GARCIN Jean, Joseph, Jacques [ou Jean-Jacques, dit Janan]

Né le 24 juin 1805 à Saint-Vallier (Drôme) ; mort le 5 octobre 1880 à Paris (XVIIIe arr.) ; dessinateur sur étoffes ; capitaine sous la Commune de Paris, compromis le 18 mars 1871 dans l’affaire des généraux.

Engagé volontaire, en 1825, au 50e régiment de ligne, Jean Garcin avait pris part aux journées de 1830 et reçu la croix de Juillet ; il avait été promu sergent-major et libéré en 1833. Il n’avait jamais été condamné avant 1870 ; il dessinait des étoffes destinées à la confection et était affilié à une loge maçonnique — Voir Thirifocq E. Il habitait à Montmartre, rue des Poissonniers, XVIIIe arr., et, durant le Siège, appartint au 169e bataillon de la Garde nationale, celui de Blanqui. Il y était capitaine, mais se vit cassé de son grade ; le rapport au conseil de guerre dit sa « jactance à proclamer qu’il fait des révolutions depuis quarante ans ». Il n’avait cependant pas participé au soulèvement du 31 octobre 1870. À l’armistice, il était simple garde.

Son rôle au 18 mars 1871 fut assez difficile à établir exactement : un témoin — arrêté ce jour-là par les insurgés — reconnut en lui le « vieux capitaine à barbe blanche » qui les gardait rue des Rosiers ; un autre n’osa l’affirmer. Le rapport le présenta comme guidant la foule qui avait fait prisonnier le général Lecomte, le remettant à Mayer Simon au Château-Rouge et, plus tard, ameutant le peuple contre lui ; Garcin dit s’être éveillé en entendant battre la générale et avoir été requis par ses hommes de marcher ; il apprit alors l’arrestation du général Lecomte et le fit emmener au Château-Rouge, puis alla trouver Clemenceau à la mairie ; Clemenceau ne se rappela pas le fait et invoqua la foule qui se pressait alors autour de lui ; plus tard, dans la soirée, Garcin aurait recueilli les cadavres. Il continua à servir au 159e bataillon comme capitaine-major, et rappela en août 1871, dans une lettre à Chanzy, qu’il avait intercédé pour lui auprès de Bergeret et obtenu l’autorisation pour sa sœur de le visiter. En mai, il se battit sur la barricade de la rue Doudeauville, XVIIIe arr., et de la rue des Poissonniers, puis il quitta son domicile pour celui de son fils, tout proche, rue Poulet, XVIIIe arr. ; sa femme tenait la maison, et Garcin ne sortait que le soir. C’était un « vieillard aux cheveux et à la barbe blancs, aux traits énergiques et à l’air calme et digne ».

Le 4e conseil de guerre le condamna par contumace, le 25 novembre 1873, à la peine de mort ; on le croyait en Bourgogne, et il fut reconnu et arrêté seulement le 15 janvier 1878, rue de Cléry, IIe arr., sous le nom de Janan. D’ailleurs, les variantes de ses prénoms, « Jean, Joseph, Jacques », « Jean-Jacques », donnent à penser qu’il pourrait en avoir joué.
Le 3e conseil de guerre ordonna un supplément d’information, puis confirma, le 26 mars 1878, la première sentence : condamnation à mort — non suivie d’exécution.
Il était marié, père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article59874, notice GARCIN Jean, Joseph, Jacques [ou Jean-Jacques, dit Janan], version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, dossier Haxo. — Arch. Nat., BB 27. — Arch. PPo., B a/512. — Bulletin des arrêts de la cour de cassation rendus en matière criminelle, 1878, p. 201 (« Jean-Jacques Garcin »). — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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