BOURDON Victor, Édouard

Né le 28 août 1841 à Paris ; y demeurant, passage Sainte-Anne, IIe arr. ; patron marbrier ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Victor Bourdon était marié, père d’un enfant. Il servit dix-neuf mois dans un régiment de ligne et fut libéré le 1er avril 1864 avec le grade de caporal et un certificat de bonne conduite.
Nommé lieutenant au début du siège de Paris, il détourna sa compagnie de participer à la journée révolutionnaire du 31 octobre 1870. Il passa du 240e au 201e bataillon et fut nommé capitaine adjudant-major. Durant la Commune, il conserva ses fonctions. À son dossier figure la copie d’une lettre en date du 9 avril 1871, adressée à la Commune, dans laquelle l’auteur parle des « bandits de Versailles » et qui se termine par cette phrase : « Veuillez avoir de l’énergie ou nous sommes perdus ». Victor Bourdon nia en être l’auteur, mais reconnut toutefois que la signature paraissait bien être la sienne. Il prétendit avoir cessé tout service le 22 mai.
On le confondit avec Antoine Bourdon, et une pièce du dossier porte qu’il fut délégué au Congrès de l’Internationale à Genève. Toutefois, il est noté que cela n’a été confirmé « par aucun témoignage » et que « l’accusé a nié avoir jamais été affilié à l’Internationale ».
Le 4e conseil de guerre condamna Victor Bourdon — qui n’avait encouru auparavant aucune condamnation — à la déportation simple, le 11 octobre 1873. Une commutation de peine en sept ans de détention lui fut accordée le 22 juillet 1876. Venant de Nouvelle-Calédonie, Bourdon arriva à Belle-Île-en-Mer (Morbihan) le 27 juillet 1877. Le 3 décembre de cette même année, il était signalé comme « tranquille, travailleur » et, le 4 mars 1878, il bénéficiait de la remise du reste de sa peine.
Le père de Bourdon était marbrier, 42, rue Saint-Sabin, à Paris (XIe). Sa mère, qui habitait, 1, rue des Rondeaux, à Charonne (?) (Paris XXe), et qui sans doute vivait séparée de son mari, écrivit un recours en grâce en faveur de son fils, le 3 février 1874. Selon ce témoignage, Victor Bourdon était à la tête d’un établissement de marbrerie, fermé depuis la Commune, mais qui occupait, en 1870, une trentaine d’ouvriers. Son fils, qui n’avait servi dans la Garde nationale que pour faire vivre sa famille, n’avait « jamais fréquenté les clubs ni les réunions publiques », « ne s’occupait pas de politique » et ne devait pas être confondu avec « ces communards bandits qui ont fait tant de mal à la population parisienne ».
Deux lettres de Victor Bourdon à sa femme, datées Île des Pins, 29 août et 20 novembre 1875, et conservées dans le dossier des Archives nationales, apportent d’intéressants détails sur la vie en déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article53712, notice BOURDON Victor, Édouard, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 18 décembre 2018.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/796, n° 7750 et BB 27. — Arch. Min. Guerre, dossier Internationale. — Arch. Dép. Morbihan, série Y, écrou 2720.

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