LACARRÈRE [Deux-Sèvres]

Par Élie Fruit

Cheminot à Thouars (Deux-Sèvres), puis à Thoré-la-Rochette (Loir-et-Cher) ; délégué syndicaliste dès 1901 ; l’un des créateurs de La Revue syndicaliste (1905).

Chef de gare à Thouars (Deux-Sèvres) puis à Thoré-la-Rochette (Loir-et-Cher), délégué du Syndicat national des chemins de fer, Lacarrère fut l’actif secrétaire des comités du Travail créés sur le réseau de l’État en 1901, par le ministre des Travaux publics, Baudin. Le rôle de ces comités (un par arr. d’exploitation), composés de représentants élus du personnel, était de surveiller l’application de la réglementation du travail. Leur fonctionnement ayant donné lieu à de vives critiques (les représentants du personnel se plaignaient en effet de n’être réduits qu’au rôle de « boîte aux lettres » entre les réclamants et le service du contrôle), Lacarrère se fit l’interprète énergique des protestataires auprès des instances ministérielles. Ses efforts tenaces aboutirent en 1903 à une amélioration relative du fonctionnement des comités et à l’extension de leurs attributions (notamment par la participation des représentants du personnel à la gestion de la caisse des retraites et de l’économat).

Néanmoins, en novembre 1904, estimant que les résultats obtenus n’étaient pas à la hauteur de « ce qu’ils auraient pu être », se plaignant en outre de ne pas disposer « des facilités indispensables à l’exécution de son mandat », Lacarrère donna sa démission de membre des comités du travail et de la caisse des retraites.

Ce militant se révéla également un précurseur dans le domaine de l’organisation syndicale. Au congrès de 1902 du Syndicat national des chemins de fer, il préconisa la création d’une Fédération entre les différents syndicats des chemins de fer (celle-ci fut réalisée en 1917). D’autre part, il fit adopter une résolution en trois points tendant à une déconcentration de l’administration syndicale qui devait plus tard entrer dans les faits :
« 1° les groupes de chaque réseau, à l’issue de leur congrès régional, pourront nommer un comité chargé d’étudier et de présenter les revendications spéciales à leur réseau ;
« 2° le comité ne pourra agir qu’après en avoir référé au conseil d’administration et reçu son avis ;
« 3° toutes les demandes seront faites au nom du Syndicat national, chaque délégation étant accompagnée par un membre du conseil d’administration ou par le secrétaire dudit conseil. »

En 1905, Lacarrère participa à la fondation de La Revue syndicaliste à laquelle adhérèrent d’autres militants syndicalistes cheminots : Eugène Guérard, secrétaire du Syndicat national, Jules Malbranque d’Amiens, Albert Nicolas de Saint-Quentin, Jean Raynaud de Toulouse.

Il se confond peut-être avec Lucien Lacarrère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5375, notice LACARRÈRE [Deux-Sèvres] par Élie Fruit, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 5 avril 2023.

Par Élie Fruit

SOURCES : Tribune de la voie ferrée : n°s du 30 mars 1902, du 20 avril 1902, du 18 mai 1902, du 31 mai 1903, du 6 novembre 1904, du 11 juin 1905. — Chaumel, Histoire des cheminots et de leurs syndicats, Paris, 1948, p. 88 à 90.

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