965 à 1968, membre du bureau fédéral de 1968 à 1983.
Albert Klein était le second des trois enfants de Joseph Klein, tourneur de formation et chauffeur à la Brasserie de Mutzig, puis à la fabrique de conserves Ungemach à Schiltigheim (Bas-Rhin), militant CGT. La famille était catholique.
Albert Klein fréquenta l’école primaire de Dinsheim (Bas-Rhin) jusqu’au cours complémentaire. Il fit ensuite un apprentissage technico-commercial dans une imprimerie, où il devint cadre, de novembre 1954 à mars 1958. Il entra à la SNCF le 24 mars 1958, et y resta jusqu’à sa retraite le 31 décembre 1993. Il passa du grade d’auxiliaire à celui d’ingénieur des transports et de l’exploitation. Il fit un service militaire de deux ans, du 7 janvier 1959 au 21 décembre 1960, en Allemagne, à Landau, au 13e régiment de tirailleurs. Il obtint le grade de caporal-chef.
Sur les conseils de son parrain de travail, il adhéra d’abord à la CFTC. Il la quitta pour la CGT en 1962 parce que ce syndicat l’avait efficacement aidé à obtenir un logement à un moment où son épouse était gravement malade et ses enfants répartis dans des institutions. Il était venu travailler à Heiligenberg-Mollkirch, dans la vallée de la Bruche (Bas-Rhin). Domicilié depuis 1965 à Gresswiller, il devint cette année-là secrétaire de l’Union locale de Mutzig où il prit conscience de l’importance du collectif que représente ce type de structure. Il devint secrétaire du syndicat des cheminots de la Vallée de la Bruche-Molsheim en 1965.
Il avait adhéré au Parti communiste en 1963 et assuma les fonctions de secrétaire de la section de Mutzig de 1965 à fin 1968. Il fut élu membre du comité fédéral du Bas-Rhin de 1965 à 1968, puis fut membre du bureau fédéral jusqu’en 1983. Il avait suivi une école centrale d’un mois à Choisy-le-Roi. Alphonse Boosz lui demanda de se présenter aux élections cantonales partielles de 1965 à Molsheim (Bas-Rhin). Seul candidat de gauche, il obtint 12 % des voix. Il assuma deux mandats de conseiller municipal à Gresswiller (Bas-Rhin) de 1971 à 1983.
Son « baptême du feu » syndical fut l’occupation de la gare de Strasbourg en mai 1968. En 1970 il passa le concours de sous-chef de gare de 2e classe à la SNCF et fut nommé au poste de commandement dans la grande maîtrise. En 1972 il devint permanent de la CGT. Il remplaça Charles Werling au moment de la restructuration de la SNCF. De 1972 à 1977 il fut secrétaire du secteur de Strasbourg ainsi que de la région. En 1977, la confédération lui confia, pour remplacer Georges Martin, le secrétariat général de l’Union départementale du Bas-Rhin, où il resta du 1er février 1977 au 31 janvier 1981. Puis, de 1981 à 1992, il fut permanent régional de la CGT. Cette période fut marquée par de vifs débats liés à la déconcentration et à la décentralisation de la loi Defferre. Il s’agissait aussi de définir un comportement syndical face à un pouvoir de gauche. Ainsi la présence de CRS pendant la grève de 1981 à la Cellulose de Strasbourg provoqua la grogne des syndiqués et une tension avec les instances fédérales communistes. Albert Klein négocia avec le préfet le retrait des forces de répression. Il fallut ensuite négocier le maintien de l’entreprise. Au congrès CGT de Lille Pierre Mauroy mit, à ses yeux, fin aux « illusions du bulletin de vote » en annonçant la fin de l’indexation des salaires sur les prix. La prise de conscience de la nécessité des luttes, dans d’autres conditions certes, se fit pour lui à ce moment-là.
De 1982 à 1999 il fut responsable de la délégation CGT au Conseil économique et social d’Alsace, et fut rapporteur sur les projets de transports et les questions ferroviaires. Cette période fut aussi marquée par le déclin des coopératives ouvrières nées après 1968 et progressivement désertées par leurs fondateurs. Il fallut ainsi s’occuper des cas de DMC Arts graphiques de Mulhouse (Haut-Rhin), de la maroquinerie Menzer à Sélestat (Bas-Rhin) et de la cristallerie de Vallérystal (Moselle).
Ses rapports avec le Parti communiste se détériorèrent à propos de l’analyse du rôle respectif d’un syndicat et d’un parti. Il ne reprit pas sa carte à partir de 1990 et refusa désormais toute responsabilité publique en Alsace, mais accepta se se faire élire au conseil municipal de Peyroles (Gard), en 2001. Il y mourut l’année d’après.
Marié le 26 décembre 1959 à Lucienne Ricard, née le 16 février 1934 à Thionville, Albert Klein se remaria le 13 décembre 1991 à Françoise Letowski, née le 25 mars 1948 à Verzenay (Marne), aide-soignante au CHU de Strasbourg. Il fut père de cinq enfants, dont un enfant adopté.
Par Françoise Olivier-Utard
SOURCES : Comités fédéraux du PCF. — L’Humanité 7 jours, 16 février 1977. — Les Dernières nouvelles d’Alsace, 3 mars 1978. — Entretiens avec Albert Klein, 25 mai 1999, 10 juin 2001, 15 janvier 2002.