LEGRANDAIS Anatole, Marie

Né le 5 février 1838 à Brest (Finistère), mort le 15 avril 1906 à Paris ; cheminot puis publiciste ; communard ; conseiller municipal de Paris de 1898 à 1900 et de 1904 à 1906.

Le père d’Anatole Legrandais appartint à la haute bourgeoisie de Brest. Mousse à quatorze ans, il était capitaine de vaisseau à quarante. Commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis, il fut élu maire de Brest.
Élevé dans ce milieu clérical et légitimiste, Anatole fit une partie de ses études à Brest et les termina au lycée Louis-le-Grand où il se trouva avec Gustave Flourens. Il obtint des diplômes de commerce et de droit, puis bifurqua vers la littérature et le journalisme et écrivit dans La France de Girardin. En 1865, il entra à la compagnie des chemins de fer de Lyon : il fut employé principal, chef de bureau du conseil, puis chef de secteur du service des titres.
Il participa à la journée du 4 septembre 1870 et fut lieutenant au 154e bataillon pendant le Siège. Le 31 octobre, avec nombre d’hommes de son bataillon, il envahit l’Hôtel de Ville et tenta de renverser « le gouvernement de trahison nationale ».

Le 18 mars 1871, il prit parti pour la Commune de Paris. Capitaine, puis commandant de son bataillon, il participa à la marche sur Versailles dans le corps d’armée commandé par Eudes.
Après la défaite, il réussit à se réfugier en Suisse. Il résida à Lausanne et travailla un temps avec Paul Pia, et exerça les fonctions de secrétaire général de la Compagnie des chemins de fer de la Suisse occidentale. Il figure sur une liste des proscrits de la Commune établis dans le canton de Vaud en 1879.

De retour à Paris après l’amnistie, il fut inspecteur d’assurances sur la vie puis chef du personnel de la compagnie de Panama (1887-1892). Il milita à son retour en France parmi les radicaux-socialistes.
Legrandais, socialiste indépendant de la Seine, n’adhéra pas, en 1905, à l’unité à laquelle il ne survécut guère.
Au 1er congrès général des organisations socialistes à Paris, salle Japy (décembre 1899), il représenta la 2e circonscription du XVIIIe arr. de Paris, sous l’égide de la fédération des socialistes indépendants à laquelle il appartenait. Il fut encore délégué à la salle Wagram (1900).
Il fut candidat autonomiste dans le quartier des Quinze-Vingt (Paris, XIIe arr.) en 1884 où il obtint 25,44 % des voix des électeurs inscrits. Élu comme socialiste indépendant, en remplacement de Fournière*, en 1898 (avec 16,71 % puis 27,64 %), il fut battu en 1900 (avec 33,22 puis 34,02 %) et retrouva son siège en 1904 (avec 22,02 % puis 42,90 %) dans le quartier Clignancourt (Paris, XVIIIe arr.), (entre temps, il avait été receveur buraliste à Pantin), il s’intéressa surtout aux commissions de la voirie et des beaux-arts. Il le fut encore aux élections législatives de 1902 dans la 2e circonscription du XVIIIe arr. : candidat de l’USR, il n’obtint que 1 699 voix contre 8 552 à Rouanet qui sera élu au ballottage et 245 à un autre candidat de l’USR. Comme socialiste indépendant, Legrandais reprit, en mai 1904, le siège de conseiller municipal dans le quartier de Clignancourt : il obtint 5 555 voix sur 25 226 inscrits devant deux candidats du PSF et fut élu au second tour (entre-temps, il avait été receveur buraliste à Pantin).
En 1906, il posa sa candidature aux élections législatives contrairement à la promesse faite au cours de sa campagne de 1904 de ne briguer aucun mandat législatif. Le 14 avril au soir, dans le préau de l’école, 7, rue Championnet, il venait de répondre à un auditeur qui lui reprochait de n’avoir pas tenu son serment quand il fut pris d’un malaise. Reconduit chez lui, il y mourut d’une crise cardiaque un peu après minuit.
À ses obsèques, des discours furent prononcés par les présidents du Conseil municipal et du Conseil général qui soulignèrent sa fidélité à ses convictions républicaines et anticléricales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article5837, notice LEGRANDAIS Anatole, Marie, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 5 avril 2023.

ŒUVRE : Physiologie des employés de ministère (ouvrage humoristique). — Pour faire une fin (comédie en un acte).

SOURCES : Lettre du conseil d’État vaudois au conseil fédéral, Lausanne, 19 avril 1879 (Arch. fédérales, Berne, Flüchtlinge, carton 53, cote actuelle). — Lissagaray, Histoire de la Commune, op. cit. — L. Descaves, Philémon..., op. cit., p. 254. — Compte rendu du congrès de Japy. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, op. cit., p. 145-179, passim. — « Nos Édiles », Annuaire municipal de 1904-1908, article d’E. Gay, p. 313. — Bulletin municipal, n° 114, 27 avril 1906. — L’Humanité, 20 avril 1906. — Notes biographiques..., op. cit., Bibl. Nat. 4° Ln 25/667 (1-2). — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

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