DÉCALOGNE Jean-Baptiste [né DESCALOGNE]

Par Claude Pennetier

Né le 22 novembre 1821 à Moulins (Allier), mort le 21 octobre 1892 à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier cordonnier ; communard déporté ; militant socialiste du XIVe arr. de Paris.

Dessin envoyé à sa femme depuis l’Ile-des-Pins
Dessin envoyé à sa femme depuis l’Ile-des-Pins
Cette image, encadrée sous-verre, est encore exposée dans la maison familiale.

Né à Moulins (Allier), Jean-Baptiste Décalogne arriva à Paris en 1836. Il tira un « Haut Numéro » qui le dispensa de la conscription comme en témoigne l’attestation fournie à cette date par le maire du XIIe arrondissement. Le 7 février 1850, il épousa Sophie-Eulalie Feuyet. Les époux déclarèrent qu’ils avaient eu deux enfants : Philibert, né le 10 novembre 1847, et Marie, née le 6 septembre 1849. Tous deux furent légitimés par ce mariage et le nom du marié fut officialisé sous la forme : Décalogne. De cette union naquirent cinq autres enfants, jusqu’au décès de l’épouse.

L’ouvrier cordonnier se lia ensuite avec Marie-Caroline Adrienne Lécherut,
elle-même veuve, qui donna naissance à François Jean Michel Décalogne. D’après le commissaire de police du quartier de Plaisance, Jean-Baptiste Décalogne vivait en concubinage et faisait partie de l’Internationale. D’après le commissaire du gouvernement, il « paraît avoir été gangrené complètement par le socialisme ».

Jean-Baptiste Decalogne habitait Paris et, pendant le Siège, il appartint au 136e bataillon de la Garde nationale. Il continua à servir comme simple garde sous la Commune de Paris, jusqu’au 16 mai 1871, mais non postérieurement, prétendit-il. Il était délégué de sa compagnie. Il fit partie de la Fédération républicaine de la Garde nationale. Jean-Baptiste Décalogne fut arrêté et incarcéré au Fort d’Issy.

Le 10e conseil de guerre le condamna, le 7 novembre 1871, à la déportation simple et à la dégradation civique, par six voix contre une, avec circonstances atténuantes. Le 2 décembre 1871, il fut transféré à Versailles à la Maison de Correction où l’administration l’enregistra sous le numéro d’écrou 3598. Son pourvoi en cassation fut rejeté le 11 janvier 1872. Le 30 mars, il fut placé en détention au Fort de Quélern, près de Brest. D’abord embarqué sur le Calvados, il fut transféré à Saint-Martin-de-Ré, après examen par les médecins de l’Amirauté lors de l’escale devant l’Ile d’Aix. Il resta environ deux mois et demi à Saint-Martin, à l’infirmerie. Sa déportation fut par trois fois différée pour troubles cardiaques.

Son transfert définitif s’accomplit sur La Virginie, au mois d’août 1873, par le septième convoi, avec Louise Michel et Henri Rochefort.

En Nouvelle-Calédonie, transféré à l’Ile-des-Pins sous le matricule 2523, sa conduite fut bonne selon l’administration. De très nombreux certificats favorables, de son propriétaire notamment, figurent à son dossier, mais, en 1877, Jean-Baptiste Décalogne se refusait encore à signer un recours en grâce.

Il fut nommé trésorier général de la souscription ouverte le 5 mars 1879 pour élever un monument funéraire aux communards morts en déportation. Au moment de retourner en France, après l’amnistie, les déportés laissèrent un monument avec l’inscription : « A leurs frères morts en exil, souvenir des déportés de 1871 ».

Il fut gracié le 11 mars 1879.

Sa dernière lettre d’exil nous renseigne sur son retour.

"Ile-des-Pins, le 29 octobre 1879.

Bonne Amie,

Aujourd’hui mercredi à deux heures, j’embarque sur La Dives pour être transbordé sur
La Loire qui est en rade de Nouméa. La Loire doit lever l’ancre le 1er novembre. Je compte rester cent jours en route et pense débarquer à Brest du 10 au 15 février [1880]. En débarquant, j’adresserai une dépêche aux Enfants qui te préviendront de mon arrivée.
Je me porte très bien et pense te trouver de même ainsi que notre cher petit Garçon que
j’embrasse ainsi que toi ma vieille Amie
comme je vous aime
J.B. Décalogne
Une bonne santé à Madame Achard et à tous nos Amis."

Cette lettre, la dernière de la collection, est conservée par Simonne Lafaye, l’arrière-petite-fille de J.- B. Décalogne.

Rentré en France le 5 mars à Brest, il reprit son concubinage avec sa compagne, elle-même veuve, Marie, Caroline, Adrienne Lecherut, née à Paris XIVe, le 25 octobre 1830, blanchisseuse. Il l’épousa en 1892, le 26 avril, à la mairie du XIV° arrondissement, habitant alors 37, rue de Gergovie et reconnut en même temps son fils, François, Jean, Michel, né le 6 juin 1868. Parmi les témoins figure Henri Place, célèbre rédacteur pendant la Commune sous le pseudonyme d’Henry Verlet, par ailleurs son gendre, car marié en 1886 avec Adélaïde Décalogne, fille de son premier mariage. Henri Place avait fait le voyage de déportation aller et retour avec Jean-Baptiste Décalogne.

En 1882, il était trésorier d’un Cercle d’études sociales du Paris XIVe arr. Il fut délégué du Cercle de Plaisance (Seine) au congrès de la FTSF à Paris (1883). Il soutenait l’action politique de Jules Martelet.

Il mourut à Paris (XIVe arr.), 97 rue de Gergovie en 1892.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article56745, notice DÉCALOGNE Jean-Baptiste [né DESCALOGNE] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 avril 2010, dernière modification le 24 mars 2019.

Par Claude Pennetier

Dessin envoyé à sa femme depuis l'Ile-des-Pins
Dessin envoyé à sa femme depuis l’Ile-des-Pins
Cette image, encadrée sous-verre, est encore exposée dans la maison familiale.

ŒUVRE : Jean Décalogne, Les lettres d’exil de l’Ile-des-Pins de Jean-Baptiste Décalogne, publié par l’auteur, 2013, 1999 p.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/735, n° 681 et BB 27. — Au dossier BB 24 figurent quatre lettres adressées de l’Île des Pins par Décalogne à ses enfants : 28 février, 3 juillet, 24 octobre, 25 novembre 1875. — La correspondance actuellement connue de J.B. Décalogne, comporte quarante-deux lettres, dont quatre adressées à ses enfants qui sont déposées aux Archives Nationales, et trente-huit adressées à Marie-Caroline Lécherut ont été transmises dans la famille. D’autres documents rédigés par J.B. Décalogne s’ajoutent à cette correspondance.
Riches renseignements fournis par sa famille (Jean Décalogne, Brive-la-Gaillarde). — Notes de Louis Bretonnière.

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