GUINOT Jean, Lazare

Né à Aubigny-la-Ronce (Côte-d’Or) le 13 septembre 1826 ; propriétaire, demeurant à la Vesvre, commune d’Épinac (Saône-et-Loire) ; sympathisant de la Commune de Paris ; condamné pour appartenance à l’AIT.

Il était marié, père d’un enfant ; condamné le 6 novembre 1873 — jugement confirmé le 12 décembre — à quatre ans de prison, 500 f d’amende et cinq ans d’interdiction des droits civiques (affaire dite du « Complot d’Autun » : Pierre Baudot (et non Pierre-Louis Boudot), Philibert-Lazare Duverne, Josserrand ; Voir ces noms).

Le 5 avril 1853, Guinot avait été révoqué de ses fonctions d’instituteur pour « inconduite et négligence habituelle dans l’exercice de ses fonctions ». Il travailla alors pendant quelques mois aux houillères d’Épinac en qualité de surveillant, mais, s’étant lancé dans la propagande révolutionnaire, il fut renvoyé « par suite d’insubordination ». Il fit alors un mariage « inespéré » en épousant une fille de cultivateurs, mais « il négligea la culture pour les cabarets » et fut, en 1871, un des propagateurs des théories de la Commune dans l’arr. d’Autun. Il était alors en relations avec Jean-Baptiste Dumay et Supplissy et fut élu conseiller d’arrondissement. En avril 1872, il se rendit à Genève et prit contact avec J.-B. Dumay.

Le 22 octobre 1873, se trouvant à Sully en compagnie de Baudot et de Duverne dans une auberge, ils parlèrent « de se saisir de Mme la marquise de Mac-Mahon, du curé de la paroisse et d’autres notables qu’ils retiendraient comme otages ». Ils furent dénoncés et on nota à leur charge la constitution d’un « Comité central républicain radical » (les statuts et le programme du Comité — républicain radical et non socialiste — figurent dans la Gazette des Tribunaux du 8 novembre 1873), à Autun, dont Duverne était le chef. Guinot fut arrêté le 27. On lui reprocha de s’être rendu plusieurs fois à Genève auprès de Dumay, Supplissy, Jean-Claude Lauprêtre et d’être dépositaire « d’actes et de formules d’association à l’Internationale, section jurassienne ». « Associé lui-même, Guinot avait été choisi pour recruter des adhérents » (rapport de l’avocat général en date du 23 juin 1875). Le jugement opposa au contraire : « Bien que l’on ait trouvé chez lui des écrits concernant l’Internationale, il [Guinot] n’a jamais été affilié à la susdite » ; bien plus, « il considère comme utopie toutes ces associations ». (Le jugement reproduit par la Gazette des Tribunaux du 10-11 novembre 1873 dit par contre : « Attendu qu’il est suffisamment établi à la charge de Guinot [...] que, postérieurement à la loi du 14 mars 1872, il s’est affilié à cette société [l’Internationale] ». Un nouveau jugement prononcé le 17 novembre — le premier ayant été rendu par défaut sur refus des prévenus de se défendre — déclare Guinot « atteint et convaincu du délit d’affiliation à l’Internationale » (Gazette des Tribunaux du 28 novembre 1873). Guinot fut le seul à avoir été condamné pour ce motif.

Sa femme fit prononcer la séparation de biens et c’est la famille Duverne qui acquitta les frais du procès : 2.711 f (saisie du 31 août 1874 par le percepteur d’Autun).
Guinot eut une excellente conduite en prison. Le 25 mars 1874, quelques jours après son arrivée à Landerneau, « par ses bons conseils et son attitude énergique », il contribua au rétablissement de l’ordre que cherchaient à troubler en refusant le travail tous les hommes de son atelier » (rapport du directeur de la maison centrale de Landerneau qui certifiait encore le 23 juillet 1876 : Guinot est « soumis, obéissant et résigné ». On ne lui en sut aucun gré et, le 5 mars 1877, l’avocat général concluait encore au refus d’une demande de grâce. Sans doute ne fut-il libéré qu’à l’expiration de sa peine, le 29 janvier 1878.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article61316, notice GUINOT Jean, Lazare, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 26 août 2019.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/809, n° 6327. — Gazette des Tribunaux, 7, 8, 10-11, 28 novembre, 15, 16, 17, 18 décembre 1873. — Arch. Nat. BB34/809, n° 6327/74. — Notes d’A. Jeannet.

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