KLEIN Guillaume [souvent prénommé Willy]

Par Pierre Schill

Né le 4 octobre 1898 à Saales (Bas-Rhin annexé), mort le 1er mars 1979 à Pfaffenhoffen (Bas-Rhin) ; serrurier-ajusteur aux ateliers de Montigny-lès-Metz (Moselle) de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; délégué du personnel ; membre du bureau du syndicat unitaire des cheminots de Montigny-lès-Metz ; un des responsables du sous-rayon communiste de Metz-Montigny-lès-Metz ; dirigeant de la section messine du Secours rouge international, puis président du comité départemental de la Moselle du SRI ; dirigeant du mouvement sportif et culturel ouvrier en Moselle.

Guillaume et Eva Klein avec leur fille en mai 1931
Guillaume et Eva Klein avec leur fille en mai 1931
Collection Marguerite Kappler

Fils de Daniel, et de Catherine Merkling, Guillaume Klein était le benjamin d’une famille cheminote de dix enfants. Son père travaillait aux chemins de fer où il commença sa carrière comme ouvrier et la termina comme chef de gare.

Guillaume Klein commença sa carrière aux chemins de fer vers 1912 en étant apprenti aux ateliers de Schiltigheim (Bas-Rhin annexé). Il fut appelé sous l’uniforme impérial allemand pendant la Première Guerre mondiale et comme la plupart des Alsaciens-Lorrains il servit sur le front russe car l’état-major allemand craignait les désertions s’il avait engagé ses troupes sur le front occidental.

Au lendemain de la guerre, il entama sa carrière professionnelle à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine en étant serrurier-ajusteur aux ateliers de Montigny-lès-Metz. Il faisait partie de ces nombreux Alsaciens qui vinrent s’installer et travailler en Moselle après la Première Guerre mondiale suite au manque de main-d’œuvre notamment lié à l’expulsion des ouvriers allemands.

Militant actif du syndicat unitaire des cheminots, puis de la CGT réunifiée, Guillaume Klein fut élu délégué du personnel des ateliers de Montigny-lès-Metz pendant les années trente et de la Libération à sa retraite. Il anima de nombreuses grèves.

Il militait aussi au Parti communiste depuis les années vingt, ce qui lui valut d’être inscrit, ainsi que sa femme Éva, au carnet B en 1926. Son engagement s’expliquait, d’après sa fille, par l’influence de la révolution d’Octobre et ses suites car il avait été fait prisonnier des Russes en Ukraine et n’était rentré en France qu’au courant de l’année 1919.

Candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 à Montigny-lès-Metz sur la liste du Bloc ouvrier et paysan présentée par le Parti communiste, il obtint au premier tour 575 voix sur 2 062 suffrages exprimés et ne fut pas élu. À la fin des années vingt, Guillaume Klein était l’un des responsables du sous-rayon communiste de Metz-Montigny-lès-Metz, l’un des plus importants de Moselle. Il y représentait notamment les sociétés de la Fédération sportive du travail et animait la cellule communiste des ateliers de Montigny-lès-Metz. En novembre 1930 il était l’un des principaux dirigeants du mouvement sportif et culturel ouvrier en Moselle. C’est notamment sous son impulsion que lors du congrès des sociétés théâtrales ouvrières d’Alsace-Lorraine tenu le 5 octobre 1930 à Strasbourg, il fut décidé du rattachement à l’Internationaler Arbeiter Theater Bund (IATB) dépendant des communistes. Guillaume Klein dirigeait aussi la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Le 1er mars 1931 il participa à Strasbourg au deuxième congrès du PC d’Alsace-Lorraine. Il comptait parmi les militants les plus actifs de cette structure et devait être délégué des cheminots unitaires de la Moselle à ce congrès. C’est à la fin du mois de mars 1934 qu’il prit la direction de la section messine du Secours rouge international (SRI). Guillaume Klein représenta le Parti communiste aux élections aux conseils d’arrondissements d’octobre 1934 dans le deuxième canton de la ville de Metz. Il était spécialement chargé en 1934 d’acheminer les réfugiés politiques communistes venant d’Allemagne. En janvier 1936, il était secrétaire départemental du Secours rouge international et membre du comité régional du PCF.

En juin 1936 il fut pressenti pour prendre la direction du Rayon communiste de Metz-Montigny-lès-Metz en remplacement de François Simon, malade. Le secrétaire départemental du SRI refusa en raison de sa mauvaise maîtrise de la langue française.

En septembre 1939, il fut mobilisé au Mans (Sarthe) où il réussit à faire venir sa femme et sa fille au début de l’année 1940. Après la débâcle il se retrouva au chômage pendant une année dans le Limousin car il avait refusé, contrairement aux souhaits des Allemands, de rentrer en Moselle, une nouvelle fois annexée au Reich.

Sa femme décéda dans la capitale limousine en 1942. Eva Hurwitz, dite « Eva la Rouge », militante de la cellule de langue française et membre du comité du sous-rayon de Metz en 1930, rédactrice à l’Humanité de Metz en 1926, avait été une militante très active. Elle avait animé, à Strasbourg, en mars 1931, les réunions de la Fédération d’Alsace et de Lorraine de l’Union fraternelle des Femmes contre la guerre impérialiste.

Guillaume Klein fut affecté aux ateliers de la SNCF à Épernay (Marne) où il resta jusqu’en 1945. Il retrouva ensuite la Moselle et son poste aux ateliers de Montigny-lès-Metz où il reprit ses activités syndicales et politiques.

Il se présenta le 23 septembre 1945 aux élections municipales à Montigny-lès-Metz sur la Liste d’union nationale républicaine démocratique et antifasciste. Il obtint 1 771 voix sur 4 616 suffrages exprimés. La liste de gauche n’eut aucun élu. Il fut à nouveau candidat aux élections municipales d’octobre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante qui rassemblait des candidats socialistes et communistes. La liste à dominante communiste rassembla au premier tour une moyenne de 1 000 voix environ sur 5 372 suffrages exprimés et obtint cinq élus. Elle était opposée à une liste d’entente communale qui remporta les élections. Il ne fut pas élu.

En septembre 1949 il organisa aux ateliers de Montigny-lès-Metz le référendum sur la paix lancé par le Congrès mondial des partisans de la Paix en vue de la journée internationale de lutte pour la paix prévue le 2 octobre 1949.

À sa retraite, en 1952, il alla s’installer dans la Haute-Vienne, puis retourna dans son Alsace natale à la fin des années soixante.

Marié le 31 mars 1925 à Bâle (Suisse) avec Eva Hurwitz*, d’origine suisse, il eut une fille avec elle. Veuf en 1942, il se remaria en 1945 à Eymoutiers (Haute-Vienne) avec Marguerite Bohn.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5320, notice KLEIN Guillaume [souvent prénommé Willy] par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 13 septembre 2012.

Par Pierre Schill

Guillaume et Eva Klein avec leur fille en mai 1931
Guillaume et Eva Klein avec leur fille en mai 1931
Collection Marguerite Kappler

SOURCES : Arch. PPo. Ba/1704. — Arch. Nat. F7/13129, juillet 1932. — Arch. Dép. Moselle, 301 M 78 et 83 ; 303 M 137 ; 151 W 152 ; 1330 W 265 et 266 ; 24 Z 15, 16, 20 et 21 et M Sûreté générale 53. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 98 AL 639, 662, 102 AL 47. — L’Humanité, Metz, 30 septembre 1934. — Le Républicain lorrain, 25 septembre 1945 et 20 septembre 1947. — Gérard Diwo, Le communisme en Moselle (1925-1932) à travers les élections législatives d’avril 1928 et de mai 1932, mémoire de maîtrise, Université de Metz, 1983, 176 p. — Didier Kompa, La formation du Front populaire en Moselle, 1934-1936, mémoire de maîtrise, Université de Metz, 1985, 173 p. — DBMOF, tome 32, p. 378. — Renseignements fournis par Marguerite Kappler, née Klein sa fille et Gilberte Klein sa nièce. — Notes de Léon Strauss. — État civil de Saales et de Pfaffenhoffen (Bas-Rhin).

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