DESCAMPS Baptiste

Né le 29 avril 1836 à Figeac (Lot) ; mort le 20 avril 1898 à Paris (Ve arr.) ; mouleur en fonte et bronze ; élu membre de la Commune de Paris. Frère de Jean, dit Joseph.

Fils d’un cultivateur, Baptiste Descamps dut rapidement abandonner son métier d’ouvrier mouleur en fonte et en bronze pour raisons de santé. Après avoir servi dans l’armée et participé à plusieurs campagnes dont celle d’Italie où il fut décoré, il se maria en 1862 et vint à Paris où il entra à l’Assistance publique comme garçon de clinique. Puis au cours des trois années précédant la Commune, il fut employé dans un commerce de vins et habitait 15, avenue de Châtillon ou 17, rue du Terrier-aux-Lapins dans le XIVe arr.

Pendant le Siège de Paris, il fit partie de la Garde nationale comme sergent-fourrier dans la 3e compagnie du 103e bataillon et appartint au conseil de famille. Assidu au club de la Maison-Dieu, il y prit souvent la parole en novembre et décembre 1870 et fut aussi un des orateurs du club Saint-Pierre-de-Montrouge. Le 11 mars 1871, il se présenta à l’élection de chef de légion mais il se désista en faveur de Lucien Henry.

Il ne participa pas à la journée du 18 mars. Venu à la mairie du XIVe arr. pour solliciter un poste de gardien de la paix, il se vit offrir d’être candidat à la Commune et fut élu le 26 mars 1871, avec 5 835 voix sur 6 570 votants. Dépassé par ses nouvelles fonctions, il se contenta d’un rôle effacé et ne fit partie d’aucune commission. N’ayant que très peu siégé, il ne prit quasiment jamais la parole en dehors de deux ou trois interventions insignifiantes. « Je n’ai pas assez d’instruction pour être gouvernement. J’ai cru que je ne ferais que des fonctions d’adjoint, et quand j’ai vu qu’il y avait autre chose à faire, je me suis abstenu d’aller aux séances. C’était trop fort pour moi. Je n’y suis venu que cinq ou six fois. » Il ne prit même pas part au vote sur le Comité de salut public. Il se consacra exclusivement à son arrondissement, où il surveilla les « marchands de consommation, sauf des boissons ». Selon un rapport de police, il aurait eu une altercation avec des religieuses de l’Asile de la place de la Mairie, ce qu’il démentit en invoquant une confusion avec Jules Martelet. Le 6 mai, il déclara à l’abbé Carton et à son premier vicaire venus réclamer à la mairie les clefs de l’église Saint-Pierre de Montrouge : « Citoyens, vous ne savez donc pas que l’église ne vous appartient pas, elle est à la Commune, et si vous voulez y faire vos farces, il faut la louer, nous allons vous l’affermer au mètre cube. »

Il est dépeint ainsi par L. Ducrocq dans Les Hommes de la Commune, publication dirigée par Alfred Lepetit :
« Descamps est d’une taille au-dessus de la moyenne. Il est maigre, et sa tête, encadrée de longs cheveux grisonnants, balance et semble ne pas tenir sur ses épaules. Le regard ne dit rien, pas plus que la bouche, pas plus que la voix.
« Il a fait quelque bien dans l’arrondissement qu’il a géré. »

Accusé d’usurpation de fonction, il comparut devant le 3e conseil de guerre, qui décida à l’unanimité le 2 septembre 1871 de lui rendre sa liberté, considérant qu’il avait fait « quelque bien dans l’arrondissement qu’il a géré ». Il fut le seul membre non-démissionnaire de la Commune de Paris acquitté par les juges militaires. Il obtint également un non-lieu du tribunal correctionnel le 22 décembre 1871.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article57357, notice DESCAMPS Baptiste, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 17 août 2021.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 3e conseil, GR 8 J 6 dossier 29 et Ly 43. — Arch. Paris, D2R4 92. ― Arch. PPo., E a/102 (12). — Notes de M. Cordillot et P.-H. Zaidman. ― Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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