LAGAILSE Absalon

Par Élie Fruit

Né le 22 juillet 1852 à Niort (Deux-Sèvres) ; employé de bureau au réseau des chemins de fer de l’État ; syndicaliste, premier secrétaire général de la CGT (4 décembre 1895-20 juin 1899).

« Taille petite, cheveux rares sur le front, noirs ; yeux noirs, porte binocle, moustache noire forte, figure ronde, embonpoint ordinaire » : tel est le signalement qu’en 1897 un rapport de police donnait du militant. Le même rédacteur, tout en accusant Lagailse d’être « sournois » et « ambitieux », lui reconnaissait cependant « les qualités d’un administrateur habile », « instruit », « doué d’une grande puissance de travail » et apte à « rédiger des rapports complets et d’une netteté remarquable ». Il le disait « allemaniste ».

Absalon Lagailse était né d’un père cordonnier, Auguste Lagailse, et d’une mère lingère, Anne Moreau.

Employé de bureau au réseau de l’État et membre du syndicat national des chemins de fer, Absalon Lagailse fut un des pionniers de la CGT. Après le congrès de Limoges, septembre 1895 (la Confédération ne fonctionnant pas encore), en compagnie d’Eugène Guérard, secrétaire général du syndicat national des chemins de fer, il fit partie du petit groupe de syndicalistes parisiens qui décidèrent la formation d’un comité provisoire d’action syndicale et corporative de huit membres et dont le premier geste fut d’aller protester au Palais-Bourbon (le 24 octobre 1895) contre les entraves policières à la grève des verriers de Carmaux.

Trésorier du Comité provisoire, Lagailse fut élu peu de temps après (le 4 décembre 1895) secrétaire du premier Bureau confédéral. À ce titre, il présenta les rapports du Conseil national de la CGT aux congrès successifs de Tours (1896), de Toulouse (1897), de Rennes (1898).

Au congrès de Rennes, il fit état de ses démêlés avec Pelloutier, secrétaire du comité confédéral des Bourses : l’hostilité réciproque des deux hommes est d’ailleurs considérée comme une des principales causes du retard de la fusion des deux organisations du mouvement syndical (la CGT et la Fédération des Bourses du Travail), qui ne se réalisa qu’au congrès de Montpellier de 1902.

Au moment de la grève (avortée) des cheminots d’octobre 1898, Lagailse, qui occupait le poste de secrétaire adjoint du Syndicat national des chemins de fer, joua un piètre rôle, au point de déclarer aux policiers qui perquisitionnèrent à son domicile qu’il ne faisait plus partie du syndicat...

Convaincu d’un « acte de couardise impardonnable » (ce sont les propres termes d’Eugène Guérard), Lagailse fut publiquement blâmé par le 10e congrès de janvier 1899 du syndicat national, auquel il n’assista d’ailleurs pas... En conséquence, le 20 juin 1899, le bureau confédéral de la CGT adopta un ordre du jour « repoussant la démission du citoyen Lagailse » et lui « retirant sa fonction » de secrétaire. C’est Copigneaux des Travaux municipaux qui le remplaça.

En 1905, A. Lagailse participa à l’unification socialiste dans le XVe arr. de Paris. Il habitait toujours au 53, rue du Commerce. Il fut élu le 31 mai 1905 secrétaire de sa section de la SFIO.

Se succédèrent au secrétariat de la CGT de 1895 à 1914 : A. Lagailse, 4 décembre 1895-20 juin 1899. - Copigneaux, juin 1899-septembre 1900. - Ed. Renaudin, septembre 1900-21 avril 1901. - Eugène Guérard, 21 avril-26 novembre 1901. - V. Griffuelhes, 26 novembre 1901-2 février 1909. - L. Niel, 24 février-26 mai 1909. - L. Jouhaux*, 12 juillet 1909.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5435, notice LAGAILSE Absalon par Élie Fruit, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Élie Fruit

SOURCES : Arch. Nat., F7/13 933 (Renseignements confidentiels sur la composition du comité de la grève générale). — Compte rendu du 10e congrès du syndicat national des chemins de fer (1899). — Compte rendu des congrès de la CGT, Tours (1896), Toulouse (1897), Rennes (1898). — La Tribune de la voie ferrée, 26 juin 1899. — R. Brécy, Le Mouvement syndical, op. cit. — Jean Maitron, Paul Delesalle, Paris, 1952. — État civil des Deux-Sèvres. — L’Humanité, 7 mai et 3 juin 1905. — Notes de Julien Chuzeville.

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