CHABANAS Jules

Par Michel Thébault

Né le 22 juin 1852 à Thauron (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Jules Chabanas (orthographié parfois Chabannas) était le fils de Léonard Chabanas, cabaretier âgé de 35 ans, et de Léonarde Vincent âgée de 37 ans, domiciliés au bourg de Thauron. Il avait un frère jumeau François. Au recensement de Thauron en 1866, la famille résidait toujours au bourg, composée du père, journalier, de la mère, aubergiste, et de trois fils : Aimé âgé de 19 ans maçon et des deux frères jumeaux Jules et François, âgés de 14 ans et indiqués maçons tous les deux.

Comme beaucoup de jeunes limousins, les trois frères travaillaient comme maçons à Paris, maçons de la Creuse, migrants saisonniers venant travailler de mars à novembre (en général) sur les chantiers parisiens. Au printemps 1871, célibataire âgé de 18 ans, Jules Chabanas résidait pour la saison des chantiers au 5 ,rue des Écouffes dans le quartier Saint-Gervais (IVe arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse, comme Jules Chabanas, s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Il s’engagea dans le 112e bataillon de la Garde nationale appartenant à la Ire Légion du Ier arrondissement, avant de devenir plus tard garde aux Francs-Tireurs. Il servit la Commune de Paris comme éclaireur de la Garde nationale. Il fut arrêté le 28 mai 1871, le dernier jour de la semaine sanglante. Il fut emprisonné dans le secteur de Rochefort à l’île d’Aix (Charente-Maritime) dans l’attente de son jugement.
 
Il fut jugé le 12 avril 1872 par le 26e Conseil de guerre siégeant à Chartres du 8 mars 1871 au 31 juillet 1872. Reconnu coupable « de port d’armes apparentes, de port d’uniforme militaire et d’avoir fait usage de ses armes », il fut condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il déposa un recours mais le jugement fut confirmé par le Conseil de révision de Paris le 6 mai 1872. La loi du 23 mars 1872 désignait la presqu’île de Ducos près de Nouméa comme lieu de déportation en enceinte fortifiée. Jules Chabanas embarqua donc pour la Nouvelle-Calédonie avec 575 autres déportés, le 9 août 1872, sur le transport à vapeur La Garonne. Après un voyage de 88 jours, il parvint le 5 novembre en Nouvelle-Calédonie et fut débarqué le 9 à la presqu’île Ducos. Considéré comme « discipliné, de bonne conduite et bonne moralité », il obtint la remise entière de sa peine mais avec condition de résidence obligatoire en Nouvelle-Calédonie le 18 décembre 1877 (date de la notification). Le décret du 15 janvier 1879 entraîna la remise de la résidence obligatoire et Jules Chabanas partit pour la France le 15 juin 1879 par le transport La Seudre.

Au recensement de Thauron de 1881, Jules Chabanas résidait à nouveau au bourg avec sa mère, veuve (son père était mort pendant sa déportation le 12 décembre 1875), son frère jumeau François, marié et travaillant comme scieur de pierres. Jules Chabanas avait repris son métier de maçon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article54853, notice CHABANAS Jules par Michel Thébault, version mise en ligne le 9 novembre 2022, dernière modification le 9 novembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/834. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — Arch. Dép. Creuse (état civil, recensements). — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 74. — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880), base des communards, site internet. — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Louis Bretonnière, Roger Pérennès, L’Internement des prévenus de la Commune à Rochefort, Nantes, 1995 (nom orthographié Chabanal ou Chabanat). — Alain Dalançon, Les insurgés de la commune, incarcérés à Rochefort puis déportés, Revue Roccafortis n° 70, septembre 2022. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse. — Notes de M. Cordillot et de Louis Bretonnière.

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