DENIS Pierre

Né le 25 janvier 1840 à Paris ; mort le 21 mars 1907 à Paris (XIVe arr.) ; employé ; journaliste proudhonien ; franc-maçon ; membre de l’Internationale ; communard.

Pierre Denis gagna sa vie comme employé, surveillant de travaux, etc., et collabora à de nombreux journaux, La Rive gauche, Le Courrier français (de Vermorel), Le Combat, Le Vengeur, etc. En 1865-1866, Pierre Denis était l’un des rédacteurs du périodique La Mutualité. Revue du Travail, des sociétés coopératives et de secours mutuels, dirigé par Jules Vinçard.
Il fut l’ami de Vallès qui en fit son associé dans la plupart de ses journaux, au Peuple et au Réfractaire de 1869, à La Rue de 1870 et au Cri du Peuple de 1871. Il a présenté ainsi Pierre Denis dans une lettre à Arthur Arnould de mi-janvier 1876 (cf. Le Proscrit, L. Scheler, Paris, 1950, pp. 60-61) : « Un sobre, un simple, qui vit de café noir, de caporal et de pain bis. » Et il l’a excusé d’avoir écrit une lettre à Jérôme Napoléon après la Commune : « Je parierais ma tête qu’il n’a pas une idée, un éclair de vénalité, mais il a cru qu’il fallait s’allier contre Chambord avec n’importe qui, comme en plein feu, dans la fumée, on s’aide de qui l’on trouve, de ce qu’on a sous le pied comme sous la main. » (Ibid.)

Pierre Denis appartenait à l’Internationale. Au moins depuis 1869, puisqu’il signait alors en cette qualité une circulaire de cette association (cf. L’Internationale, 18 avril 1869).
Après la chute de l’Empire, on le trouve délégué des vingt arrondissements et, comme tel, il est un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.

Durant la Commune de Paris, Denis fut major à la XIIIe légion et exerça les fonctions de sous-gouverneur du fort de Bicêtre. Dans le Cri du Peuple (cf. n° 58, 28 avril 1871), Pierre Denis écrivit sur les manifestations maçonniques en faveur de la Commune de Paris — Voir E. Thirifocq.
Par contumace, le 6e conseil de guerre le condamna, le 31 octobre 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il fut gracié le 27 novembre 1879. Il s’exila en Grande-Bretagne.
Les conceptions de Pierre Denis furent décentralisatrices et fédéralistes à la façon de Proudhon et de maints Internationaux. Elles s’expriment dans la « Déclaration au peuple français » de la Commune de Paris, datée 19 avril 1871, dont on dit qu’il l’a rédigée en grande partie, parue au J.O. de la Commune le 20 (affiche n° 170) et qui est le programme que la Commune adopta à l’unanimité moins une voix, et presque sans discussion, à la séance du 18 avril (19 dans le manuscrit — Cf. Procès-Verbaux, t. I, pp. 282-284. Vallès affirma, dans la séance du 18 avril, que le programme « a été conçu, dans son ensemble et dans sa rédaction, par le citoyen Delescluze » (cf. Procès-Verbaux, t. I, p. 274). Quoi qu’il en soit, il est d’inspiration très proudhonienne et ce sont des considérations semblables que Pierre Denis développait dans le Cri du Peuple du 25 mars :
« Le programme de la Révolution urbaine, communale, lutécienne, a été produit : Paris, ville libre ; non pas séparée de la France, mais non pas soumise aux hommes d’État qu’il plaît à la province d’acclamer, d’élire ou de subir, Paris se gouvernant librement à l’aide de son Conseil communal et de l’organisation civique et corporative [...] Paris, demeurant la capitale industrielle, commerciale, économique, intellectuelle de la France en cessant d’être sa capitale politique, devenant l’entrepôt du pays [...] jouissant de son entière autonomie, de la liberté la plus complète, dressant sur son Hôtel de Ville son gonfalon parisien à côté du pavillon français. »
Quelque dix ans après le retour d’exil, Pierre Denis devint, selon Vuillaume, « le conseiller du général Boulanger ». (Cf. Mes Cahiers rouges, op. cit., p. 195, n. 1.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article57258, notice DENIS Pierre, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — P.V. Commune, op. cit. — Notes de R. Skoutelsky. — Le Rappel, 25 mars 1907. — Notes de J. Chuzeville. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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