DURAND Gustave, Paul, Émile

Né le 2 mai 1835 à Paris ; mort le 18 février 1882 à Paris (IVe arr.) ; ouvrier bijoutier ; membre de l’Internationale ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Gustave Durand assista aux troisième et quatrième congrès de l’Internationale à Bruxelles, en septembre 1868, au titre de délégué de l’Association des bijoutiers de Paris ; à Bâle, en septembre 1869, au titre de délégué de la Société de prévoyance et de solidarité de la bijouterie parisienne, rue Ramponneau, 15, à Belleville-lez-Paris, XXe arr. À ce dernier congrès, il fut parmi les six Français — avec Landrin, Langlois, Mollin, Murat, Roussel — qui s’abstinrent dans le vote sur le droit de la société « d’abolir la propriété individuelle du sol et de faire entrer le sol à la communauté. » Il s’abstint également lorsque le congrès se prononça sur la proposition de la commission de l’héritage dont la conclusion était ainsi formulée : « Le congrès reconnaît que le droit d’héritage doit être complètement et radicalement aboli et que cette abolition est une des conditions indispensables de l’affranchissement du travail ». À ce même congrès, il intervint pour défendre l’organisation des sociétés de résistance et ce qu’il considérait comme leurs annexes, les sociétés coopératives. Son adhésion individuelle à l’Internationale date d’octobre 1869 après son retour du congrès de Bâle (cf. Arch. PPo., B a/434, a/439, pièce 5344).
Fin avril 1870, la police de l’Empire, qui préparait le plébiscite du 8 mai, arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale sous la double inculpation de complot et de société secrète. Robin, qui rédigea la protestation, et ses camarades du Conseil fédéral parisien s’élevèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la « conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités » (La Marseillaise, 2 mai 1870). Voir Berthomieu.
Inculpé dans le troisième procès de l’Internationale, il fut, le 8 juillet 1870, renvoyé de la prévention d’avoir appartenu à une société secrète, mais convaincu d’avoir, à Paris, fait partie de l’AIT non autorisée, et condamné à deux mois de prison, 25 f d’amende et quatre mois de contrainte par corps s’il y avait lieu. Voir Varlin. Il n’en signa pas moins, ce même mois, le manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous pays (cf. Dict., t. IV, p. 45).
Ancien sergent de zouaves, il commanda pendant le 1er Siège le 63e bataillon de la Garde nationale. Il fut révoqué de son grade fin janvier 1871.

Sous la Commune de Paris, il fut nommé « caissier principal des caisses centrales du Trésor public » (cf. J.O. Commune, 4 mai 1871). Le 22 mai, il quitta le Ministère sur ordre de Jourde et accompagna un convoi à l’Hôtel de Ville. Le lendemain, il se réfugia chez une personne amie. Quelques jours plus tard, il se rendit chez un oncle à La Ferté-Milon (Aisne). Il y demeura environ huit mois, puis il revint à Paris où il exerça sa profession. Il fut alors arrêté.
Le 19e conseil de guerre le condamna, le 29 mars 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Des témoignages particulièrement favorables sur sa conduite au ministère des Finances figurent au dossier (cf. rapport de la commission des grâces du 22 août 1873). La peine fut commuée, le 8 novembre suivant, en déportation simple. Il arriva à Nouméa le 9 août 1874. Sa peine fut commuée, le 11 novembre 1878, en sept ans de détention. Remise du reste de la peine fut accordée le 11 mars 1879. Il rentra par le Var.
Il était marié, père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article58445, notice DURAND Gustave, Paul, Émile, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., BB 24/792, n° 4070. — La Première Internationale (J. Freymond), op. cit. — Minutes..., op. cit., vol IV. Sont confondus dans ces ouvrages, sous une même rubrique de l’Index des noms cités, deux Gustave Durand dont le second fut considéré par tous à l’époque comme « agent de police ». Voir ci-dessus. Le Conseil général de l’Internationale avait d’ailleurs lui-même opéré la confusion : cf. la résolution votée le 7 octobre 1871, insérée dans Qui Vive ! du 17 et reproduite dans Archives Bakounine..., op. cit., vol II, n. 237, p. 434. — Note de Louis Bretonnière. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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