Né le 5 ou 15 décembre 1835 à Aiguebelle (Savoie), qui faisait alors partie du royaume de Piémont-Sardaigne ; garibaldien ; communard.
« Très grand, épaules larges, forte corpulence », tel était Lucien Combatz dont on signalait le regard perçant et le fait qu’il boitait fortement de la jambe gauche ; journaliste, membre du Comité central de la Garde nationale.
Le 1er mars 1856, Lucien Combatz devint officier des lignes téléphoniques sardes. En juin 1857, il rejoignit l’expédition de Carlo Pisacane dans la baie de Sapri, et prit part en 1859 à la campagne de Garibaldi en Lombardie, participant en juin à la bataille de Valtellina. Participa-t-il à l’expédition des Mille en Sicile sous le pseudonyme de Lucienti ? Le fait n’est pas établi bien qu’il y ait fait allusion dans plusieurs écrits. Il est en revanche attesté qu’il prit part sous le commandement du général Cialdini à la bataille de Castelfidardo contre l’armée pontificale le 18 septembre 1860. Il était alors sous-lieutenant de l’armée piémontaise.
Après 1860, Combatz entra dans l’administration française de la télégraphie. Il fut « stationnaire de 2e classe » à Nantes puis à Angers, avant d’être employé au bureau du télégraphe de l’Hôtel de Ville de Paris. En 1863 il fut renvoyé de ce poste (voir ses explications dans sa lettre du 27 mars 1871 publiée dans le journal La Commune).
C’est sans doute vers 1863, à partir du moment où il devint journaliste, que Combaz transforma son nom en Combatz. Il collabora au journal La Rive Gauche, et écrivit également pour La Marseillaise, Le Temps et Le Siècle. Il collabora par ailleurs à L’Illustration en qualité de dessinateur.
En 1866, il rejoignit Garibaldi pour prendre part à la lutte pour l’unité italienne. Il fut affecté à la 16e compagnie avec le grade de capitaine, et combattit dans le Tyrol italien. En décembre de la même année, sous le nom de Giuseppe Combatz, il était commandant dans le corps garibaldien qui débarqua près d’Héraklion pour apporter des renforts aux insurgés crétois.
Sa présence est ensuite attestée en Espagne dès 1868. En septembre et octobre de l’année suivante, il participa à l’insurrection républicaine dans la région de Ronda dans la province de Malaga comme commandant des volontaires aragonais.
Il rentra sans doute en France au moment de la guerre franco-prussienne, puisqu’il se trouvait à Paris lors de la manifestation du 31 octobre 1870. A cette occasion, il fut nommé commandant de l’Hôtel de Ville par Blanqui.
En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Il habitait alors 40 rue Saint Séverin.
Le 19 mars 1871 Combatz fut nommé directeur des télégraphes de la Commune. Le 24 mars, il démissionna de son poste et fit paraître dans le journal La Commune du 27 mars 1871 une longue lettre d’explications. Il fut alors remplacé par Pauvert (J. O. Commune, 25 mars 1871). Proposé le 11 avril comme chef de la VIe Légion fédérée, il en fut nommé colonel par Rossel le 12, mais fut relevé de ses fonctions — ainsi que son état-major — par un ordre signé de Delescluze pour ne pas avoir opéré la dissolution des bataillons de sa légion, dissolution motivée par « incurie et refus de service » (J. O. Commune, 19 mai 1871).
Après la défaite de la Commune, Lucien Combatz réussit à fuir. Le 16 décembre 1872, le 6e conseil de guerre le condamna par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Réfugié à Londres, il fut affilié à la loge maçonnique révolutionnaire « la Fédération » fondée par Vésinier et Landeck en mai 1872. Il gagna ensuite le Portugal : le ministre de France signala son passage à Lisbonne en mars 1873. Il se dirigeait alors vers Madrid, où il arriva en mars 1873. Il fut reçu par le général Figueras, mais il ne parvint pas à se faire enrôler dans l’armée des républicains espagnols. Le 2 août 1873, il arriva à Carthagène qui s’était soulevée. Il fut toutefois rapidement en désaccord avec les chefs de l’insurrection. Le 12 janvier 1874, les insurgés se rendirent, et l’état-major des insurgés obtint de pouvoir partir en exil à Oran. Mais craignant la police française en Algérie, Combatz se cacha à Carthagène. Arrêté par l’armée régulière, il fut emprisonné. Au cours de sa détention, il rédigea une série d’articles pour raconter les événements auxquels il venait d’assister. Le journal de Madrid La Iberia les publia sous le titre Hombres y cosas de Cartagena du 11 février au 28 avril 1874.
Jugé par un conseil de guerre espagnol et condamné à la déportation aux Iles Mariannes, il adressa plusieurs courriers à sa famille en septembre 1876. En août 1877, il annonça son retour à Cadix. Ses lettres d’octobre et de décembre 1877 étaient datées de Madrid. Dans sa dernière lettre envoyée de la capitale espagnole en date du 6 mai 1878, il disait être dans la plus grande pauvreté et en mauvaise santé. Suite aux demandes de sa famille, l’Ambassade de France en Espagne lui adressa en retour des réponses négatives concernant la présence de Combatz à Madrid en mars 1889 et en mars 1902.
SOURCES : Arch. PPo., B a/437, note du 27 mars 1873 (l’Internationale au Portugal) et listes de contumaces. — SHAT 8 J - conseil de guerre n° : 6 - dossier n° : 679 — Bruhat, Dautry, Tersen, La Commune de 1871, op. cit., pp. 331 et 401. — Murailles... 1871, op. cit., pp. 18 et 240. – Benoit Laurent, La Commune de 1871 : Les postes, les ballons, les télégraphes,Paris, Dorbon, 1934. — André Combes, « Les Philadelphes et autres loges de Communards... ", Chroniques d’histoire maçonnique n° 35, 1985. — José María Rubio Paredes, Antonio Péres Crespo, Memorias Malditas del Cantón Murciano , Real Academia Alfonso X El Sabio, 1994, p. 36-88 et 128-174. — Notes de M. Cordillot et éléments biographiques fournis par Martine Alison. — https://alacantobrera.com/2010/08/31/amazonas-rojas-ii-mina-puccinelli/ — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.