BUDAILLE Pierre, Antoine, Théophore

Né le 18 janvier 1836 à Saint-Nicolas-de-Brem (Vendée) ; instituteur, domicilié à Saint-Ouen (Seine) ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Pierre Budaille (Musée Carnavalet, Paris).

Veuf, père d’un enfant. Pierre Budaille avait servi au 5e régiment d’infanterie de ligne où on l’avait chargé d’instruire les enfants de troupe, puis avait été cassé de son grade de caporal ; « en même temps qu’il affectait des dehors religieux et fréquentait les églises, il se livrait à des actes d’indélicatesse et d’immoralité », dit un rapport de police. Libéré du service, il vint à Paris et ouvrit une institution libre place du Trône ; on dit qu’il « s’est jeté dans la démagogie » et transformait le soir son école « en un club devenu célèbre sous le nom de Salle de la jeune Gaule » où il exposait des théories communistes devant le public ouvrier du faubourg Saint-Antoine et de Belleville, avec pour compagnons Allix, Amouroux, etc. Il attaquait le gouvernement et l’Église : d’où trois condamnations en mars-avril 1869 : un mois pour outrages envers un commissaire de police ; trois mois de prison et 100 F. d’amende pour attaques envers la propriété ; un an de prison et 500 F d’amende pour complot contre la sûreté de l’État ; lors de cette dernière affaire, on lut une lettre dans laquelle Budaille demandait un grade dans la garde mobile et protestait de son dévouement à la dynastie impériale.

En avril 1870, il gagna l’Amérique et Buenos-Aires ; il revint en décembre et s’engagea parmi les mobiles de la Vendée pour la campagne de la Loire avec grade de sergent-major. En mars 1871 il était place de la Bastille ; réinstallé définitivement à Paris le 2 avril, il « pérora » dans les clubs : à celui de l’École de Médecine, à Valentino, au théâtre Séraphin, aux Arts et Métiers et surtout rue des Terres-Fortes. Il dit avoir été hostile à la Commune et en donna pour preuve deux arrestations, la deuxième du 17 au 25 mai l’ayant conduit à Mazas ; il semble qu’il se soit opposé à Philippe et à la commission municipale du XIIe arrondissement qui refusait à son club l’église Saint-Éloi. S’enrôla-t-il, le 28 avril, aux Francs-Tireurs du XIIe arrondissement ?
Il fut libéré de la prison de Mazas par les soldats de Versailles. Il se fit oublier ensuite quelque temps dans une école de Saint-Ouen où il était instituteur, mais prononça sur la tombe de son directeur, Allard, en juin 1871, un discours où il aurait exalté la Commune et dit son passé. Il fut arrêté le 28 juin 1871 ; le 5e conseil de guerre le condamna, le 12 juin 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée ; sa bonne conduite lui valut à la presqu’île Ducos une concession qu’il évaluait à 110 000 F, mais, en 1875, on lui refusait le droit d’appeler près de lui sa fille, âgée de douze ans, confiée à ses grands-parents. Amnistié, il rentra en France en 1881 et, l’année suivante, ouvrit une école à Rochefort ; il y donnait, le dimanche matin, deux heures de cours d’histoire nationale.

En 1886, alors qu’il vivait à Paris, il essaya, sans succès apparemment, de trouver un éditeur qui accepterait de publier ses Mémoires en trois volumes qui seraient "le pendant des trois similaires de Jules Valès (sic)".
Il réclama avec persévérance une indemnité d’abord, un soutien ensuite pour sa candidature de député, patronnée par Barodet à Levallois en 1894, sous forme d’une allocation de 1.000 F demandée au président Félix Faure ; il se présentait comme membre d’une « fédération nationale républicaine et communaliste ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article54237, notice BUDAILLE Pierre, Antoine, Théophore, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 6 décembre 2021.
Budaille par Philippe Cattelain, lithogr.
Pierre Budaille (Musée Carnavalet, Paris).

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., BB 24/775, BB 27 et H colonies 73. — Arch. Min. Guerre, 5e conseil. — Lettre de Budaille à l’éditeur Gustave de Malherbe, Paris, 19 juin 1886 (coll. privée). — Il est cité par Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un Révolutionnaire, Bibl. des « Temps nouveaux », n° 27, Bruxelles, s. d., préface de L. Descaves, fév. 1902, XII + 604 p., rééd. Paris, SEF/Tête de Feuilles, 1972, et P. Fontoulieu, Les églises de Paris sous la Commune, Paris, E. Dentu, 1873. — Note de Michel Cordillot.

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