Par Jean-Jacques Doré
Né le 13 juillet 1869 à Paris (VIIIe arr.), mort le 27 mai 1941 à Talence (Gironde) ; garçon de bureau, cheminot en Algérie et à Paris puis représentant au Havre (Seine-Inférieure,Seine-Maritime) ; membre de la commission exécutive de la Fédération nationale des Travailleurs des chemins de fer en 1919 et 1920.
Fils d’un couple de concierges légitimé par le mariage de Zacharie Lacarrère et d’Élisabeth Konings le 5 novembre 1874 à Paris (XVIIe arr.), inscrit maritime n° 5204 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Lucien Lacarrère, 1 m. 79, un grand gaillard pour l’époque, cheveux châtains, yeux gris clairs et un tatouage sur le poignet droit, fut mobilisé dans la marine nationale le 27 octobre 1890. Matelot de 3ème classe, il "renonça aux professions maritimes" le 12 septembre 1892 et fut libéré du service actif le 1er novembre 1893.
Engagé au réseau des chemins de fer de l’État comme agent auxiliaire le 1er avril 1894, il se fit très vite connaître pour son activisme au sein d’un syndicat des Cheminots de la région parisienne. Il habitait alors 17 rue Montaigne à Paris
En 1909, il fut muté au réseau des chemins de fer algériens, puis réaffecté au réseau État en 1912 comme sous-chef de gare à Paris enfin détaché comme contrôleur de la division transport, fonction à laquelle il fut affecté le 22 octobre 1914.
Membre de la commission exécutive de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer en 1919, il fut promu sous-inspecteur la même année.
Lacarrère était en vacances à Alger lorsque la grande grève de mai 1920 se déclencha et par télégramme, se déclara gréviste ; il fut aussitôt révoqué le 6 mai.
En septembre 1920, au congrès de la Fédération, il représentait les chemins de fer algériens et fut réélu à la commission exécutive.
Fort d’un beau parcours professionnel, il fut très vite embauché par la société frigorifique de Paris qui en fit son représentant au Havre. Arrivé dans le port normand, il se fit très vite remarquer par une active propagande en gare du Havre et le 20 mars 1921, fit voter par le syndicat des Cheminots un ordre du jour en faveur du CSR (comité syndicaliste révolutionnaire). Lacarrère était encore sur les pavés pendant la grande grève de 111 jours des métallos du Havre, surveillé par la police il ne fut cependant pas arrêté après l’échauffourée du 26 août 1922.
Il était, en 1923, secrétaire du groupement des cheminots révoqués, entouré de Dallières, secrétaire adjoint, et de Wera, trésorier. Lacarrère était un des fondateurs de l’orphelinat national des chemins de fer.
Réintégré cette même année comme chef de gare à Thouars (Deux-Sèvres), il fit une carrière d’encadrement, chef de gare à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) (où est décédé son père), puis à Thoré-la-Rochette (où sont nés ses deux fils), puis à Vinet (commune de Marcenais en Gironde) (où est née sa première fille) puis à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) où est née une autre fille, puis à Sétif (Algérie), enfin, pour boucler la boucle, sous-chef de gare à Paris. Il habitait alors 46 rue des Moines à Paris (XVIIe arr.)
Par Jean-Jacques Doré
SOURCES : Arch. Nat., F7/13662, rapport du 11 septembre 1920 ; F7/13676, rapport du 21 août 1923. — Arch. PPo. 1417, 16 novembre 1920. — Arch. Dép. Seine-Maritime 1 MP 495 Grèves de mai 1920, 2 Z 182, 10 MP 1408 Bureaux syndicaux 1918-1919. — Note de Bruno Ranson, un de ses descendants. — Arch. Dép. Seine État civil, Registre matricule militaire.