CAILLAUD Silvain

Par Michel Thébault

Né le 28 juin 1835 à Bussière-Dunoise (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; adhérent de l’AIT ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Silvain Caillaud était le fils de Médard Caillaud, maçon âgé de 36 ans absent à sa naissance, et de Geneviève Devillette âgée de 40 ans, domiciliés au lieu-dit Chatenet, commune de Bussière-Dunoise. Il devint maçon, migrant saisonnier partant travailler sur les chantiers parisiens. En 1870 – 1871 il se trouvait à Paris, exerçant son métier de maçon. Âgé de 35 ans, officiellement célibataire, il semblerait d’après ses dires lors des interrogatoires qui suivirent son arrestation, qu’il vivait en concubinage à Paris. Il résidait 184 avenue de Choisy dans le quartier de la Gare (XIIIe arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Silvain Caillaud s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Durant le premier Siège, il appartint à une compagnie de marche du 101e bataillon de la Garde nationale appartenant à la XIIIe Légion (du XIIIe arrondissement).
Délégué à la sûreté générale pendant la Commune, il semble avoir exercé (selon les enquêtes de police) des fonctions de surveillance. Décrit comme le bras droit du colonel Fabre à l’Hôtel de ville, il aurait été également l’agent secret de Seririer (en fait certainement Sérizier), commandant le 101e bataillon. Le dossier des Archives nationales indique de son côté que « au début d’avril 1871, il devint planton du capitaine Sicard, officier d’état-major du colonel Chardon à la préfecture de police » ; Silvain Caillaud affirmait de son côté que « le 28 avril, il serait revenu chez lui pour soigner sa maîtresse et aurait continué à toucher sa solde sans faire de service ». Décrit également comme « partisan exalté de la Commune, extrêmement dangereux », il fut adhérent de l’AIT (Association internationale des travailleurs, nom officiel de la Première Internationale). Il aurait été, toujours selon les archives policières, l’un des membres choisis par la dernière assemblée de l’Internationale pour préparer un soulèvement général. Silvain Caillaud lors de son interrogatoire, ne sachant pas écrire, « a reconnu qu’il s’était fait inscrire à l’Internationale, mais il a affirmé qu’il n’avait point assisté aux réunions, ni reçu aucune mission ».
 
Il fut arrêté après la fin de la Commune de Paris le 7 juillet 1871 et emprisonné dans le secteur de Rochefort (Charente-Maritime) dans le fort Enet entre Fouras et l’île d’Aix, dans l’attente de son jugement par un conseil de guerre. Il fut jugé par le 19e Conseil de guerre siégeant à Versailles, le 24 avril 1872. L’enquête préalable au jugement avait montré qu’il avait été condamné en 1858 par un conseil de guerre à 3 ans de prison pour blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Reconnu “coupable d’avoir dans un mouvement insurrectionnel porté des armes apparentes, étant revêtu d’un uniforme militaire”, il fut condamné à la déportation simple. Détenu dans l’attente de son départ au pénitencier de Saint-Martin-en-Ré, il embarqua pour la Nouvelle-Calédonie le 1er janvier 1873, après le rejet de son recours en grâce (le 9 décembre 1872), sur le transport à vapeur L’Orne. Arrivé en Nouvelle-Calédonie le 3 mai 1873, il fut débarqué à l’Île des Pins, lieu de son internement le 11 mai. Envoyé à Nouméa en permission provisoire le 31 octobre 1875, il fut autorisé à y résider le 10 novembre. Il se plaignit en Nouvelle-Calédonie, d’une tentative d’empoisonnement (il fit deux séjours à l’hôpital de la presqu’île Ducos en 1876 et 1879) et de vol. Il ne bénéficia pas de la loi d’amnistie du 5 mars 1879 mais fut gracié par télégramme ministériel le 17 juillet 1880.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article54409, notice CAILLAUD Silvain par Michel Thébault, version mise en ligne le 14 novembre 2022, dernière modification le 14 novembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/774, n° 9576. — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 74. — Arch. PPo., BA 373. — Arch. Dép. Creuse (état civil). — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880), base des communards, site internet. — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse.

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