LÉVY [cheminot]

Employé du réseau de l’État, Lévy fut un des militants de la première heure de la chambre syndicale des ouvriers et employés de chemins de fer, fondée le 3 août 1890. D’un tempérament fier et ardent, il apporta tout le poids de son expérience et de son autorité à la reconstitution de la chambre syndicale, fortement éprouvée par l’échec de la grève des cheminots de juillet 1891.
La réorganisation du réseau de l’État (par décret du 10 décembre 1895), sur des bases plus favorables à la défense des intérêts du personnel, donna à Lévy, secrétaire de la section de La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), l’occasion d’affirmer sa forte personnalité. Nommé secrétaire du premier comité de réseau, qui tint son congrès à Paris, le 23 juin 1896, il fut l’âme des nombreuses délégations qui, par leurs interventions répétées auprès des pouvoirs publics et de l’administration du réseau, virent leurs efforts récompensés : la réglementation des traitements, de l’avancement et des mesures disciplinaires, l’obtention d’un congé annuel avec solde constituèrent l’essentiel d’une série de réformes qui, peu à peu, devaient faire de l’« État » une sorte de réseau-témoin.
Le conseil d’administration du Syndicat national des chemins de fer (nouvelle appellation de la chambre syndicale après 1895), et surtout son secrétaire général, Eugène Guérard, prirent ombrage du caractère permanent de la délégation du réseau de l’État et les rapports entre le conseil et le secrétaire du comité de l’« État » s’altérèrent, au point qu’en 1897 Lévy engagea les groupes de l’« État » à ne plus reverser leurs cotisations au siège...
L’affaire fut portée devant le congrès national de 1898 qui prononça la radiation de Lévy.