Par Marie-Louise Goergen et Jean-Luc Pinol
Né le 12 mars 1898 à Bordeaux (Gironde), mort le 29 juillet 1972 à Royat (Puy-de-Dôme) ; employé puis chef de bureau ; secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer (1935-1944).
Fils d’un ajusteur-mécanicien et d’une couturière, doté d’un certificat d’études primaires, Roger Liaud travailla comme employé de bureau avant d’entrer au chemin de fer. En 1913, il entra comme employé stagiaire au dépôt de Tours (Indre-et-Loire) de la Compagnie du Paris-Orléans. Appelé sous les drapeaux en avril 1917, il resta mobilisé jusqu’en mai 1920. Démobilisé, il fut réembauché au service Matériel à Paris, fut attaché à partir de 1941 à la division du Matériel du Sud-Ouest puis, à partir de 1945, à la division commerciale Exploitation du Sud-Est, où il devait faire partie du service du personnel. Roger Liaud prit sa retraite le 1er avril 1957 avec le grade de chef de bureau de 2e classe.
En mars 1923, il fut élu archiviste de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer de France, fonction qu’il conserva jusqu’à la réalisation de l’unité syndicale en 1934. En décembre 1923, il devint également archiviste de l’Union des syndicats confédérés des cheminots de son réseau puis, en 1925, secrétaire de cette organisation qui, en mars 1926, lors de sa réélection à ce poste, comptait 7 000 membres. En 1930, il devint membre du conseil fédéral de l’Union du Paris-Orléans.
Quand, le 9 décembre 1934, les unitaires et les confédérés du Réseau Paris-Orléans fusionnèrent, Roger Liaud entra au nouveau bureau syndical aux côtés de Marc Dupuy, René Buteau, Lucien Leclercq et Marcel Rousseau. La nouvelle union comptait alors 16 000 adhérents pour 106 syndicats. Élu en décembre 1935 secrétaire fédéral de la Fédération unifiée des cheminots, Roger Liaud conserva cette responsabilité jusqu’en 1940.
Pendant l’Occupation, il siégea, avec Mentor Pasquier, Lucien Cancouët et Georges Quertelet au titre de la CGT, au Comité d’organisation syndicale (COS) composé de la Fédération nationale, de la Fédération des syndicats chrétiens et de la Fédération des cadres, dorénavant le porte-parole de la corporation cheminote vis-à-vis de l’État et de la SNCF. À partir de 1940, il représenta les organisations syndicales dans de nombreuses instances statutaires de la SNCF : au conseil d’administration de la SNCF, où il fut le seul représentant du personnel à partir de décembre 1940, au conseil d’administration de l’Économat à partir de janvier 1942, à la commission centrale des cantines et cultures collectives, à la commission supérieur de l’apprentissage. En dehors de ces instances corporatives, Roger Liaud siégea au Conseil supérieur de l’économie, et fut l’un des dix-huit syndicalistes à faire partie du Comité d’information ouvrière et sociale (CIOS), constitué le 7 juin 1942 après agrément de Pierre Laval, qui se proposait de « faire entendre la voix du monde ouvrier auprès du gouvernement ». Il fut secrétaire général de la Fédération légale à partir de la fin de 1940, en remplacement de Jean Jarrigion. Favorable à la Charte du travail, il représenta la Fédération au sein de la Commission provisoire d’organisation prévue par la loi du 24 février 1943 instituant la Charte des cheminots. Au congrès de la Fédération CGT qui eut lieu les 3 et 4 février 1944 à la Mutualité à Paris, il présenta un programme d’action « pour la cogestion de la SNCF » qui fut adopté à l’unanimité des 395 syndicats représentés. Roger Liaud fut réélu secrétaire général de la Fédération lors du conseil national du 3 mars 1944.
En septembre 1944, la Commission de reconstitution des organisations syndicales prononça son exclusion de toute organisation pendant dix années pour avoir approuvé la participation de Mentor Pasquier au Conseil national de Vichy. Il semble s’être approché de la Fédération FO par la suite, car en mars 1957, Fernand Laurent et Georges Badinot envisagèrent de fêter son départ en retraite (cf. circulaire de la Fédération signée par Fernand Laurent).
Marié en 1923 avec Maximilienne Picard, veuf en 1946, Roger Liaud se remaria en 1948 avec Denise Leenknegt, qui était mère d’une fille née en 1942.
Par Marie-Louise Goergen et Jean-Luc Pinol
SOURCES : Arch. Nat. F7/13669 et 13670. — Arch. PPo. 300 et 308. — Arch. SNCF de Béziers. — Arch. Fédération CGT des cheminots (procès-verbaux du bureau exécutif de la Fédération légale). — Comptes rendus des congrès fédéraux. — La CGT et le mouvement syndical, Paris, 1925. — Compte rendu des travaux de la commission nationale de reconstitution des organisations syndicales, CGT, 1946, p. 10. — DBMOF, tome 34, p. 381. — Georges Ribeill, « Les chantiers de la collaboration sociale des Fédérations légales des cheminots (1939-1944) », Le Mouvement social, n° 158, janvier-mars 1992, p. 87-116. — Notes de Louis Botella, de Georges Ribeill et de Pierre Vincent. — État civil.