DUPONT Jean-Baptiste, Rodolphe

Né le 17 mars 1835 à Saint-Inglevert (Pas-de-Calais) ; ouvrier mouleur en fer à Lille ; gréviste en 1866 ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Il servit deux ans dans les équipages de la flotte et cinq ans dans l’infanterie légère d’Afrique ; étant au service, il fut condamné, le 7 mars 1857, à un mois de prison pour insubordination ; le 31 décembre 1857, à six mois pour coups et blessures.

Libéré de l’armée, ouvrier mouleur en fer à Lille (Nord), Jean-Baptiste Dupont joua un rôle de premier plan dans une grève des ouvriers fondeurs et ajusteurs qui éclata en mars 1866 à Lille pour obtenir la journée de dix heures. Selon certaines dépositions reçues par la police, Dupont se serait hautement vanté d’être l’instigateur de la grève. « Depuis que j’instruis mes camarades, aurait-il déclaré, ils ne sont plus égoïstes, c’est l’œuvre de Proudhon que nous voulons pratiquer [...] Nous sommes 40.000 ouvriers à Lille. À cinquante centimes, cela fait 20.000 francs par semaine. Nous établirons six à huit épiceries dans les coins de la ville, puis une boulangerie au centre [...] Nous pourrions fonder une fonderie et aussi une filature. » Interrogé par la police sur ces propos, Jean-Baptiste Dupont répondit qu’il n’avait eu en vue que l’obtention de possibilités d’instruction pour les ouvriers et leurs enfants. Il fut condamné le 19 mars, à quinze jours de prison pour excitation à la haine et menaces portant atteinte à la liberté du travail. La grève cessa au milieu d’avril et cette fin, si l’on en croit la police, fut due surtout à l’influence de Dupont. Toujours selon les affirmations de la police, le « meneur » aurait, à la suite de la décision prise de cesser la grève, perdu la confiance de beaucoup d’ouvriers. Il aurait été chassé de l’« estaminet » où il parlait.
Le 19 avril 1866, le maire de Roubaix fut averti que Jean-Baptiste Dupont avait quitté Lille pour Roubaix.

En 1870, Dupont habitait Paris avec sa femme et ses trois enfants. Pendant le 1er Siège, il servit à la 3e compagnie du 45e bataillon de la Garde nationale ; afin de se soustraire au service des compagnies de marche, il entra comme ouvrier fondeur de canons chez Cailar d’abord, puis chez Barbedienne. Il fut signalé comme ayant pris part, dans la nuit du 17 au 18 mars 1871, à une manifestation faite à l’Hôtel de Ville par une partie des gardes de son bataillon ; le 19, il insulta le commandant du 45e parce qu’il refusait de se déclarer pour la Commune ; il injuria pour le même motif le capitaine Guimond ; Jean-Baptiste Dupont nia ces faits. Le 24 mars, il fut élu caporal et ne serait rentré définitivement chez lui que le 12 mai.
Le 10e conseil de guerre le condamna, le 1er février 1872, à la déportation simple et à la dégradation civique ; il arriva à Nouméa le 9 février 1873. Sa peine fut commuée, le 19 décembre 1876, en huit ans de détention, avec remise de deux ans le 4 janvier 1878. Il était rentré en France, en 1877, par le Tage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article58347, notice DUPONT Jean-Baptiste, Rodolphe, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 9 mai 2019.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/753 et BB 27. — Arch. Dép. Nord, M 627/10. — Note de Louis Bretonnière.

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