GAIGÉ Étienne, Émile, dit Maître Jacques

Il était marié, père de deux enfants. Il servit quelques années dans les « bateaux omnibus » et en fut renvoyé, selon l’acte d’accusation — les quitta librement d’après l’accusé — pour entrer chez l’ingénieur en chef de la navigation de la Seine. Il avait subi trois condamnations pour vol, coups et blessures, entretien d’une concubine au domicile conjugal.

Pendant le 1er Siège, il fut mécanicien à bord d’un bateau à vapeur de la flottille de la Seine ; après la capitulation de Paris, il dit avoir travaillé quelque temps chez Cail pour se soustraire au service de la Garde nationale. Le 24 mars 1871, il fut nommé maître-mécanicien principal de la flottille de la Seine, chargé par la Commune de Paris de pourvoir les canonnières en matériel et en personnel, de veiller à leur entretien et à leur approvisionnement. Il prétendit avoir été contraint d’accepter ces fonctions, pour lesquelles il était en rapports directs avec Boisseau, directeur du personnel et du matériel, et Boiron, secrétaire général du ministère de la Marine (et non de la Justice).

Le 4e conseil de guerre le condamna, le 8 (ou 30 ?) mars 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique. Du Château d’Oléron (Charente-Inférieure), il fut dirigé sur la Nouvelle-Calédonie ; ses notes de déportation étaient bonnes ; on dit notamment qu’il vivait avec ses deux enfants et les élevait bien. Mais le gouvernement s’opposa à un recours en grâce (18 décembre 1875) parce que Gaigé avait tenté de tromper l’administration ; marié à une dame Merlin, demeurant à Montereau, il avait tenté d’épouser sa concubine, une femme Bourrier, en disant que seul son frère, disparu sous la Commune, était marié. Sa peine fut commuée, le 7 (ou 17 ?) mai 1878, en déportation simple et remise le 15 janvier 1879 ; il rentra par la Picardie.