DUPLEIX Jean-Baptiste

Par notice complétée par Gauthier Langlois

Né le 28 février 1818 à Dijon (Côte-d’Or) ; papetier et typographe à Beaune (Côte-d’Or) puis papetier et relieur à Genève ; socialiste ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 exilé en Suisse où il devint le dirigeant de la section locale de l’Association Internationale des travailleurs.

Son acte naissance précise qu’il est né au domicile de ses parents de Jean Duplex âgé de 53 ans, militaire pensionné demeurant à Dijon rue des Tannerie faubourg d’Ouche n° 8 et de Marie Lavoine son épouse âgée de 40 ans, mariés à Dijon le 15 brumaire an X (6 novembre 1801). À son mariage son père, fils d’un marin, était sergent-major de la 1ère compagnie du 1er bataillon de la 23e demi-brigade de ligne en garnison à Dijon. Sa mère était la fille d’un voiturier. Malgré les affirmations des journaux, il ne semble pas que Jean-Baptiste soit un descendant de Joseph François Dupleix, gouverneur des Indes françaises au XVIIIe siècle.

Sur certaines sources il est prénommé à tort François. Son nom est orthographié, selon les sources, Duplex ou Dupleix.

Il s’installa comme papetier puis typographe à Beaune en 1843. Il y épousa, le 25 novembre 1844, Rose Germain, fille d’un tonnelier.

Jean-Baptiste quitta la France suite au coup d’État du 2 décembre 1851. En effet, la Commission mixte Côte-d’Or l’avait condamné à l’expulsion sur les motifs suivants :

« En fuite. Socialiste exalté. Lieutenant du nommé Jullien dans le rassemblement armé qui a eu lieu à Beaune, le 4 décembre, que celui-ci commandait et dont la tentative a échoué en apprenant les nouvelles de Paris. » (Procès-verbal des décisions de la Commission mixte du département de la Côte-d’Or, A.N., BB/30/400)
Une notice judiciaire précisait : « Moralité bonne, sa conduite était régulière, il fréquentait peu les cabarets, travaillait régulièrement. Ses affaires passent pour être en bon état. Quoique fort exalté, ne s’est jamais compromis. Affilié à des sociétés secrètes, président de la société de secours mutuels. Je le crois trop avancé, trop compromis envers ses amis politiques pour que l’on puisse espérer un retour au bien, qu’il abjure ses anciennes idées politiques. Très intelligent, actif, exerçant une grande influence sur les ouvriers, Dupleix a singulièrement contribué à les pervertir. Jusqu’en 1848, il ne s’était pas mêlé, du moins ostensiblement, de politique, mais la révolution lui avait tourné la tête. À partir de ce moment il s’est donné dans la démagogie la plus échevelée, il en est devenu l’un des chefs les plus influents. Je crois qu’il manque d’audace. Il était le 4 à la réunion du café Masson et dans la délibération sa voix était écoutée comme celle d’un chef. ».

Il se réfugia en Suisse, à Genève, où il habitait 4, rue de la Pélisserie, et exerçait les métiers de papetier et de relieur.

Il était en relation avec d’autres proscrits dont l’ancien représentant Pierre Malardier et le médecin Aimé Gérauld de Nolhac. En 1862 il signa l’acte de décès de ce dernier à Plainpalais.

Il organisa la section de l’Association Internationale des travailleurs de Genève dont il fut le dirigeant et, le 25 avril 1865, sur proposition d’Hermann Jung soutenu par Marx, fut désigné à l’unanimité des membres du Conseil général comme membre correspondant de l’Internationale en Suisse. Il fut délégué à la Conférence de Londres en septembre 1865, et aux deux premiers congrès de l’Internationale.

Toujours à Genève, les 3-8 septembre 1866, il fut parmi les vingt délégués de la Suisse. Avec le Polonais J. Card, pseudonyme de Czwierzakiewicz, il représentait la section française de Genève. Il fut un des deux vice-présidents du Congrès qu’il ouvrit par un discours reproduit dans le compte rendu de J. Card — voir La Première Internationale (J. Freymond), op. cit. Au cours du congrès, il développa la question « des institutions de secours mutuels à introduire dans l’Association Internationale », et il fit partie de la commission chargée de l’élaboration des statuts de l’Internationale.

Au congrès de Lausanne, 2-8 septembre 1867, il figura à nouveau parmi les délégués de la Suisse. Il s’y prononça pour la grève, « seul moyen de résistance jusqu’à ce jour », mais précisa que « c’est un moyen qu’il ne faut employer qu’en le condamnant ».

Il faisait partie du comité de Genève préparatoire du congrès de la Paix qui allait s’ouvrir le 9 septembre.

En janvier 1897, à l’occasion du bicentenaire de Joseph François Dupleix, conquérant des Indes, les journaux affirmaient que son dernier descendant en ligne directe était Jean-Baptiste Dupleix, un vieillard de quatre-vingt ans, ex-proscrit du 2 décembre, demeurant à Genève. Par modestie et peut-être aussi par crainte d’affronter un long voyage, il ne s’était pas fait connaître pour assister à la cérémonie du bicentenaire mais l’on disait aussi qu’on avait négligé de l’inviter.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article58316, notice DUPLEIX Jean-Baptiste par notice complétée par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 27 décembre 2020.

Par notice complétée par Gauthier Langlois

SOURCES : Archives de la Côte-d’Or, Acte de mariage des parents, Acte de naissance, Acte de mariage. — Le Rappel, 18 janvier 1897. — J. Guillaume, L’Internationale, t. I, p. 4, n. 2 ; t. IV, pp. 327 et 335, n. 3 et passim. — Iouri Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. Paris, 1906. — La Première Internationale (J. Freymond), op. cit. — Minutes..., op. cit. — Études et documents sur la Première Internationale en Suisse, publiés sous la direction de J. Freymond, Genève, 1964. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Dupleix - Jean Baptiste », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.

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