LOUBRADOU Paul

Par Jean Maitron

Né le 8 octobre 1883 à Cahors (Lot), mort le 7 mars 1961 à Toulon (Alpes-Maritimes) ; cheminot puis peintre décorateur ; syndicaliste et militant communiste de la Dordogne ; député (élu en 1936), rompt avec le Parti communiste au moment du Pacte germano-soviétique.

Paul Loubradou
Paul Loubradou
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936.

Grand voyageur bien que de santé précaire, Paul Loubradou, fils d’un périgourdin employé des chemins de fer de l’État, fil ses études au séminaire Saint-Vincent-de-Paul, près de Dax et obtint le baccalauréat latin-grec. Il conflit avec le directeur qui avait ouvert son courrier lui fit quitter cette institution. Il fut engagé volontaire en novembre 1903, pour quatre ans mais atteint par le paludisme il quitta l’armée en 1907, année de son mariage avec Antonia Barret, déjà mère de leur première fille, Gisèle. L’acte de mariage le dit "artiste peintre". Le couple vécut à Toulouse puis sur le côte d’Azur où la lumière facilita l’inspiration du peintre. Un garçon naquit à Toulon, Edgar, mais il mourut très jeune.

Le couple décida de partir pour les Amériques. Loubradou travailla à Buenos-Aires en 1911 et eut du succès avec un style "Renaissance italienne", au Chili, en Espagne à San Sébastien où il décora le Casino. Revenu d’Amérique du Sud à la mobilisation de 1914, il fut affecté à la Poudrerie de Bergerac (Dordogne) après avoir été gazé. Syndicaliste et antimilitariste, il y entretint une certaine agitation aux côtés d’Henri Barthe. Membre du Parti socialiste avant 1914 disent ses biographies du Parti communiste, kienthalien selon la mémoire familiale, secrétaire de la section de Bergerac en 1918, il se rallia au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920). Secrétaire du syndicat des Wagons-lits en 1920, il fut alors révoqué pour avoir transmis l’ordre de grève du syndicat en février. Poursuivi, il se réfugia un temps en Espagne. Dans le Bergeracois, il défendit les revendications des paysans travailleurs. Candidat à toutes les élections législatives depuis 1919, il fut élu député de Bergerac en 1936 recueillant 7 092 voix au premier tour puis 13 701 au second sur 28 970 inscrits.

Revenu tuberculeux de la Première Guerre mondiale, Paul Loubradou créa, avec Armand Delsuc*, la Fédération nationale des blessés du poumon et chirurgicaux (FNBPC). Pacifiste convaincu, il prit position contre la guerre du Rif en 1925 puis mena campagne contre la guerre d’Éthiopie en 1935-1936. Nature généreuse, il demeura l’ami de Paul Faure*, autre périgourdin, malgré leurs divergences et conserva de solides sympathies dans le clergé catholique en dépit de campagnes anticléricales d’autant plus vives qu’elles se nourrissaient d’une éducation religieuse donnée par les jésuites de Dax (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques).

Après avoir écrit Les Cahiers de Jean Lascar, méditation de guerre, il anima, acerbe ou ému, Justice hebdomadaire socialiste et syndicaliste, puis communiste de l’arrondissement de Bergerac en 1919-1921, sous des pseudonymes divers (« Bleu de cobalt », « Gladiator », « Frère Zapata »). Il quittait souvent le Périgord et revenait durant les campagnes électorales. Au retour d’un de ses voyages, il fit un don important à une coopérative sympathisante du Parti communiste, « Le Réveil social ».

Paul Loubradou n’accepta pas la signature du Pacte germano-soviétique et rompit avec le PCF le 26 août 1939. En décembre, il adhéra au groupe de l’Union populaire française, prononça un discours en février 1940 à la Chambre et publia une lettre au mois de mai dans Syndicats. En septembre 1941, son nom figurait au bas de la lettre « Aux ouvriers communistes » publiée à l’instigation de Marcel Gitton* qui le revendiqua, à son insu, comme membre du Parti ouvrier et paysan français. Marcel Capron* fit de même pour la deuxième « Lettre ouverte » aux ouvriers communistes éditée au printemps 1942.

Paul Loubradou s’était retiré de la vie politique et passa la guerre à Antibes. Il écrivit en août 1944 : « Si en 1939 le PCF avait affiché sur les murs de France un manifeste inspiré de l’esprit qui a dicté celui que nous lisons aujourd’hui, je n’aurais jamais quitté le parti. Et pour cause ! » (« Carnet 1944 », archives Loubradou, cité par Guillaume Bourgeois).

Il s’était marié le 3 juillet 1917 en Dordogne avec Marie Louise Barret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article6137, notice LOUBRADOU Paul par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 18 avril 2023.

Par Jean Maitron

Paul Loubradou
Paul Loubradou
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936.
Loubradou orateur
Loubradou orateur
Loubradou dans son atelier à la fin de sa vie
Loubradou dans son atelier à la fin de sa vie

ŒUVRE : Le Cahier de Jean Lascar 1914-1918, Éd. Victor Thomas, 1934, 299 p. (souvenir de la période de la Première Guerre mondiale).

SOURCES : Arch. Nat. F7/13645, 13601. — RGASPI, 495.270.677 (dossier pauvre). — Bulletin de la Fédération socialiste de Dordogne SFIO, n° 1, 1er juin 1919, et 23 juin 1919). — Le Prolétaire de la Dordogne, 7 septembre 1919. — La Voix du Peuple au Parlement, op. cit. — Arch. Jean Maitron. — G. Bourgeois, Communistes et anticommunistes pendant la Drôle de guerre, Thèse de IIIe cycle, Paris X, 1983. — Notes de P. Couchot. — État civil. — Guillaume Bourgeois, « Paul Loubradou, communiste rebelle », Arhkeia, 2008.

fiches auteur-e-s
Version imprimable