FÉLIX Ferdinand

Né le 26 décembre 1823 à Jaulgonne (Aisne) ; demeurant à Paris, 46, rue de Constantine (aujourd’hui rue Vercingétorix, XIVe arr.) ; menuisier ; membre de l’Internationale ; communard, mort en détention.

Fils d’un charpentier, il servit dans l’armée au 3e léger où il obtint le grade de caporal le 2 mars 1848. Il travailla ensuite comme menuisier en bâtiment. Selon les autorités, Ferdinand Félix était « connu depuis longtemps comme un des meneurs les plus dangereux et les plus actifs de la classe ouvrière. Il a provoqué un grand nombre de grèves et organisé dans ce but de nombreuses sociétés de crédit, de résistance, de production et autres. » Il fut un des premiers adhérents de l’Internationale puisqu’il figure au nombre des membres de l’association signataires d’une lettre rédigée par Fribourg et Ch. Limousin, dans le courant de 1865 et adressée aux membres de l’AIT en vue de préparer le premier congrès de la nouvelle organisation. Cette lettre est donnée dans la brochure Congrès ouvrier, Association Internationale des Travailleurs, brochure reproduite pp. 16-24 du t. I de La Première Internationale (J. Freymond), op. cit. En 1867, il fut élu délégué des menuisiers en bâtiment parisiens à l’Exposition universelle. Il fut à ce titre membre de la Commission ouvrière fondée à cette occasion (Voir Deneux A.). Il habitait alors 22, rue Saint-Médard.
Il fut l’un des signataires du projet de formation de chambres du travail, adopté en avril 1869 au cours des réunions du passage Molière de la Commission ouvrière. À cette date, il était domicilié 51, rue de Constantine (XIVe arr.). Il fut membre du comité démocratique de la 7e circonscription pour les élections législatives de 1869.
Il prétendit par la suite « avoir cessé de payer sa cotisation à partir de 1868 ». On peut toutefois en douter puisque c’est comme membre de l’Internationale qu’il signa le manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous pays, en juillet 1870 (cf. Dict., t. IV, p. 44).
En tant que délégué des vingt arrondissements Félix fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel. Il fut également un des orateurs les plus assidus du club de la Maison-Dieu et appartint à une des sections de la Marmite (cf. Dict., t. IV, p. 57).

Le 11 mars, il présida en tant que capitaine en second de la 10e compagnie du 103e bataillon de la Garde nationale une assemblée générale des délégués du XIVe arrondissement. Contrairement à ce qu’il affirma devant ses juges, il semble avoir été très actif les 18 et 19 mars au moment de l’insurrection. Membre du Comité de Vigilance de son arrondissement, il y occupait également la fonction d’officier d’état-major responsable du service des poudrières et munitions dans la 14e légion, il fut arrêté le 10 avril car on lui reprochait de ne pas avoir de commission régulière signée de Cluseret et pour négligence dans la tenue des poudrières. Le commandant par intérim du 103e bataillon écrivit que le 9, Félix a été arrêté au bastion 81 car il ne connaissait pas « le mot de ralliement », il ne portait pas d’arme, n’avait pas de « calot de capitaine » qu’il se prétendait « des poudrières » et ne faisait plus partie du bataillon. Il fut écroué à la caserne du poste d’artillerie puis libéré après une brève incarcération, il passa alors comme capitaine au 136e bataillon fédéré. Blessé, le 23 mai, à la barricade de l’ancienne barrière d’Enfer, il fut transporté dans un hôpital où il fut fait prisonnier.

Il fut condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée par le 19e conseil de guerre le 18 avril 1872. Sa famille avait formulé une demande de grâce qui fut rejetée le 26 juillet 1873 mais il ne fut pas déporté car son état ne le permettait pas. Ferdinand Félix mourut en détention à Rouen le 27 octobre 1875.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article58983, notice FÉLIX Ferdinand, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 17 août 2021.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, GR 8 J 417 (346) et Ly 43. ― Arch. Nat., BB 24/789, n° 2.194 (rapport à la Commission des grâces, 11 juillet 1873). — Arch. Paris, D2R4 92. ― Eugène Tartaret, Commission ouvrière de 1867. Recueil des procès-verbaux des assemblées générales des délégués et des membres des bureaux électoraux, Paris, Imp. Augros, 1868, X-320 p. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021. — Notes de R. Skoutelsky, Louis Bretonnière, M. Cordillot et P.-H. Zaidman.

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