LE BARS Jean

Par Christian Bougeard

Né le 4 juillet 1915 à Paris (XIIIe arr.), mort le 1er octobre 1988 à Tonquedec (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; ajusteur cheminot, ouvrier puis maître ouvrier du matériel ; résistant communiste ; secrétaire de l’UD-CGT des Côtes-du-Nord (1945-1949).

Jean Le Bars était le fils d’un employé des chemins de fer et d’une femme de ménage. À l’issue de son certificat d’études primaires, il entra en 1929 en apprentissage au PLM dans la région de Paris et il obtint un CAP d’ajusteur. Il fut licencié du PLM le 20 septembre 1933 suite à des compressions d’effectifs. Il participa à la riposte de la journée du 6 février 1934 à Paris. Chômeur, il s’engagea dans l’armée pour trois ans. Son action politique lui valut alors d’être sanctionné de deux mois de prison militaire au moment du Front populaire. En avril 1937, Jean Le Bars fut repris au PLM et il intégra la SNCF à sa création, toujours dans la région de Paris-Sud-Est. Militant à la CGT, en 1938, il fut élu délégué du personnel et prit une part active à l’organisation de la grève du 30 novembre 1938. Il fut réformé en mars 1940 puis muté dans la région Ouest, à Saint-Brieuc, en 1942.

Jean Le Bars participa à la résistance des cheminots briochins notamment à plusieurs sabotages. Après la vague d’arrestations d’août 1943 qui désorganisa la Résistance communiste des Côtes-du-Nord, à la suite de la trahison de Léon Renard, Jean Le Bars devint l’un des principaux responsables des résistants de la SNCF. Il devint secrétaire départemental adjoint de la CGT clandestine des Côtes-du-Nord à la fin de l’Occupation et il resta responsable de l’UD -CGT après la Libération.

Au début 1945, Jean Le Bars était secrétaire général-adjoint de la CGT dirigée par Christian Le Guern, membre du comité départemental de Libération (CDL). Le 7 juillet 1945, lors de son retrait, il remplaça Le Guern au poste de secrétaire général de l’UD et devint alors permanent de la CGT à Saint-Brieuc. Il avait été élu à l’unanimité par le bureau de la commission administrative. A la fin décembre 1947, au moment de la scission de FO soutenue par la SFIO, Jean Le Bars publia un article dans L’Aube nouvelle, le journal du PCF, dans lequel il estimait que « la scission est un crime contre la classe ouvrière ». En juin 1948, il fut réélu à cette responsabilité mais au début de 1949, il fut remplacé par Roger Ruelleu* au poste de secrétaire général de l’UD-CGT. En effet, en 1946, Jean Le Bars avait été élu comme administrateur de la Sécurité sociale. Il devint président du CA de la CAF et secrétaire de la caisse de la sécurité sociale et il avait des difficultés à concilier les activités de cadre syndical et celles d’administrateur. Néanmoins, au début des années 1950, il resta membre du bureau de l’UD.

Jean Le Bars était aussi un militant communiste depuis 1937. À la Libération, Jean Le Bars devint un dirigeant de la fédération des Côtes-du-Nord. Il fut l’un des dix membres élus au bureau fédéral au congrès de Guingamp en novembre 1946. En mars 1949, il siégeait au comité fédéral du PCF. Lors des élections à la Première Assemblée constituante le 21 octobre 1945 (mais pas à la seconde), puis à l’Assemblée nationale le 10 novembre 1946, Jean Le Bars figurait en 4e position sur la liste communiste conduite par Marcel Hamon* (deux élus à chaque fois). Il fit partie des militants communistes et cégétistes (avec les cheminots Georges Félin et Arsène Quignard) qui arrêtèrent un train d’armement en gare de Saint-Brieuc ,le 11 mai 1950 ,dans le cadre de la lutte contre la guerre d’Indochine et contre René Pleven, ministre de la Défense nationale puis président du Conseil. Emprisonné à la prison du Cherche-Midi comme neuf autres camarades dont trois femmes, il fut hospitalisé en novembre 1950 à l’hôpital central de Fresnes, puis remis en liberté provisoire, le 30 novembre 1950. Les « Dix combattants de la paix de Saint-Brieuc » furent accueillis en héros à Saint-Brieuc les 3 et 5 décembre. Jugés du 22 janvier au 4 février 1951, soutenus par une forte mobilisation politique et syndicale, ces militants furent finalement relaxés. Jean Le Bars fut à nouveau candidat (4e) sur la liste communiste le 17 juin 1951 (aucun élu du fait des apparentements) mais il ne se représenta pas en 1956. En 1951, il recueillit 68 976 voix pour une moyenne de liste de 69 636 (26,6 % des voix). En mai 1954, Jean Le Bars était secrétaire du syndicat des cheminots de Saint-Brieuc et toujours membre du bureau fédéral du PCF mais à partir de juin 1956, il disparut des instances dirigeantes du PCF des Côtes-du-Nord. Aux élections municipales de 1959, il figurait sur la liste communiste à Saint-Brieuc puis sur la liste d’union de la gauche au 2e tour mais il ne fut pas élu.

Marié à Pluzunet (Côtes-du-Nord) en novembre 1941 avec Lucie le Corfec, le couple eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5690, notice LE BARS Jean par Christian Bougeard, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 5 avril 2023.

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Arch. départ. des Côtes -d’Armor. 1 W 12. Rapports des renseignements généraux (1946-1950). — 20 W 79. Élections législatives (1951-1956). — L’Aube nouvelle (1944-1949). — Archives de la CGT des Côtes -d’Armor. Procès-verbaux des comptes rendus de l’UD- CGT des Côtes-du-Nord (1944-1949). — Dictionnaire des cheminots. Notice « Jean Le Bars » de Pierre Vincent. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, imprimerie Jacq, 2000.— État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable