FRANÇOIS Jean-Baptiste, Isidore

Né le 4 août 1837 à Villers-l’Hôpital (Pas-de-Calais) ; fusillé le 24 juillet 1872 à Satory ; layetier-emballeur (il avait une boutique, 17, rue de Charonne, XIe arr.) ; il dirigea la prison de la Grande-Roquette, sous la Commune de Paris.

« Ouvrier jeté dans la tourmente, sans autre passé politique », juge Da Costa ; il s’était signalé avant 1870 par trois condamnations : en 1857, pour coups ; en 1869, pour faillite ; le 11 mai 1870, pour offenses envers le chef de l’État.
Garde réformé du 219e bataillon, il fut recommandé à Rigault par le frère de Ranvier, directeur de la prison de Sainte-Pélagie et son voisin. Le 23 mars 1871, il fut nommé par Rigault à la direction de la Grande-Roquette. Pourquoi a-t-il accepté ? demandent ses juges. Et François de répondre : « Le suffrage de la ville de Paris avait reconnu le gouvernement de la Commune ».
Le mercredi 24 mai au soir, il reçut, porté par Genton et Fortin, un ordre de Ferré de livrer six otages à fusiller ; l’ordre n’indiquant aucun nom, François choisit au hasard ; il dit avoir refusé par deux fois de les désigner, et surtout de livrer l’archevêque ; mais on lui rapporta l’ordre de Ferré annoté en ce sens, et François s’inclina ; de même, le 26 mai, il livra les cinquante prisonniers qui seront fusillés rue Haxo. Il avait vainement cherché à sauver l’un des quatre civils, son ami Greffe, ébéniste, militant... et indicateur de la police d’Empire ; il dit avoir cru à un transfert qui abriterait les détenus du bombardement.
Jean-Baptiste François se cacha, mais il fut arrêté le 23 juin par un gardien qui le reconnut ; il nia son identité, puis l’avoua. Il fut évidemment incapable de rendre compte, comme on le lui demandait, de chaque détenu mort. Sa défense reposa parfois sur des mensonges ou des dérobades : il fut assez peu convaincant, et le 6e conseil de guerre le condamna aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de l’archevêque, mais à mort à l’unanimité pour l’affaire des otages fusillés rue Haxo ; son pourvoi en cassation fut rejeté le 16 mai et il fut exécuté le 24 juillet 1872 ; Da Costa dit de lui qu’il mourut avec courage et « racheta dans cette minute suprême, par une attitude vaillante, les faiblesses bien humaines du François insurgé, prisonnier, accusé et témoin ».
Célibataire ; il avait des enfants naturels de sa concubine Zélie (ou Marie) Grandel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article59537, notice FRANÇOIS Jean-Baptiste, Isidore, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 12 avril 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/742. — Arch. Min. Guerre, dossier Darboy. — Gazette des Tribunaux, 8 janvier 1872 (affaire des otages). — Da Costa, La Commune vécue, op. cit., t. II, p. 87. — M. Vuillaume, Mes Cahiers rouges, op. cit. — Lissagaray, Histoire de la Commune, op. cit.. — Bulletin des arrêts de la cour de cassation rendus en matière criminelle, 1872, p. 191.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit., p. 364.

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