FOURNAISE Joseph

Né à Paris le 1er janvier 1828 ; ouvrier opticien ; franc-maçon — Voir E. Thirifocq ; membre de l’Internationale sous le numéro 72.

Après avoir été délégué à l’exposition de Londres en 1862, Joseph Fournaise fut un des premiers membres de l’Internationale : « Moi, un des fondateurs de l’Internationale, ce dont je me fais gloire », déclara-t-il au troisième procès (cf. compte rendu, p. 210). Il figura parmi les membres de l’Internationale, signataires d’une lettre rédigée par Fribourg et Ch. Limousin dans le courant de 1865 et adressée aux membres de l’AIT en vue de préparer le premier congrès de l’association. Cette lettre est donnée dans la brochure Congrès ouvrier. Association Internationale des Travailleurs, reproduite pp. 16-24 du t. I de La Première Internationale (J. Freymond), op. cit.

Rédacteur de la Tribune ouvrière, 4 juin-9 juillet 1865, publiée par le bureau parisien de l’Internationale, Fournaise appartenait à la sous-commission adjointe au premier bureau de Paris installé le 8 janvier 1865, rue des Gravilliers, n° 44, dont les secrétaires-correspondants étaient Tolain, Fribourg et Ch. Limousin. Après le premier congrès de l’Internationale tenu à Genève en septembre 1866, le bureau de Paris se donna un règlement qui institua une commission administrative de quinze membres. Elle fut élue en octobre et Fournaise en fit partie. Cette commission fut renouvelée et Fournaise réélu après le deuxième congrès tenu à Lausanne en septembre 1867. Les membres de la Commission démissionnèrent le 19 février 1868 après que des poursuites eurent été engagées. Fournaise, ainsi que ses camarades, fut condamné, le 20 mars 1868, par arrêt de la cour impériale de Paris, à 100 F d’amende pour délit d’association non autorisée de plus de vingt personnes, la durée de la contrainte par corps étant fixée à trente jours. La condamnation fut confirmée en appel le 29 avril, en cassation le 12 novembre.

Fin avril 1870, la police de l’Empire, qui préparait le plébiscite du 8 mai, arrêta les principaux dirigeants de l’Internationale sous la double inculpation de complot et de société secrète. Robin, qui rédigea la protestation, et ses camarades du Conseil fédéral parisien s’élevèrent publiquement contre cette accusation et revendiquèrent pour l’Internationale le droit d’être la « conspiration permanente de tous les opprimés et de tous les exploités » (La Marseillaise, 2 mai 1870). — Voir Berthomieu. Fournaise signa la protestation comme il signa en juillet le manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous pays (cf. Dict., t. IV, p. 45).
Impliqué dans le troisième procès de l’Internationale, il fut renvoyé de la prévention d’avoir appartenu à une société secrète, mais convaincu d’avoir, à Paris, fait partie de l’AIT non autorisée, et condamné, le 8 juillet 1870, à deux mois de prison, 25 F d’amende et, le cas échéant, quatre mois de contrainte par corps.
Écroué à la Maison correctionnelle de Beauvais (Oise), le 28 août 1870, Fournaise fut libéré le 5 septembre.

En septembre 1870, un Fournaise — le même ? — était membre dirigeant de la Chambre syndicale des ouvriers tourneurs sur métaux adhérente à l’Internationale (cf. Dict., t. IV, p. 76).
Joseph Fournaise servit au 153e bataillon de la Garde nationale jusqu’en février 1871, mais, démobilisé, ne porta pas les armes et ne participa pas à la Commune. Il avait approuvé l’émeute du 31 octobre 1870, mais refusa de juger la révolution du 18 mars 1871. Il fut néanmoins arrêté après la défaite de la Commune et traduit devant le 11e conseil de guerre, sans doute comme membre de l’Internationale. Il protesta que ses opinions étaient mutuellistes, qu’il s’intéressait à l’économie sociale et fort peu à la politique. Il croyait à l’efficacité des conférences plutôt que des réunions publiques, et souhaitait que la propriété survive, mieux répartie.
Marié en 1850, il abandonna sa femme après un an de mariage et vécut avec une concubine. Il était père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article59416, notice FOURNAISE Joseph, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 19 juin 2019.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Min. Guerre, 11e conseil. — Arch. PPo., B a/441, — Troisième procès de l’AIT à Paris, 1870.

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