DELORME Emmanuel

Par Biographie revue par François Gaudin

Né à Saint-Amand-Montrond (Cher) le 29 octobre1837, fils d’un marchand ; mort à Paris (XVIe) le 28 juin 1896. Poète et chansonnier berrichon ; journaliste communard.

Il se fit connaître comme chansonnier et sous l’Empire libéral ses chansons furent publiées dans le Journal du dimanche, Le Siècle chantant, ou encore Le Siècle illustré. Dans cette dernière publication, citons, en 1865, « Les yeux d’Élisa ». Il travaillait seul (« La Chanson du fer ») ou avec des musiciens – « La chanson du semeur », musique d’Alfred Bouilland…. En 1866, il figurait parmi les auteurs rassemblés dans Les Chansons joyeuses du XIXe siècle, publié en Suisse et, l’année suivante, Les Chansons nouvelles rassemblaient quatorze de ses textes mis en musique par Alberti. Il fut collaborateur de Vallès à à La Rue, donnant notamment un portrait de Millière. Il s’y lia avec Maxime Vuillaume. Il donna aussi des articles et poésies à La Réforme en 1870. Il participe comme orateur à des réunions à Belleville en 1869, notamment sur la production et la consommation avec Jules Allix. Engagé comme franc-tireur pendant la guerre contre la Prusse, il passa commandant, sous la Commune de Paris.
Réfugié en Suisse, il se trouvait à Genève en octobre 1871. II composa à cette date La République sociale (ou l’Internationale). Il composa aussi en octobre 1871 La Belle, chant souvent repris par les anciens communards et pour le Journal des amnistiés la Chanson des huîtres. Le 2 septembre 1872, avec la fédération genevoise de l’AIT, il envoya "ses plus vives sympathies" au Congrès de La Haye.
En 1872, il s’installa à Lausanne (Voir P. Pia). Il fut employé du printemps 1872 à mai 1873 à la liquidation de la Compagnie des chemins de fer de la Suisse occidentale aux côtés de Paul Pia, Gustave Lefrançais, Adolphe Clémence... Le chansonnier fréquenta, comme notamment Ferdinand Révillon, le salon de Nina de Villars. Vuillaume l’a présenté vivant durement, « n’ayant souvent, pour donner la becquée aux siens, que les poissons qu’il va, dès le matin, pêcher sur la rive. » Ceci est confirmé par les remerciements que Félix Pyat adresse, en janvier 1873, à Maurice Lachâtre pour l’aide financière qu’il a apportée à Émile Eudes et à Delorme.
Emmanuel Delorme revint probablement en France après l’amnistie. De retour à Paris, il participa au Journal des amnistiés publié par le Comité central socialiste d’aide aux amnistiés, en octobre 1880. La même année, il lança un Conseil suprême de femmes, ayant pour but de décider de la guerre ou de la paix. Il habitait alors 5, cour de la ferme Saint-Lazare (10e arr.) En 1883, Michel Morphy évoque la rémunération accordée par Maurice Lachâtre à « M. Delorme », ce pourrait être le même homme, employé à l’édition de la Grammaire magistrale ou du Cours de littérature qu’il préparait. En février 1883, il prit la parole dans des réunions sur les femmes, ou, rue de la Chapelle, sur la question des loyers.
Parmi ses chansons révolutionnaires, citons La Montagne Sainte-Geneviève, composée en 1884, et Pimprelette, composée en 1886. A la même époque, certains de ses textes furent donnés au Pierrot, et d’autres, mis en musique par Albert Dupouy, furent publiés dans le Journal du dimanche.
En octobre 1888, il anima une fête à Boulogne, ville où il était membre du groupe de la Libre pensée socialiste, sans doute très proche de l’Union des libres penseurs socialistes et lyriques qui commémorèrent la Commune le 16 mars suivant. Toujours dans cette même ville, il prit la parole dans une réunion électorale en janvier 1889 durant laquelle il s’oppose aux boulangistes. La même année, il écrivait régulièrement dans L’Égalité. Son soutien à la cause féministe y fut remercié par le cercles des femmes indépendantes de France. Il collabora à la revue de poésie Les Coquelicots, recueil poétique mensuel ouvert à tous les poètes-ouvriers de France et d’Algérie, au début des années 1890, et rassembla trente ans de création dans Les Chansons d’Emmanuel Delorme en 1891.
Son existence paraît avoir été discrète. Lors de son décès à son domicile 19, rue de Billancourt, Emmanuel Delorme était désigné comme célibataire et homme de lettres. Il avait toutefois au moins un fils, Jean, photograveur, âgé de 28 ans, qui habitait chez lui.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article57126, notice DELORME Emmanuel par Biographie revue par François Gaudin, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 14 janvier 2022.

Par Biographie revue par François Gaudin

ŒUVRE : Les Chansons d’Emmanuel Delorme, Paris, 1890.

SOURCES : J. Varloot, Les Poètes de la Commune, Paris, 1951. — M. Vuillaume, Mes Cahiers rouges, op. cit. – Notes de Jean-Pierre Bonnet et Louis Bretonnière. – Les Chansons joyeuses du XIXe siècle, Yverdon, imprimerie particulière, 2 tomes. – La Réforme, 1er février 1870, 5 février 1870, etc. – La Rue, 25 mars 1870. – Félix Pyat, Lettre à Maurice Lachâtre, 1er janvier 1873, fonds Jeanne Oriol. – Le Mot d’ordre, 17 novembre 1880, p. 3. – Journal du dimanche, 28 juin 1885. – Le Cri du Peuple, 18 décembre 1888, p .2. – Le Parti ouvrier, 23 janvier 1889, p. 2 – L’Égalité, 8 septembre 1889, p. 2, 30 octobre 1889, p. 3. – Les Chansons d’Emmanuel Delorme, édition Auguste Pillette, Paris, 1890, 512 p. – François Gaudin, Michel Morphy (1863-1928). De l’anarchie au roman rose, Paris, Honoré Champion, 2021. – Arch .dép. Cher, 3E 3372. – Arch. Paris, V4E 10026.

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